Thérapie de couple
Réflexion autour de l'AGE du Conseil scolaire fransaskois
Assemblée générale extraordinaire du CSF
André Denis, le président du Conseil scolaire fransaskois et Francis Kasongo, le président d'assemblée.
Photo: Sébastien Németh (2015)
Difficile d’entamer une rentrée scolaire après une Assemblée générale extraordinaire demandée par des parents en colère et inquiets. Quelques jours avant le retour en classe de centaines de jeunes Fransaskois, le Conseil scolaire fransaskois (CSF) a dû faire face à une nouvelle fronde, s’expliquer sur le déficit, parler de stratégie pour éponger les dettes, etc.
Le CSF a bien tenté d’apaiser les tensions. Mais la réunion a souvent ressemblé à un dialogue de sourds. Aucune résolution n’a été prise à l’issue de l’AGE. Au final, certains parents ne savaient même plus si le déficit existait. Le flou demeure entier dans les esprits. Revoilà toutes les parties à la case départ, avec le mérite toutefois de s’être parlées et de s’accorder sur un point : chacun doit mieux communiquer avec l’autre.
Le CSF et les parents d’élèves sont comme un vieux couple qui bat de l’aile. Vivant ensemble depuis des années, mais plus capables de s’écouter. Luc Handfield, nouveau directeur adjoint à l’éducation, apporte son expérience du Nouveau-Brunswick. Avant l’AGE il avait eu cette phrase : « Il faut des liens étroits entre famille, école et parents. La communauté doit se soutenir et faire bloc ensemble. » Faudra-t-il une thérapie pour y arriver? Cette AGE a eu des airs de premier rendez-vous chez le psy, comme une catharsis avant de commencer le vrai travail sur soi.
L’an dernier, près de 1900 élèves fransaskois étaient inscrits dans les établissements du CSF. Combien y resteront? Des parents voient déjà une fuite vers l’immersion, une disparition progressive des services, une désertion, des fermetures d’écoles, entraînant une baisse des financements de l’état, impliquant encore plus de fermetures, plus de restrictions budgétaires, encore moins de services, etc. Un cercle vicieux qui ferait surgir le spectre de l’assimilation pour cette communauté fransaskoise qui a la malchance historique et sociologique d’être éparpillée partout dans la province. Fantasme? Certains y pensent pourtant et la coupure dans les transports serait un signe annonciateur. Pourtant, combien d’élèves canadiens ont la chance d’avoir un autobus passant les chercher chaque matin? Ceux qui y ont droit pourraient se voir traités de « gâtés pourris » par ceux qui doivent se débrouiller pour rejoindre leur école.
Le CSF attaque sa rentrée avec toutefois un petit surplus lui permettant de rembourser une partie de ses 7 millions de dettes. La stratégie de la négociation avec le gouvernement attend encore ses fruits. Il va falloir obtenir des résultats rapidement dans ces pourparlers attendus, sinon l’option de la non-action en justice contre le gouvernement s’avérera un échec et frustrera un peu plus des parents qui risquent un jour de ne plus se contenter d’une AGE et de prendre le chemin des tribunaux eux-mêmes. Voire d’entrer dans le cercle vicieux de l’assimilation.
Le psy coûte cher. Il vaudrait mieux que la thérapie fonctionne et vite.
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