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Horizons - chronique littéraire du Cercle des écrivains de la Saskatchewan

La Troupe du Jour sur la route de l’existence avec la pièce Jack

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La Troupe du Jour (LTDJ) accueille du 18 au 28 novembre, en format virtuel, la pièce Jack de la dramaturge franco-ontarienne Marie-Pierre Proulx. La pièce, dont la performance à Saskatoon en avril 2020 avait été annulée par les restrictions de santé publique, fait maintenant une tournée en format vidéo grâce à une collaboration avec Groupe Média TFO. 

Jack raconte le voyage d’Alexandra, jouée par la comédienne France Huot. À la mort de son grand-père Jack, elle décide impulsivement de se rendre au dernier endroit qu’il a visité : le peuplier aux branches chargées de souliers du Nevada.

Sur la route, Alexandra rencontre de multiples Jack, tous interprétés par Jean-Marc Dalpé. Parmi tous les Jack qu’elle rencontre sur la route, on découvre l’auteur américain Jack Kerouac. La lecture de ses écrits accompagne et guide l’héroïne dans sa quête de liberté.

Les traces de l’existence

Alexandra est propulsée hors de sa zone de confort par la crise existentielle déclenchée à la mort de son grand-père. Elle veut vivre et laisser des traces de son passage. 

La dramaturge Marie-Pierre Proulx explique : « L’idée de départ est un fait divers sur le Middlegate Shoe Tree. La veille du jour de l’An 2010, des vandales ont coupé l’arbre. La communauté était en deuil. Chaque paire de souliers dans l’arbre portait l’histoire des gens qui sont passés par là. »

À plusieurs moments, la pièce explore ce besoin de marquer l’endroit pour prouver son existence : la signature sur un mur, les photos, les souliers sur une branche. Comme un refrain, la phrase « Jack was here » revient d’une scène à l’autre. « On réfléchit à ce qu’on lègue et ce qu’on a envie de laisser derrière, mais aussi à ce qu’on porte de ceux qui sont venus avant », commente Marie-Pierre Proulx.

Dualité linguistique

La pièce Jack est parsemée de citations de l’auteur Jack Kerouac. Pour la dramaturge, « les passages viennent faire écho à ce qu’Alexandra vit et viennent nommer ce qu’Alexandra n’arrive pas à nommer par rapport à ce qu’elle vit. Un peu comme la littérature le fait parfois. On lit des œuvres qui nomment mieux que nous ce qu’on vit intérieurement. »

Marie-Pierre Proulx a choisi de présenter les citations en anglais : « La sonorité et le rythme de la langue ne sont pas les mêmes dans les traductions faites en France. On comprend l’œuvre de Kerouac qui roule comme la route davantage dans sa version originale en anglais. »

De plus, la femme de théâtre utilise les passages en anglais pour ramener le spectateur dans l’univers anglophone où voyage Alexandra : « Toute la pièce se passe en français aux États-Unis et pour un peu nous ramener dans cet univers de l’Amérique, on trouvait ça intéressant d’avoir le contraste des citations de Kerouac qui sont en anglais. »

Transposition à l’écran

Bruce McKay, directeur artistique et co-directeur général de LTDJ, a présenté la pièce lors d’une causerie virtuelle le 16 novembre avec Marie-Pierre Proulx : « J’ai vu beaucoup de pièces en ligne depuis la pandémie et Jack est parmi les meilleures. »

Marie-Pierre Proulx a discuté des défis, mais aussi des succès lors de la transposition de la pièce en format vidéo : « Il y avait plusieurs défis et craintes, mais on savait que la pièce pouvait vivre à l’écran. La proximité de raconter au public peut être transposée à l’écran », estime-t-elle. 

Un des défis était de « transposer certaines des idées de la mise en scène dans les langages de l’écran », ajoute la dramaturge. Par exemple, les transitions des scènes de la vidéo sont exécutées avec des séquences d’objets symboliques du décor en gros plan.

Le rendez-vous virtuel Jack est en définitive une occasion de vivre le théâtre francophone en attendant le retour dans les salles.

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