Depuis que l’homme est devenu conquérant, d’autres sont devenus ses ennemis ou encore les victimes d’atrocités guerrières. Le conquérant est armé, enragé et convaincu de sa justification d'agir par la violence pour occuper et déposséder l’autre de sa demeure, son territoire, sa dignité. Il prétend libérer, évangéliser, civiliser les populations ignares par sa conquête. Cette logique guerrière semble sans faille, comme d'ailleurs celle d’engager des frappes aériennes pour riposter face aux avancées des nouveaux conquérants du Moyen-Orient. Répondre à la violence par la violence est une logique propre à l’esprit du conquérant... L'escalade est alors inévitable et la violence se perpétue, les innocentes victimes se multiplient et les belligérants de part et d’autre se renforcent et justifient de plus belle leur volonté de vaincre et de tuer.
La volonté de domination et de conquête développe un sentiment de supériorité qui donne tous les droits sur les autres. Toutefois, ces pillages, meurtres et autres atrocités vont développer, chez ce conquérant, une peur viscérale que ses victimes viendront se venger d’une manière ou d’une autre. Ainsi, l’autre, l'étranger, même s’il est dans le besoin, inoffensif et demandeur d’asile, demeura pour le conquérant un renégat, une menace dont nous devons nous protéger et surtout éviter qu’il prenne pied sur nos terres. D'autant plus que depuis qu’un fort sentiment islamophobe est venu empester les nations occidentales, suite aux événements du 11 septembre 2001, l’accueil des réfugiés venant du Moyen-Orient est devenu quasi-impossible tant la sécurité est sévère et la peur aiguë à leur égard. Cet étranger, ce potentiel terroriste camouflé en innocente victime, semble justifier notre inaction face à ce désastre humanitaire. La peur est en contradiction avec la solidarité comme la guerre ne peut pas mener à une paix durable.
Le Canada, en s’engageant dans ce cycle vicieux de la riposte armée, malgré la rhétorique guerrière qui vise à éliminer l’avancée des atrocités locales et défendre la société civile, se positionne comme un conquérant. Abandonnant les victimes à leur sort. C'est comme vouloir à tout prix éteindre un incendie en espérant que les résidents ne soient pas brûlés avant de parvenir à éteindre les flammes. Cette position militariste explique aussi pourquoi nous ne pouvons plus être un pays d’accueil et faire preuve de solidarité avec les milliers de réfugiés qui frappent à nos portes en espérant trouver asile le temps que les conquêtes s'estompent. Pourquoi cette attitude défensive face aux victimes semble-t-elle encore raisonnable aujourd’hui pour ce gouvernement? Même si les expériences passées (Vietnam, Kosovo, etc.) ont illustré les avantages que les réfugiés apportent à l’économie canadienne et à la société de manière générale.
Notre pays a longtemps été reconnu comme une nation solidaire faisant preuve d’humanité et de compassion. Aujourd’hui, la Canada a perdu cette réputation et encore pire semble prêt à abandonner des victimes à leur sort en employant les feux de la guerre, l’esprit du conquérant, plutôt que d’offrir les soins urgents pour ces hommes, femmes et enfants forcés de demander refuge et espérer que la générosité demeure de ce monde. Hélas, le Canada ne semble plus être un peuple généreux, du moins depuis que ce gouvernement nous représente sur la scène mondiale.