Graham Fraser, le commissaire aux langues officielles
OTTAWA- La dualité linguistique est toujours vivante au Canada mais selon le Commissaire aux Langues officielles, Graham Fraser, l’arrivée massive d’immigrants au Canada change la donne. Il est important, dit-il, que ceux-ci comprennent que la dualité linguistique est une composante de l’identité canadienne. Les festivités du 150e anniversaire du Canada en 2017 seront l’occasion de faire passer ce message.
« C’est un gros test de la reconnaissance de la dualité linguistique », a insisté M. Fraser lors d’une entrevue à Francopresse.
Qu’il s’agisse d’événements historiques ou d’expositions à des musées, ces festivités seront l’occasion de dire haut et fort « que la dualité linguistique est une partie intrinsèque de notre histoire, de notre réalité, de notre identité. » D’autant plus que « le pays est en transformation démographique. »
« On accueille 250 000 immigrants par année...Ça veut dire qu’il y a deux millions de nouveaux arrivants qui sont arrivés depuis mon arrivée en poste et ces gens-là n’ont pas vécu notre histoire, n’ont pas étudié à l’école. »
Ceux-ci n’ont donc pas été exposés aux enseignements de l’histoire canadienne ni à la richesse de la dualité linguistique. Les célébrations du 150e doivent refléter cette réalité.
Selon M. Fraser, les organisateurs des festivités doivent se rendre compte « que chaque anniversaire de la Confédération est une occasion de faire avancer la dualité linguistique. »
« Mon espoir, c’est que les organisateurs des festivités de 2017 utilisent cette occasion pour faire avancer les deux langues. C’est pour ça qu’on a publié un manuel pour les organisateurs des événements afin d’expliquer l’utilisation des deux langues dans le cadre d’un événement. »
À chaque fois qu’il y a eu des célébrations de la Confédération canadienne, la dualité linguistique a fait des pas. En pleine guerre mondiale, le 50e anniversaire de la Confédération avait été repoussé à l’année 1929, date à laquelle les premiers timbres postes bilingues avaient été introduits.
« Il y avait tout un débat autour de ça, il y avait des gens qui soupçonnaient que ce serait la pente glissante vers le bilinguisme et effectivement, ils n’avaient pas tort », a précisé M. Fraser, sourire en coin.
Dans cette même veine, le centième anniversaire de la Confédération, en 1967, sera une année charnière qui fera progresser la reconnaissance de la dualité linguistique.
L’Expo 67, « c’était la manifestation physique d’un bilinguisme opérationnel. Et moi je suis convaincu que l’expérience des millions de Canadiens qui ont visité Montréal et le site d’Expo 67, c’était la découverte qu’on pouvait avoir un environnement bilingue. »
C’est à l’automne 1967 également que la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme déposait son premier rapport. C’est la même année où Pierre Trudeau, alors ministre de la Justice, définissait les droits linguistiques comme « le droit d’apprendre et le droit d’utiliser » la langue de son choix. Il posait les jalons des droits linguistiques tels que définis dans la Charte canadienne des droits et libertés de 1982.
Au ministère du Patrimoine canadien, il y a des préparatifs en cours en vue des célébrations du 150e mais pour l’heure, le commissaire a été exclu des discussions.
Cependant, il a été impressionné par les changements qui ont été faits au sein du ministère pour offrir davantage de services bilingues, et donc, jusqu’à preuve du contraire, il croit que les festivités s’enlignent bien pour souligner le caractère bilingue du Canada.