L’histoire des Noirs, bien plus qu’un mois
Bien que le Mois de l’histoire des Noirs soit achevé, l’hommage à l’histoire des peuples africains et ses acteurs se poursuivra bien au-delà. C’est le message qu’a voulu faire passer la Communauté des Africains francophones de la Saskatchewan (CAFS) lors d’une soirée organisée le 28 février en partenariat avec la Cité francophone de l’Université de Regina.
« J’aime imaginer cette clôture plutôt comme une ouverture, celle qui tend vers la célébration et la reconnaissance des citoyens francophones africains de la province et du pays », encourage Mamadou Diallo, vice-président de la CAFS.
« Il faut continuer de célébrer notre histoire et nos accomplissements tout au long de l’année, pas seulement pendant 28 jours », complète celui qui est originaire de Guinée Conakry.
C’est donc de manière inclusive qu’une quarantaine de personnes, toutes origines confondues, sont venues célébrer la culture africaine le dernier jour de février à la Rotonde de la Cité francophone.
Entre reconnaissance…
La soirée a débuté par un mot de circonstance de Jessica Amadi du Multicultural Council of Saskatchewan (MCoS). Dans son discours, la vice-présidente a réitéré la volonté de l’organisme de porter les valeurs de la diversité culturelle, mais aussi la lutte contre le racisme et la discrimination.
De gauche à droite : Ildephonse Nsabimana, chargé de projets, Mamadou Diallo, vice-président du volet social et culturel, Jean Népo Murwanashyaka, président, et Melchior Niyonkuru, directeur général de la CAFS. Crédits: Leslie Diaz
Le McoS est devenu un organisme à but non lucratif depuis sa création en 1975, assurant la représentation des différentes cultures immigrantes et multipliant les occasions de rencontre entre membres de différentes cultures.
C’est ensuite un moment de réflexion qui s’est offert au public avec deux présentations. La première a été donnée par le docteur Abdoulaye Yoh, directeur administratif au Conseil des écoles fransaskoises (CÉF), qui est revenu sur les notions d’appropriation et d’appréciation culturelles.
Au fil des questions et des photos, l’intervenant a interrogé son public de façon pertinente et directe. « Est-ce qu’une personne blanche originaire du Québec, par exemple, pourrait ouvrir un restaurant sénégalais à Regina ? Est-ce que Shawn Jobin pourrait demain se produire sur scène avec des dreadlocks ? Est-ce que Suzanne Campagne pourrait se mettre à pratiquer le tambour burundais ? Est-ce que Dana Schutz avait le droit de peindre la souffrance noire dans son tableau d’Emmett Till ? »
C’est avec engouement qu’une bonne partie du public a répondu de manière positive à ces questions, démontrant une fois de plus l’ouverture d’esprit de la soirée.
…et justice
Qui dit histoire dit aussi épisodes sombres. Le docteur Yoh a relevé le cas de Solomon Linda, auteur sud-africain de la chanson Le lion est mort ce soir, vendue pour 10 shillings. Ce dernier ne recevra jamais un seul sou des millions brassés par Disney avec l’exploitation de ce titre pendant des décennies.
La présentation s’est également voulue informatrice puisqu’on y a appris que le tissu Wax, majoritairement utilisé dans la création des vêtements en Afrique, était en fait d’origine indonésienne.
La seconde présentation était offerte par Pauline Streete, conseillère pour le groupe Equity, Diversity, Inclusion & Anti-oppression. Dans un discours inspirant, la Jamaïcaine d’origine a mis en avant les thèmes de l’inclusion et des minorités visibles en s'interrogeant sur les notions d’identité et d’appartenance.
« L’égalité et l’équité doivent avoir le même pouvoir, que l’on soit canadien depuis plusieurs générations ou nouvel arrivant », avance-t-elle.
L’intervenante a continué en remettant en question la portée du message du Mois de l’histoire des Noirs. « Il faut s’interroger sur le regard que l’on pose sur ce mois. Le célébrons-nous dans le présent en tant que citoyen ou nouvel arrivant au Canada ? Dans le passé en insistant sur les souffrances de nos peuples ? Ou dans le futur en regardant vers l’avenir aux côtés de la jeune génération ? »
Des sujets profonds qui ont ouvert l’appétit des participants, lesquels ont pu profiter d’un repas composé de plats africains. La soirée s’est conclue par un concert du groupe African Sound, l’occasion de clôturer le Mois de l’histoire des Noirs en musique, le cœur rempli d’espoir et l’estomac plein.
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