Close
Anonym
/ Catégories: Archives, 2018, Société, Francophonie

La maturité politique des Franco-Ontariens engage le reste du Canada

Tout le monde parle de la résistance

Le plateau de l'émission Tout le monde en parle

Le plateau de l'émission Tout le monde en parle

Quatre francophones de l’Ontario ont participé à l’émission télévisée Tout le monde en parle, dimanche 25 novembre : l’avocat Ronald Caza, la présidente de l’UFO Dyane Adam, la députée conservatrice Amanda Simard et la coprésidente du Regroupement des étudiants, Marie-Pierre Héroux.
Les provocations de la Québécoise Denise Bombardier et les coupes de l’Ontarien Doug Ford ont été encaissées. Après ce fut le déluge, la résistance. Personne ne semble avoir anticipé la maturité politique et médiatique des Franco-Ontariens. Tout le monde ou presque en a parlé, en particulier dans un Québec libre de son projet souverainiste. Un peu plus et redeviendrait-on Canadiens français ?

Francopresse a rencontré trois témoins privilégiés de la révolution franco-ontarienne : une Québécoise à Edmonton, un Acadien à Sudbury et une Manitobaine à Québec.

« Ça prend une crise pour apprendre l’existence de certains groupes et mieux les connaître », affirme la journaliste Colette Brin du Centre d’études sur les médias de l’Université Laval. « Il y a une distorsion dans la façon de présenter la réalité des minoritaires tant du côté francophone qu’anglophone, y compris à Radio-Canada. »

L’émission Tout le monde en parle (TLMEP) du diffuseur public est à l’origine d’une première provocation en octobre avec sa complaisance face à l’expression du préjugé que « les communautés francophones ont à peu près disparu ». Selon la Manitobaine, la mobilisation des communautés a été générée par « l’ignorance typique au Québec parce que les gens ne nous connaissent pas ou refusent de nous reconnaître ».

« Il y a un réflexe d’insécurité au Québec et de colère légitime face aux injustices vécues par les minorités francophones, mais ça ne mène pas au dialogue. » On déplore, dit-elle, que les « hors Québec » agissent dans une logique de récrimination et non d’affirmation.

« Est-ce qu’on pourrait parler des francophones en milieu minoritaire sans que ce soit toujours à propos du Québec ? On ramène toujours ça à nous, nous, nous. »

Colette Brin a été fascinée de voir sur Twitter la convergence entre jeunes francophones de partout, contestant publiquement les propos de Denise Bombardier.

« C’est une prise de conscience, une surprise pour bon nombre de Québécois de découvrir la vitalité d’organismes et de gens du milieu minoritaire. Les médias en ont énormément parlé. Il y a aussi une vraie réaction populaire. »

On fait le lien entre le populisme et l’anti-bilinguisme

D’autres attaques contre les minoritaires ont été portées à la mi-novembre par de nouveaux gouvernements à tendance populiste.

Dès la formation de celui du conservateur Blaine Higgs au Nouveau-Brunswick, les médias québécois se sont intéressés à la menace pesant sur les Acadiens. Depuis le 15 novembre, la presse nationale s’est jointe à la couverture de la crise causée par les frappes du premier ministre Doug Ford de l’Ontario contre le Commissariat aux services en français et l’Université de l’Ontario français.

Le ton de la riposte a notamment été donné dans Le Devoir et le Globe&Mail par les professeurs Stéphanie Chouinard du Collège militaire royal de Kingston et Serge Miville de l’Université Laurentienne.

« J’ai bien apprécié leur texte, souligne Colette Brin, parce qu’on a fait le lien entre le populisme et l’anti-bilinguisme, mais aussi que les francophones sont une force économique pour le Canada. »

La maturité et la confiance de la minorité à défendre ses positions l’ont impressionnée. « On découvre que le bilinguisme est un atout, simplement parce qu’on peut débattre dans les deux langues avec une certaine assurance. La capacité de discuter avec plus de monde sur Internet est un autre avantage. »

Selon la journaliste, la crise franco-ontarienne a permis aux Québécois de mieux comprendre le vécu des minoritaires. « Il faut saluer toute l’énergie déployée pour les gens qui choisissent d’élever et d’éduquer leurs enfants en français. On n’a pas d’idée à quel point c’est exigeant. »

Ces nouvelles perceptions surviennent alors que l’effritement du mouvement souverainiste favorise la reprise de relations avec les communautés francophones.

De vieux amis qui se retrouvent sur une nouvelle base

Colette Brin poursuit : « On a un gouvernement en Ontario qui attaque ouvertement la minorité et on monte aux barricades. C’est peut-être aussi l’occasion pour le Québec de développer des liens qui avaient été abandonnés, autant du côté des médias que des institutions. On pourrait parler de redécouverte et de réconciliation, comme de vieux amis qui se retrouvent sur de nouvelles bases. »

À Sudbury, l’historien Joel Belliveau constate un changement de paradigme culturel. « Pour la première fois de ma vie, j’ai l’impression que plein de choses bougent. »

Le professeur sent même le changement à Radio-Canada. « Dans les émissions du matin, on fait souvent des références à des débats américains, ça fait partie de notre réalité maintenant. Politiquement, les évènements aux États-Unis ont une influence sur nous. »

Une partie de moi est triste que la souveraineté n’ait pas réussi 

Dans la rue, les récentes visites de l’historien acadien d’origine dans la belle province lui ont permis de découvrir l’ouverture de nombreux Québécois à l’idée de l’hybridité. « À Montréal, c’est palpable : il y a beaucoup plus d’anglophones dans l’est de la ville, beaucoup de jeunes qui passent d’une langue à l’autre. »

À partir de l’acceptation de notre hybridité, explique Joel Belliveau, « avec nos cousins canadiens-français ou acadiens, on est sur le même continuum. Il n’y a pas de raison de dire qu’ils sont fondamentalement autres puisqu’on va rester dans le Canada. Nos destins sont peut-être encore liés, comme à l’époque du Canada français. »

L’abandon du vieux rêve nationaliste d’une mer à l’autre a été suivi, à partir de la Révolution tranquille et de l’élection du Parti québécois jusqu’à la tenue de deux referendums, par une période de différenciation du Québec par rapport aux francophonies provinciales.

« Il y avait une grosse légitimité là-dedans, estime l’historien. Une partie de moi est triste que ça n’ait pas marché. Vingt-trois ans après le dernier referendum — ça me freake de le dire! –c’est un peu normal que les prochaines générations veuillent passer à autre chose. Pourquoi ce ne serait pas de reconnaître qu’on est plus complexe, qu’on incorpore des éléments nord-américains ? »

Ça prend une solidarité fédérale sans partisanerie

Les divisions qui persistent préoccupent l’historienne Valérie Lapointe-Gagnon, professeur au Campus Saint-Jean d’Edmonton. « On fait des pas en arrière très inquiétants en Ontario et au Nouveau-Brunswick et on ne sait pas ce qui va arriver en Alberta avec les élections du printemps 2019 », rappelle-t-elle.

« Plus on trouve d’alliés comme le fait l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario, moins il y aura de recul au Nouveau-Brunswick. Ça met des pressions sur Doug Ford et ça montre à d’autres leaders qui auraient envie de l’imiter qu’on ne recule pas sur les droits des francophones. »

La lutte se mène sur les scènes provinciales, poursuit-elle, mais ça prend aussi « une solidarité fédérale, sans partisanerie, qui vient aussi de la population, des citoyens et des commentateurs politiques ».

L’auteure d’un livre sur la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme se souvient de la vision des coprésidents Laurendeau et Dunton « qu’être francophone ne soit pas une tare mais qu’on puisse s’épanouir pleinement d’un bout à l’autre du pays. »

Elle rappelle la recommandation de 1968 que l’Ontario et le Nouveau-Brunswick deviennent des provinces officiellement bilingues. Seule la province de l’Atlantique l’est devenue, mais on trouve dans le rapport une justification pour le maintien de commissaires indépendants pour défendre le français.

Valérie Lapointe-Gagnon déplore que « les coupures ouvrent une porte aux francophobes cachés derrière des arguments de rigueur économique qui déversent leur fiel en disant que le Canada est le pays de l’anglais »

Imprimer
20809

Contacter l'auteur

x
Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan

Le CCS sur Facebook

Nouvelles du CÉCS

2 postes à combler : Conseillers.ères en développement économique

Le Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan (CÉCS) est à la recherche de deux Conseillers/Conseillères en développement économique (CDÉ). Date de clôture : 17 décembre 2021 Plus de détails The post 2 postes à combler : Conseillers.ères en développement économique appeared first on CÉCS.

Poste à combler : Conseiller.ère en emploi

Le Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan (CÉCS) est à la recherche d’un conseiller(ère) en emploi).  DÉTAILS The post Poste à combler : Conseiller.ère en emploi appeared first on CÉCS.

Offre d’emploi : Coordonnateur.trice du programme Jeunesse Canada au Travail

Le Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan (CÉCS) est à la recherche d’un Coordonnateur/Coordonnatrice du programme Jeunesse Canada au Travail dans les deux langues officielles (JCTDLO). DÉTAILS The post Offre d’emploi : Coordonnateur.trice du programme Jeunesse Canada au Travail appeared first on CÉCS.
RSS
123456810Dernière

Actualité économique

Orchestrer les différences culturelles au sein d’une équipe Orchestrer les différences culturelles au sein d’une équipe

Orchestrer les différences culturelles au sein d’une équipe

Atelier du CÉCS sur la diversité culturelle en milieu de travail

32348

REGINA - Quand on se retrouve avec différents bagages culturels au sein d'une équipe, il faut souvent du doigté pour réussir à maintenir la cohésion et éviter les malentendus.

CÉCS : En plein essor CÉCS : En plein essor

CÉCS : En plein essor

70e AGA du CÉCS

30092

MOOSE JAW  - L’Assemblée générale annuelle du Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan s’est tenue dans l’établissement du Temple Gardens Hotel & Spa, le 17 juin dernier à Moose Jaw.

Bras de fer dans le dossier immigration Bras de fer dans le dossier immigration

Bras de fer dans le dossier immigration

Regina – Le dossier du Réseau immigration francophone en Saskatchewan (RIF-SK) a suscité bien des réactions au cours...
31507
Un budget qui fait mal Un budget qui fait mal

Un budget qui fait mal

Dans son dernier budget, le gouvernement de la Saskatchewan a annoncé une série de coupures ou abolitions de services, une hausse...
27816
Et pourquoi pas un salaire maximum! Et pourquoi pas un salaire maximum!

Et pourquoi pas un salaire maximum!

Savez-vous ce qui s'est passé le mardi 3 janvier 2017?  À 11h47 très exactement, les 100 présidents-directeurs...
34961
RSS
Première34568101112Dernière
Conditions d'utilisationDéclaration de confidentialité© Copyright 2024 Journal L'Eau Vive. Tous les droits sont réservés.
Back To Top