Faites à la main, la sangsue noir et bleu et la sauterelle jaune et brun attrapent autant de poissons que les mouches achetées en magasin. La fabrication de mouches permet d’approfondir son amour de la pêche à la mouche.
Photo : Dominique Liboiron
Les heures filent. Je n’ai pas bougé de ma chaise depuis deux heures. Seules mes mains bougent, parfois mes bras. Autrement, je reste figé. C’est que je suis en pleine préparation pour une excursion de pêche à la mouche. Une préparation qui demande cette tranquillité presque méditative. Qu’est-ce que je fais exactement ? Je crée mes propres mouches ! Explications.
Le montage de mouches est un loisir certes un peu rare, mais son principe se comprend aisément. Je commence avec un hameçon nu et, à l’aide de ficelle, de plumes, de poils d’animal ou de matériaux synthétiques, je transforme le tout en un insecte ou un animal aquatique afin d’attraper des poissons. Le terme ‘mouche’ s’emploie ici au sens large. On peut imiter des moustiques, des fourmis ou des vers, mais également des souris et des grenouilles.
Ces mouches imitent des insectes que les poissons mangent. Elles sont construites avec des matériaux synthétiques ainsi que du poil de wapiti, de la fourrure de lièvre et des plumes.
Photo : Dominique Liboiron
Les adeptes de cette pratique s’y intéressent pour diverses raisons. Pour ma part, j’aime les tâches qui exigent de la concentration et des outils spécialisés. J’aime, de plus, ce sentiment de fierté lorsque l’une de mes mouches réussit à attirer beaucoup de truites.
Comme moi, les moucheurs cherchent des poissons de plus en plus gros et veulent les attraper avec une mouche qu’ils ont fabriquée eux-mêmes. Un moucheur qui connaît bien sa matière peut tailler ou adapter une mouche selon l’espèce de poisson, la saison et même le lac ou la rivière en question ! Ce faisant, il augmente la possibilité de saisir un énorme poisson.
Malgré tout, il est impossible de pêcher à la mouche l’hiver. Toutefois, le montage durant la saison morte permet, dans la mesure du possible, de poursuivre l’activité. En maintenant son intérêt et en créant des mouches, on songe aux excursions de pêche à venir.
Certains moucheurs disent qu’ils montent afin d’économiser de l’argent. Mais, après avoir acheté les outils et le matériel requis, un moucheur doit produire des centaines de mouches avant de rentabiliser son affaire. Parfois, un expert en montage développe une clientèle, mais bien souvent ces revenus alimentent davantage sa passion, l’amenant à acheter des outils de plus en plus spécialisés ou de meilleure qualité.
Le montage demande du savoir-faire. Une mouche doit bien paraître, sinon les poissons risquent de se méfier et de ne pas la mordre. Le moucheur cherche ainsi à déjouer ou à tromper l’œil scrutateur du poisson.