Gardons la tête froide !
Période de froid extrême à Saskatoon
Photo : Arthur Béague (2019)
Jusqu’alors, - 40 ne signifiait pour moi qu’un rabais très intéressant pendant les soldes. Cette semaine, j’ai appris que cela pouvait aussi être employé pour parler de température ! Le mercredi 6 février à Saskatoon, une température de - 42,6°C battait le record pourtant vieux de 112 ans selon Environnement Canada.
Cela me fout le moral à « 0 »… surtout quand on en connait la raison : le réchauffement climatique ! Hum… ça sent l’argument bancal ! Pas facile de rallier les climatosceptiques à l’heure où nous enfilons deux pantalons avant d’aller bosser !
Le courant-jet souffle le chaud et le froid
Fermez les yeux et imaginez deux serpents qui se baladent d’ouest en est autour de notre globe terrestre. Ils se déplacent au milieu de chaque hémisphère, à mi-chemin entre les masses d’air froid des pôles et les masses d’air chaud de l’équateur. Vous voyez ? Bien ! Ces serpents : ce sont des vents très puissants qui jouent un rôle capital dans la circulation atmosphérique… et dans la circulation aérienne, puisque les avions vont les emprunter pour gagner de précieuses minutes, d’où leurs noms : courants-jets !
Ces courants sont nés d’un déséquilibre entre les régions équatoriales gavées en énergie par le soleil et les régions polaires qui ont autant d’énergie que moi un lundi matin. Ils jouent un rôle majeur dans la circulation atmosphérique en délimitant ces 2 masses d’air. Ce contraste air chaud-air froid est exacerbé dans les moyennes latitudes, là où le courant-jet est le plus fort en moyenne (Sources Météo France). Le courant-jet joue un rôle capital, puisque tel un serpent qui ondule, il va faire de légères incursions au nord, puis au sud, transférant la chaleur pour le bien de tous. Sauf que depuis quelque temps notre serpent n’oscille plus, il titube ! Les courants-jets jouent aux montagnes russes et cela commence à donner la nausée. Explications.
Réchauffement climatique
Selon le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), l’Arctique se réchauffe 2 à 3 fois plus rapidement que n’importe quel autre endroit sur la planète. Tant et si bien que l’écart de température entre les tropiques et le pôle Nord se réduit considérablement. Par conséquent, le déséquilibre énergétique est moins fort et le courant-jet moins puissant ! Sous la pression du vortex polaire au nord et des masses d’air chaud au sud, le courant-jet, moins résistant, va osciller de plus en plus faisant des incursions plus prononcées au nord et au sud (schéma). Son récent passage très au nord, en Arctique, explique les températures polaires que nous subissons en ce moment.
Autre conséquence du ralentissement du courant-jet ; les systèmes météorologiques risquent de faire de plus en plus de surplace. Cela explique des vagues de froid ou de chaleur intense pendant une longue période.
Le raccourci entre météo et climat est emprunté bien trop souvent, mais il ne mène pas à la bonne conclusion. Aujourd’hui, ce n’est pas parce que nous avons tous un look de braqueurs de banque que les changements climatiques ne se produisent pas. Les chiffres parlent, mais pas assez forts, pourtant la planète se réchauffe d’année en année, y compris en Saskatchewan, et les prévisions ne sont pas de bon augure, 3 degrés en moyenne de plus dans 50 ans selon le Centre climatique des prairies.
Selon le professeur Philippe Gachon, l’Ouest canadien ne sera pas épargné et tout donne à penser que les vagues de chaleur, de canicule et de sécheresse seront non seulement plus fréquentes, mais aussi plus intenses.
Alors, c’est donc ça notre avenir ? Passer une vie à battre des records de froid en hiver et de chaleur en été. Quitte à être couvert de médailles, autant viser l’or dans notre lutte contre le réchauffement climatique.
Sources
https://www.cbc.ca/news/technology/climate-change-polar-vortex
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1128716/alberta-saskatchewan-colombie-britannique-manitoba-rechauffement-projections
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Arthur Béague
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