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Adrien Cantin
/ Catégories: 2016, Communication, Économie

Un financement stable réclamé pour les médias en milieu minoritaire

Francis Sonier, éditeur de l'Acadie nouvelle et président de l'Association de la presse francophone

Francis Sonier, éditeur de l'Acadie nouvelle et président de l'Association de la presse francophone

Les organismes nationaux représentant les journaux et les radios implantés en milieu minoritaire sonnent l’alarme au sujet de leur précarité et réclament du gouvernement fédéral un financement stable pour assurer leur pérennité.

L’Association de la presse francophone (APF), l’Association des radios communautaires (ARC) du Canada ainsi que la Quebec Community Newspapers Association (QCNA) soutiennent que cette responsabilité lui incombe en vertu de la Loi sur les langues officielles, du principe de la dualité linguistique au Canada et du droit fondamental des communautés minoritaires, souvent isolées, de recevoir dans leur langue une information communautaire de qualité.

Ils ont aussi reçu la semaine dernière, devant le Comité permanent du patrimoine canadien de la Chambre des communes, un appui articulé de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada.

Dans un premier temps, chacun s’explique mal la réduction dramatique, depuis 2006, des annonces publicitaires du Gouvernement du Canada et de ses agences dans les journaux et radios communautaires en situation minoritaire, alors que le taux de lectorat et d’écoute de ces médias demeure très élevé, en faveur de placement à la télévision et sur Internet.

L’APF constate une diminution de 73 % des revenus publicitaires du fédéral auprès de ses 22 membres, alors qu’on parle d’une chute de 98,5 % à la QCNA, qui représente 30 journaux de langue anglaise au Québec.

Le secrétaire général de l’ARC du Canada, François Côté, a indiqué devant les 10 députés du comité parlementaire que « presque la moitié de nos (27) membres sont dans une situation précaire; plusieurs ont présenté des déficits au cours des dernières années en grande partie à cause du manque de financement stable et de la baisse de publicité fédérale. (…) Trois de nos radios membres n’ont plus de salariés ; cinq d’entre elles n’ont plus qu’un employé à mi-temps alors que quatre n’emploient qu’une seule personne. »

Le président de l’APF, Francis Sonier, éditeur de l’Acadie Nouvelle, a précisé que ce manque à gagner collectif de ses membres qui se chiffre à 1,5 million $ par année a des incidences directes sur la qualité et le volume de l’information véhiculée.

Il a souligné la disparition de l’Express d’Ottawa, au cours de la dernière année et déploré le fait que l’Eau vive, en Saskatchewan, vient tout juste de reprendre sa publication après des mois d’interruption, à cause d’une crise financière, alors que d’autres parviennent à peine à faire leurs frais.

Fausse route

Ils ont martelé devant le comité que le fédéral fait fausse route en orientant son placement publicitaire vers Internet et la télévision, pour rejoindre les communautés minoritaires qui sont souvent éloignées et isolées

M. Sonier a indiqué que le lectorat moyen des journaux de l’APF oscille de 54 % à 83 % selon les régions et qu’une étude démontre qu’ils jouissent d’un taux de crédibilité de 89 %. « Internet et les médias sociaux, autant qu’ils puissent sembler omniprésents, ne bénéficient pas d’une telle crédibilité. »

M. Côté a pour sa part indiqué que « plus de 20 ans après l’arrivée d’Internet dans nos vie, la radio demeure encore et toujours le média de proximité par excellence et ce, particulièrement dans des communautés comme les nôtres ».

La présidente de la FCFA, Sylviane Lanthier, a rappelé aux membres du comité que « la connectivité haute vitesse au Canada n’est pas encore arrivée à un point où (tous peuvent) consommer facilement les produits médiatiques en ligne.

« Il est difficile pour un Acadien de la Nouvelle-Écosse d’écouter la radio en ligne lorsque sa connexion tient davantage du dial-up que d’Internet haute vitesse. On ne peut pas demander non plus à un Franco-Yukonnais ou à une Franco-Ténoise de visionner de la vidéo en ligne lorsque sa bande passante lui coûte un prix exorbitant par mois. »

Aide directe

Chacun a réclamé un réalignement prononcé des pratiques de placement publicitaire du fédéral ou, à défaut, une aide financière gouvernementale directe.

L’APF et la QCNA proposent la création d’un fonds équivalent à 1 % du budget de Radio-Canada/CBC que le gouvernement central veut établir à 1 milliard $, alors que l’ARC suggère une allocation annuelle de 40 000 $ à 60 000$ pour chacune des radios.

« Ce (ne sera) pas de la charité, a dit Richard Tardif. Nous avons démontré que les gens nous lisent ainsi que l’engagement de la communauté (à notre endroit). Ces dollars seront bien dépensés et le message bien reçu. Ce sera donnant-donnant.

« Si le gouvernement tourne le dos aux minorités, croyant que la télévision et les médias sociaux sont la seule route à prendre, il contribuera à la disparition de ce trésor national qui existe aujourd’hui. »

De conclure Sylviane Lanthier : « Nos médias francophones n’existent pas pour servir des marchés, mais bien des communautés formées de gens déterminés à vivre en français, de gens qui ont besoin de ces médias pour s’informer en français sur leur milieu. »

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