Close
Dominique Liboiron

« La guerre résout très peu », John Babcock

John Babcock

John Babcock

Né en 1900, John Babcock était le dernier ancien combattant canadien de la Première guerre mondiale. Témoin de plus d’un siècle d’histoire, M. Babcock pensait que les nations sautent trop rapidement aux armes. Selon lui, « La guerre résout très peu. »
Photo: Dominique Liboiron
Le 11 novembre marque le 99e anniversaire de l’Armistice qui a mis fin à la Première guerre mondiale. Depuis, de nombreuses guerres ont entraîné des millions de morts. Selon le dernier ancien combattant canadien de la Guerre 14-18, les pays doivent mieux dialoguer pour éviter les conflits armés.

« La guerre résout très peu, » disait John Babcock qui, lors de notre entrevue, avait 108 ans. Témoin de plus d’un siècle d’histoire, M. Babcock pensait que les nations sautent trop rapidement aux armes. Il croyait également que les gouvernements peuvent régler leur différences par l’entremise d’une communication ouverte et en ayant davantage de patience dans les processus diplomatiques.

Né le 23 juillet 1900 à Holleford, en Ontario, M. Babcock a passé les dernières années de sa vie à Spokane, dans l’état de Washington. Il marchait avec l’aide d’une cane, avait la mémoire vive et portait deux prothèses auditives. Malgré son âge, il gardait la voix forte et grave d’une personne franche et honnête. Je pense souvent à notre conversation, surtout à la veille du jour du Souvenir.

M. Babcock n’avait que 14 ans quand son père est décédé. En conséquence, sa mère devait travailler comme domestique en Saskatchewan, ce qui a écarté les enfants de la parenté.

La carrière militaire offrait un bon salaire pour l’époque, mais M. Babcock s’est joint à l’armée canadienne surtout par un sentiment de devoir. « C’était la chose à faire, » a-t-il dit franchement.

En dépit de son jeune âge (il n’avait que 15 ans et demi) M. Babcock s’est inscrit en Ontario et a déjoué les autorités militaires avant que son commandant ne reçoive une lettre de la Saskatchewan dans laquelle Mme Babcock dévoilait l’âge de son fils.

« Mon commandant est venu me dire, “Je comprends que tu vas nous quitter,” et j’ai demandé pourquoi, » expliquait l’ancien combattant Babcock.

« C’est là qu’il m’a dit, “Nous avons reçu une lettre de ta mère,” et j’ai répondu qu’elle ne me dit pas quoi faire. »

M. Babcock a pu rester dans l’armée, mais les autorités lui ont assigné à un travail manuel dans des baraques, à Halifax. Sachant que l’information se propage lentement dans les bureaucraties, il s’est inscrit de nouveau avec un autre régiment. Cette fois, on l’a envoyé en Angleterre où, encore une fois, on a appris qu’il était adolescent.

Placé dans un bataillon avec 1300 gars qui attendaient d’avoir 19 ans, l’âge minimum pour les soldats canadiens, M. Babcock a subit un entraînement rigoureux, mais n’est pas passé aux tranchées – la Grande guerre s’est terminée quand il n’avait que 18 ans. Source de chagrin et de regret, le fait qu’il n’ait pas combattu l’a peiné pendant bon nombre d’années, mais le temps lui a changé les idées. « C’est peut-être une bonne chose que je ne me suis pas battu, » a-t-il dit. « Je me serais probablement fait tuer. »

Bien qu’il n’ait pas connu le combat actif, le centenaire a vu au sein de sa famille les ravages du premier conflit mondial. Son frère Manley a fait une crise nerveuse après son expérience au front. Les ressources thérapeutiques et même le terme pour désigner ce qui s’appelle de nos jours le trouble de stress post-traumatique n’existaient pas au début du 20e siècle.

Même après la difficulté marquée des chefs politiques et des dirigeants militaires à résoudre l’impasse d’un conflit qui a duré quatre ans et coûté plus de 20 millions de vies, dont 6400 parmi les soldats de la Saskatchewan, M. Babcock n’a pas perdu espoir dans la classe gouvernante.

Quant aux guerres actuelles, soit en Iraq et en Afghanistan, M. Babcock constatait que les techniques militaires ont évolué depuis son temps quoique leur but demeure pareil. « Il existe de meilleures façons de tuer les gens sans se faire tuer soi-même. »

Le gouvernement canadien lui a offert des funérailles d’État, mais il y a renoncé par respect pour les soldats qui sont morts sans cet honneur. « Oh, ils peuvent avoir des funérailles d’État s’ils veulent, mais pas pour moi, pour d’autres. »

À la place, il a demandé une cérémonie en mémoire de tous les anciens combattants, surtout ceux qui ont connu les tranchées.

M. Babcock est décédé le 18 février, 2010. Il avait 109 ans.

Imprimer
26671

Dominique LiboironDominique Liboiron

Autres messages par Dominique Liboiron
Contacter l'auteur

Contacter l'auteur

x
Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan

Le CCS sur Facebook

Nouvelles du CÉCS

Découvrons nos communautés avec Canada 150!

Vendredi le 25 novembre dernier avait lieu l’annonce officielle des projets du 150e par l’Honorable Ralph Goodale. En effet, le projet «Découvrons nos communautés avec le Canada 150» du CÉCS a été sélectionné parmi les projets communautaires financés du Canada 150. Tout au long de l’année 2017, le CÉCS s’engage à collaborer avec les communautés dans le but de créer 150 nouvelles géocaches bilingues partout à travers la...

Forum économique 2016: revoyez quelques présentations

Vous avez été nombreux à participer à notre forum économique, l’Agriculture et l’agroalimentaire: de la terre à la table, en octobre dernier. Nous avons eu la chance d’avoir des conférenciers spécialisés qui se sont entretenus sur des sujets diversifiés s’adressant à tous. Vous avez maintenant la possibilité de revoir quelques présentations de ce Forum. Merci à tous les participants! 

Le CÉCS à Destination Canada

Destination Canada, c’est bientôt, et pour une première fois, le CÉCS participera à Destination Canada! En effet, Robert Therrien, directeur général, ainsi que Clément Dion de Zenon Park, membre du conseil d’administration, seront à Paris et Bruxelles du 15 au 19 novembre prochain afin d’assister à un des plus gros salons francophones de l’emploi. Destination Canada est un salon de l’emploi présenté par l’Ambassade du Canada en France avec le...
RSS
Première1516171820222324Dernière

Actualité économique

Le FDÉFP, une bouffée d’air pour la fransaskoisie Le FDÉFP, une bouffée d’air pour la fransaskoisie

Le FDÉFP, une bouffée d’air pour la fransaskoisie

Grâce aux financements du Fonds de développement économique francophone des Prairies (FDÉFP), trois organismes fransaskois peuvent concrétiser...
2718
La Belgique tisse des liens avec la Saskatchewan La Belgique tisse des liens avec la Saskatchewan

La Belgique tisse des liens avec la Saskatchewan

L'ambassadeur de Belgique au Canada, Patrick Van Gheel, a effectué une visite officielle en Saskatchewan du 24 au 27 octobre afin de...
3756
Le CÉCS dresse le portrait des régions Le CÉCS dresse le portrait des régions

Le CÉCS dresse le portrait des régions

Disponibles sur le site du Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan (CÉCS) depuis la mi-juin, six rapports statistiques offrent un...
3648
Gaspillage alimentaire : la Saskatchewan veut mieux faire Gaspillage alimentaire : la Saskatchewan veut mieux faire

Gaspillage alimentaire : la Saskatchewan veut mieux faire

Depuis le 3 août, une nouvelle application, Too good to go, permet aux habitants de Regina et de Saskatoon de réduire leur gaspillage alimentaire....
3780
Le CÉCS investit pour l’avenir Le CÉCS investit pour l’avenir

Le CÉCS investit pour l’avenir

En se dotant d’un fonds d’investissement depuis la première fois de son existence, le Conseil économique et coopératif de la...
4511
RSS
12345678910Dernière
Conditions d'utilisationDéclaration de confidentialité© Copyright 2024 Journal L'Eau Vive. Tous les droits sont réservés.
Back To Top