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Les fantômes de Radio-Canada

Auteur: Michel Vézina/11 décembre 2014/Catégories: 2014, SRC - Saskatchewan, En quelques mots

La situation de Radio-Canada a occupé un large espace dans le monde politique et médiatique dans la dernière année. La situation de cette grande entreprise nationale de communications demeure précaire et un nuage d’incertitude l’entoure, quoiqu’en disent ses principaux porte-parole.

Trois décès dans la première semaine m’ont rappelé trois grandes réalisations télévisuelles de Radio-Canada, celles dont on peut tous être fiers.

Il y a tout d’abord eu le décès de M. Paul Buissonneau. Homme de théâtre de grande envergure, c’est un tout autre volet de sa carrière que j’ai surtout retenu. Étant jeune, je ne savais pas qui était derrière le personnage de Picolo, une sorte de clown de la commedia dell’arte, que l’on retrouvait à La boîte à surprise. À mon époque, au retour de l’école, c’était Bobino puis La boîte à surprise avec tous leurs personnages qui nous faisaient rêver et nous faisaient un peu oublier notre « journée de travail » à l’école, une façon de nous faire relaxer mais aussi de nous apprendre, sans trop qu’on le sache, des vérités de la vie. Pour moi, c’est l’expertise qui s’était développée à Radio-Canada dans l’art de créer des émissions pour enfants de haute qualité.

Et puis, quelques heures plus tard, c’est madame Murielle Millard qui décède à son tour. C’était la dame aux paillettes et aux spectacles à grand déploiement. Elle a été particulièrement connue pour la chanson Dans nos vieilles maisons que l’on croirait tirée de vieilles chansons du folklore mais qu’elle avait composée. Le lien que je fais avec Radio-Canada, ce sont les grandes productions auxquelles on nous convoquait le dimanche soir. Au tout début, nous avions un mélange entre le français et l’anglais (alors qu’on nous diffusait à Québec le Ed Sullivan Show) puisque jusqu'en 1953, la télévision était bilingue. C’est grâce à l'émission Les beaux dimanches que j’ai pu apprendre à apprécier les grandes pièces de théâtre mais aussi à connaître les grands interprètes de la chanson française.

Finalement, c’est Jean Béliveau qui nous quitte. Ce joueur de hockey, natif de la Mauricie, a laissé une empreinte profonde dans la région de Québec et a marqué la Ligue nationale de hockey. Il était un gentleman et incarne probablement l’idéal de ce que devrait être le sport. La semaine, c’était nos émissions d’enfants, juste avant le souper. Le dimanche soir, c’était notre sortie à l’écran aux grands spectacles. Mais le samedi soir, c’était le hockey, commandité par Molson (et dans le temps, c’était une sorte de dessin animé avec des pirates qui faisait la promotion de la bière). Je me souviens de ma parenté qui suivait religieusement ces matchs et il ne fallait surtout pas que le Canadien perde. Radio-Canada nous a familiarisés avec des reportages de qualité, en français, dans les différents sports et particulièrement avec la couverture des Jeux olympiques.

Ces trois départs dans la même semaine nous rappellent que notre télévision d’État a toujours été à l’avant-plan de la qualité et de l’innovation en matière télévisuelle. Aujourd’hui, on se pose des tas de questions sur la situation de Radio-Canada. La Fédération des communautés francophones et acadiennes du Canada demande la mise sur pied d’une commission indépendante pour comprendre ce qui se passe actuellement entre tous les commentaires de part et d’autre, du positif au négatif, sur cette institution nationale. Il est aussi important de le faire savoir à nos politiciens qui vont être en campagne électorale cette année.

Faites savoir que vous tenez à Radio-Canada. Si je vous parlais de ces exemples plus haut, ce n’est pas pour revenir en arrière. Au contraire, aujourd’hui, il y a de très belles productions. On a évolué. On veut que Radio-Canada continue à nous épater avec sa capacité à innover, à nous parler et à refléter qui nous sommes. Appuyons Radio-Canada.

 



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