Close

Actualité économique

Jean-Pierre Picard

Robert Latimer : Entre légalité et justice

Vingt-quatre octobre 1993. Robert Latimer installe un tuyau entre le pot d’échappement de sa camionnette et la cabine dans laquelle il dépose Tracy, sa fille de 12 ans. Elle sombre dans un sommeil mortel.

Privée d’oxygène à la naissance, Tracy souffrait de paralysie cérébrale et subissait, depuis quelques années, des opérations pour lui mettre des supports de métal dans le corps ou lui enlever les os de certaines articulations. En douleur constante, elle devait subir d’autres opérations. Robert Latimer pensait depuis longtemps à poser ce geste. Ça n'a pas été facile. Mais il l'a fait, par amour, par compassion. Reconnu coupable de meurtre, il passera neuf ans en prison.

Février 2009. Guy Turcotte, éconduit par sa femme, tue ses deux jeunes enfants de 47 coups de couteau. Reconnu « non criminellement responsable pour cause de troubles mentaux » il passera 3 ans en institution psychiatrique avant d’obtenir sa libération. Celle-ci est contestée devant les tribunaux et un deuxième procès est prévu en septembre 2015.

Il semble que notre système judiciaire soit moins tolérant envers le meurtre par compassion qu'envers le meurtre par vengeance. Comment peut-on se montrer moins sévère envers un homme blessé dans son amour propre qui, au nom d'une « folie passagère », poignarde ses enfants, qu’envers un homme qui veut tout simplement que son enfant cesse de souffrir inutilement?

Dans son jugement, en 1997, la Cour suprême reconnaît que Tracy Latimer était en souffrance constante. Mais la loi c’est la loi. En 2007, monsieur Latimer se voit refuser une première demande de libération conditionnelle, même si le comité qui a étudié son cas reconnaît qu'il ne représente aucun danger pour la société. Sa demande est rejetée parce qu'il continue d’affirmer qu’il a fait ce qu’il croyait être juste.

Notre système de justice semble plus préoccupé de punir que de protéger la société. En incarcérant Robert Latimer, c’est toute sa famille que l’on a punie. Certes, les juges doivent appliquer les lois existantes en attendant qu’elles soient changées, mais la justice pourrait faire preuve de bon sens et d'imagination. Il n'y a pas de loi contre ça. Si elle tenait vraiment à punir monsieur Latimer, il y aurait eu des façons plus constructives de le faire. Par exemple, on aurait pu le condamner à résidence sur sa ferme où il aurait pu continuer à travailler et à soutenir sa famille, à verser une somme substantielle à des organismes venant en aide aux personnes affligées de problèmes semblables à ceux de Tracy.

La ligne est parfois floue entre la loi et la justice. Ce qui est légal n'est pas forcément juste. Dans le cas Latimer, la loi a été appliquée, mais avec un arrière goût d’injustice.

Quant à moi, si un jour je me retrouve aussi souffrant et démuni que Tracy, j’espère qu’il y aura un Robert Latimer sur mon chemin.

Imprimer
26853

Jean-Pierre PicardJean-Pierre Picard

Autres messages par Jean-Pierre Picard
Contacter l'auteur

Comments are only visible to subscribers.

Contacter l'auteur

x
Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan

Le CÉCS sur Facebook

Nouvelles du CÉCS

Banque de candidatures – postes en employabilité et immigration

Le Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan désire consolider une banque de candidatures pour divers postes dans le domaine de l’employabilité et de l’immigration qui seront situés à Regina et/ou Saskatoon. Nous avons donc mis à disposition cette page pour vous permettre d’envoyer votre curriculum vitæ à un des postes ci-dessous, et de faire partie de notre banque de candidats. Les banques sont utilisées par notre équipe de...

Poste à combler: Conseiller/ère en développement économique

Le Conseil Économique et coopératif de la Saskatchewan (CÉCS) est à la recherche d’un/e Conseiller/ère en développement économique (CDE) pour la région de Moose Jaw et les environs. Exigences : Avoir un diplôme en administration des affaires (ou l’équivalent) et/ou avoir acquis une expérience en développement économique communautaire et /ou en développement d’entreprise; Expérience et/ou connaissance du processus de développement économique...

Proposez des lieux de géocaches!

Récemment a eu lieu l’annonce officielle des projets communautaires financés pour le Canada 150, durant laquelle le projet « Découvrons nos communautés avec le 150e du Canada » a été annoncé. En effet, le CÉCS s’est donné comme objectif de créer 150 géocaches bilingues à travers la province. Cependant, nous ne pouvons réaliser cet objectif sans l’aide des communautés francophones de la province. Pour ce faire, nous avons développé un...
RSS
Première1415161719212223Dernière
Conditions d'utilisationDéclaration de confidentialité© Copyright 2024 Journal L'Eau Vive. Tous les droits sont réservés.
Back To Top