Portraits d'étudiants francophones en santé issus de l'immigration
Placée sous le thème "Nos familles d’ici et d’ailleurs", la 7ème édition de la Semaine nationale de l’immigration francophone, du 3 au 9 novembre, souligne l’importance de la famille, qu’elle soit filiale ou d’adoption, pour l’intégration et l’épanouissement des immigrants.
Dans le cadre de cette semaine, et en collaboration avec le Réseau Immigration francophone de la Saskatchewan, le Réseau Santé en français de la Saskatchewan (RSFS) a choisi de présenter deux portraits d’étudiants en sciences de la santé issus de l’immigration, afin de discuter des motivations qui les ont amenés à se lancer dans de telles études, l’importance du français dans leur vie d’étudiant et l’influence de leur famille dans leur intégration.
Hermine Choualeu
Photo : Courtoisie
Hermine Choualeu
Celle qui aime s'occuper des autres
Originaire du Cameroun, Hermine est arrivée en Saskatchewan en novembre 2015 avec son époux et leurs deux enfants. Un troisième enfant est né ici et un quatrième est en route.
L'intégration d'Hermine et de sa famille est une belle réussite. Elle a été parrainée par son frère aîné, Guy Gérard Ngako, installé ici avec son épouse Virginie Djadji et leurs cinq enfants. « Il nous a servi de guide. Et les membres de la communauté francophone de Saskatoon nous ont beaucoup soutenus, notamment à la paroisse des Saints-Martyrs-Canadiens. La communauté africaine, dans sa diversité ici, nous a aussi beaucoup aidés. On a été vraiment bien accueillis, on a été chanceux ! »
On pourrait croire qu'avec trois enfants entre 3 et 11 ans et un autre poupon à l'horizon, Hermine a peu de temps pour autre chose. On aurait tort. Elle vient de compléter le programme Préposé aux soins de santé offert par le Collège Mathieu, et terminera en juin le programme d'Éducation à la petite enfance. De plus, elle travaille en ce moment au Pavillon Gustave-Dubois où elle s'occupe plus particulièrement d'un enfant qui a des besoins spécifiques.
Préposée et éducatrice
Pour Hermine, être préposée aux soins de santé coule de source. Sans en avoir porté le titre, elle exerce cette profession depuis longtemps. « J'aime travailler avec les personnes, le côté humanitaire. Dans mon pays, j'ai eu à travailler avec beaucoup de personnes avec des besoins. Dans ma propre famille, j'ai eu à aider un oncle diabétique pendant trois années. J'étais en quelque sorte préposée aux soins de santé sans le savoir ! Dans notre culture, on s'occupe beaucoup de nos aînés. Je me suis dit ‘pourquoi ne pas mettre ce talent au service des aînés d'ici, qui pourraient être mes parents’. Ça a beaucoup joué dans mon choix de programme. »
C'est sa belle-sœur Virginie, inscrite en Éducation à la petite enfance, qui lui parle du Collège Mathieu. Des amis africains, qui sont aussi passés par là, lui disent que c'est un bon collège. Quand on lui demande pourquoi la petite enfance en plus des soins de santé, elle répond : « J'ai choisi aussi la petite enfance parce que c'est ce que je faisais au Cameroun. Et parce que pour moi, il y a un lien entre les deux, entre les enfants et les aînés. » D'ailleurs, Hermine est toute disposée à travailler en tant qu'éducatrice dans un centre de petite enfance, ou en tant que préposée aux soins de santé. Ou les deux !
Comment fait-elle pour concilier tout ça ? Hermine dit que sans son époux, Appolinaire Ngankam, elle n'y arriverait pas. « Heureusement qu'il est là. Je tiens à lui dire merci pour son soutien infaillible. Et je remercie aussi mes enfants pour leur patience. »
Michael Durr
Étudiant en médecine à l’Université
de la Saskatchewan.
Photo : Courtoisie
Michael Durr
Scientifique et solidaire
Michael est né à Timmins, en Ontario, de parents libanais arrivés au Canada il y a 25 ans. L'étudiant en première année de médecine de 22 ans vit en Saskatchewan depuis dix ans.
Quand on lui demande quelle est sa langue maternelle, il explique que « à la maison, c'est un mélange. Mes parents se parlent en arabe, ma mère parle avec sa famille en arménien, je parle en français avec mes grands-parents et parfois avec mon père. Avec mes frères et mes amis, ça se passe en anglais ». Et de conclure : « Je dirais que ma langue maternelle, c'est l'anglais ». Et voilà, la diversité culturelle version familiale !
Il précise que dès son plus jeune âge, en Ontario puis à l'école Monseigneur de Laval à Regina, il a été scolarisé en français. Il a ensuite fait son secondaire dans une institution anglophone et a complété en immersion le baccalauréat international.
Pourquoi médecine ?
Après un bac en physiologie et pharmacologie, Michael a choisi d'aller en médecine. Ce choix n'a rien du hasard ou du coup de tête. Le jeune homme sait exactement pourquoi il a fait ce choix où se rejoignent l'amour des sciences et la solidarité, et il en parle avec éloquence. « Je veux travailler en équipe, travailler avec ma communauté, collaborer avec ma communauté. Je veux faire une différence, travailler avec les gens. Ce sont mes passions. Et j'aime les sciences, spécifiquement la physiologie et la pharmacologie. La médecine permet tout ça. Ce fut un choix facile, le meilleur choix pour moi. »
N’étant qu'au début de son parcours, le futur docteur estime qu’il est encore trop tôt pour savoir vers quelle spécialité il se dirigera. Curieux, plusieurs domaines l'intéressent. Mais pour l'instant, il penche vers la pédiatrie. Il aimerait bien exercer en Saskatchewan, mais la décision ne dépendra pas que de lui. Tout est possible. Il se dit à l'aise n'importe où au Canada et se verrait bien retourner dans sa province natale. Il a déjà un frère anesthésiste qui pratique à Calgary et un autre qui est urgentologue à Ottawa.
Et le français dans tout ça ?
Bien que le programme de médecine de l'Université de la Saskatchewan soit entièrement en anglais, il existe des opportunités de parfaire sa connaissance du français. Michael participe entre autres aux activités mensuelles offertes par FrancoDoc. Cette initiative de l'Université et du RSFS favorise l'élargissement de la communauté francophone dans le domaine de la médecine et des sciences de la santé. Elle offre aux étudiants des occasions de pratiquer leur français, d'échanger avec des médecins qui parlent français.
Lorsqu’il décrit l’horaire effréné de sa vie d'étudiant en médecine, on s’étonne qu'il ait pu trouver le temps de m'accorder un entretien. D’ailleurs, à la question « quel est votre plus gros défi ? », il répond en riant : « Le temps ! »
Propos recueillis par Mychèle Fortin
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