Métis et francophones commémorent la journée Louis Riel
Journée Louis Riel 2018 à Saskatoon
Lecture de la pièce théâtrale La nation provisoire par Guy Michaud et l'auteur, Laurier Gareau.
Photo : Simb Simb (2018)
SASKATOON - Le 16 novembre dernier, à la Station 20 West de Saskatoon, avait lieu la célébration de la Journée Louis Riel, journée célébrée en l’honneur de ce grand leader métis exécuté à Regina, le 16 novembre 1885.
La Journée Louis Riel est un jour férié au Manitoba, le troisième lundi de février. Elle permet de célébrer la vision de Louis Riel, vision d’une province où toutes les cultures seraient respectées. En Saskatchewan, cette journée dédiée au leader métis est célébrée chaque 16 novembre afin de souligner sa malheureuse exécution à Regina.
Une commémoration avec les Métis
La communauté francophone de la Saskatchewan et la Fédération des francophones de Saskatoon (FFS) n’ont pas voulu déroger à cette coutume en organisant, en collaboration avec l’Institut Gabriel Dumont, la Journée Louis Riel. Cette activité avait pour objectif de commémorer, avec la communauté métisse, la vie de ce monument culturel. Une cinquantaine de personnes y ont participé, parmi lesquelles quelques invités spéciaux tels Normand Fleury et Laurier Gareau.
La soirée a été amorcée par un discours fort intéressant de Normand Fleury, enseignant de la langue, de l’histoire et de la culture métchif à l’Université de la Saskatchewan. Étant un aîné du Métis national council (Ralliement national des Métis) à Ottawa et un aîné des nations métisses au Canada, il est sollicité à ce titre pour faire des prières lors d’importants rassemblements au parlement. Lors de son intervention, il a voulu replonger l’assistance dans les circonstances qui ont émaillé l’existence de Louis Riel, de sa naissance à son décès, en passant par les luttes de résistance qu’il a menées au profit de toutes les minorités d’alors. C’est par ces luttes d’ailleurs que Riel a accru sa notoriété auprès des peuples non métis, car il s’est sacrifié pour les droits de tous les peuples marginalisés vivant dans les Prairies.
Laurier Gareau et Guy Michaud ont servi au public la lecture de La nation provisoire, une reconstitution historique théâtrale qui relate les événements de la période 1884-1885, c’est-à-dire, lorsque les Métis décident de se rendre aux États-Unis pour chercher Louis Riel en 1884, jusqu’à la rébellion de Batoche et à la pendaison du leader métis en 1885.
Lorsque Laurier Gareau et Jean-Raymond Châles ont coécrit cette pièce et l’objectif était de faire comprendre aux francophones que, contrairement à ce qu’ils pensaient à l’époque, le conflit auquel Louis Riel a consacré sa vie était non pas d’ordre linguistique, mais économique, humain et social. Les Métis recourent aux armes en mars 1885 parce qu’ils n’ont pas pu obtenir gain de cause d’Ottawa, notamment sur leurs droits à la propriété.
Une autre articulation de la célébration fut la lecture d’un poème par Tate McDougall, étudiant à l’Université de la Saskatchewan et inscrit au Saskatoon Urban Native Teacher Educative Program, un programme conçu pour les Métis. C’est un poème qui reconnaît le rôle qu’ont joué les vétérans métis dans la résistance qui s’est achevée par la mise à mort de Louis Riel. Par cette intervention poétique, les personnes présentes ont pu constater que les célébrations du 16 novembre peuvent être non seulement destinées à Louis Riel, mais aussi aux vétérans métis. La soirée s’est terminée par des prestations musicales présentées par des jeunes des communautés métisses.
Qui était Louis Riel ?
Considéré comme un homme éduqué et religieux (catholique de croyance), Louis David Riel, de son vrai nom, est né le 22 octobre 1844 à Saint Boniface, au Manitoba, et pendu le 16 novembre 1885 à Regina. Il a été un homme politique canadien (mais ayant aussi la citoyenneté américaine), leader du peuple métis dans les Prairies canadiennes. Il a dirigé deux mouvements de résistance contre le gouvernement canadien dans le but de protéger les droits et la culture des Métis. La première, celle de la rivière Rouge de 1869 à 1870, aboutit à la création du Manitoba.
Du retour de son exil aux États-Unis en 1884, Riel se rend en Saskatchewan pour présenter les doléances du peuple métis au gouvernement du Canada. Cette action dégénère et une confrontation armée s’ensuit. Ce conflit sera couronné par son arrestation, son procès et sa pendaison pour trahison. Le jour de son procès, il a déclaré : « Je sais que par la grâce de Dieu, je suis le fondateur du Manitoba. » Jouissant d’un fort capital de sympathie au Québec, sa mort a eu des répercussions sur les relations entre le Québec et le Canada anglophone, de telle sorte que John A. McDonald, premier ministre canadien de l’époque, avait lancé : « Il sera pendu, même si tous les chiens du Québec aboient en sa faveur. » Il demeure néanmoins, et pour bon nombre de francophones et de Métis, un héros national.
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