Gaspillage alimentaire : la Saskatchewan veut mieux faire
Depuis le 3 août, une nouvelle application, Too good to go, permet aux habitants de Regina et de Saskatoon de réduire leur gaspillage alimentaire. Et de faire, au passage, quelques économies. Un véritable luxe en période d'inflation généralisée.
« La Saskatchewan produit la deuxième plus grande quantité de déchets par habitant au Canada », souligne Nicolas Dot, gestionnaire en relations publiques de l'entreprise et de l'application Too good to go.
En effet, d’après des données issues du gouvernement provincial lui-même, un Saskatchewanais produit 842 kilogrammes de déchets par an, soit l’équivalent de 60 sacs poubelles d’une capacité de 1,25 litre chacun.
Le besoin se fait sentir d’alléger les poubelles dans la province. Selon une étude d’Environnement et Changement climatique Canada (ECCC), chaque résident de la Saskatchewan génère 191 kg de gaspillage alimentaire par an.
Vers des poubelles plus légères
Too good to go est une entreprise à impact social qui existe depuis 2016 et qui a débuté entre la France et le Danemark. Aujourd'hui, elle œuvre dans 15 pays européens et en Amérique du Nord, notamment au Canada depuis juillet 2021.
Déjà accessible dans quinze villes canadiennes, l’application de la société fait à présent ses débuts au beau milieu des Prairies, alors que la province se fixe pour objectif de réduire de 30 % ses déchets d’ici 2030.
Le principe est simple : « L'application met en relation les consommateurs avec des commerces alimentaires en tout genre qui ont des invendus à la fin de la journée. Ces commerces peuvent rassembler leurs surplus sous forme de paniers surprises que des consommateurs peuvent acheter sur l'application au tiers du prix normal », détaille Nicolas Dot.
Une relation qui se veut gagnant-gagnant pour les consommateurs ayant accès à des denrées toujours consommables et récemment périmées, mais aussi pour les commerçants.
Jared Bugyi, propriétaire de Queen City Cake, une pâtisserie à Regina, voit dans l’outil une bonne occasion de freiner le gaspillage.
« J'ai vraiment aimé leur stratégie et leur plan marketing, ce qu'ils faisaient, ce qu'ils essayaient de faire, confie-t-il. Nous n'avons pas beaucoup de déchets, mais les macarons et certaines choses se fissurent, alors nous en jetons beaucoup », reconnaît l’entrepreneur.
Autre avantage pour les commerçants, « rejoindre certaines tranches démographiques qui n'ont pas l'habitude de venir dans notre magasin », précise Jared Bugyi.
Une aide bienvenue
Éviter le gaspillage est une chose, mais en période d'inflation, reprendre le contrôle de ses dépenses alimentaires est devenue un vrai défi pour de nombreuses familles saskatchewanaises.
« Les gens paient beaucoup plus pour la nourriture qu'auparavant, confirme John Bailey, directeur général de la Banque alimentaire de Regina. Si l'application fonctionne, il sera possible de relâcher la pression financière liée à l'achat de l'alimentation », pense-t-il.
Depuis ses débuts au Canada il y a deux ans, Too good to go a permis de sauver des bennes à ordures près de 2,3 millions de paniers surprises auprès de plus de 6 000 commerces alimentaires.
Des chiffres inspirants alors que « chaque année, au Canada, nous avons besoin d'une superficie de terres cultivées équivalente à près de 20 parcs nationaux des Prairies pour produire la nourriture qu'on gaspille », pointe du doigt Nicolas Dot.
Aujourd'hui, plus de 80 commerces alimentaires saskatchewanais se sont joints au mouvement. Reste à savoir si les utilisateurs en feront usage.
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