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Aventure et plein air

Peu de surprises au débat sur les enjeux francophones

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FRANCOPRESSE – Modernisation de la Loi sur les langues officielles, aide aux institutions postsecondaires et garderies, immigration francophone et bilinguisme à la Cour suprême ont accaparé les représentants des cinq principaux partis politiques alors qu’ils ont croisé le fer, mercredi soir, lors du débat sur les enjeux francophones diffusé sur les ondes de RDI.

Si plusieurs thèmes ont fait l’unanimité quant à l’urgence d’agir, les participants ont proposé différentes façons de faire face aux enjeux de la francophonie canadienne. 

La refonte de la Loi sur les langues officielles est constamment revenue sur le tapis. À plusieurs reprises, certains candidats ont reproché au gouvernement libéral — représenté par la ministre sortante des Langues officielles, Mélanie Joly — d’avoir attendu quelques jours avant la fin de la dernière session législative, en juin dernier, pour déposer le projet de loi sur la modernisation.

«Si elle avait vraiment voulu mettre en place ce projet de loi, elle l’aurait fait bien avant», a souligné le représentant conservateur et porte-parole de son parti en matière de langues officielles, Alain Rayes.

Mélanie Joly n’a pas répondu à ce commentaire, contrattaquant plutôt en affirmant qu’à «chaque fois que les conservateurs sont élus, à chaque fois, les droit ses francophones reculent au pays».

La ministre sortante a également réitéré que le projet de loi serait déposé à nouveau dans les 100 jours d’un éventuel nouveau mandat libéral. 

«Il est évident que la Loi sur les langues officielles doit avoir plus de mordant. On doit donner plus de pouvoir à notre commissaire aux langues officielles. On veut également que les juges de la Cour suprême soient bilingues, contrairement à ce que les conservateurs proposent. Aussi, on est d’accord avec le fait qu’il doit y avoir une agence centrale au Conseil du Trésor», a fait savoir Mme Joly.

À chaque parti son grain de sel

Centre national des arts
Le débat sur les enjeux francophones avait lieu au Centre national des arts.
Crédit : Skeezix1000 – Wikimedia Commons

Une déclaration qui a surpris François Larocque, professeur à la Faculté de droit et titulaire de la Chaire de recherche sur la francophonie canadienne en droits et enjeux linguistiques de l’Université d’Ottawa. 

«C’est une nouveauté parce que ce n’est pas dans le projet de loi [libéral]. Dans le projet de loi, le rôle premier de mise en œuvre de la loi revient toujours au ministre du Patrimoine», indique M. Larocque.  

Selon lui, les libéraux ont peut-être décidé de suivre le consensus exprimé sur cette question par les autres partis et la communauté francophone, qui réclame depuis longtemps que la mise en œuvre de la Loi soit confiée au Conseil du Trésor.

Le candidat du Bloc québécois, René Villemure, s’est également jeté dans la mêlée : «Le problème est que la Loi proposée renforce le bilinguisme institutionnel et non pas le français. C’est un recul.» 

Selon lui, le fédéral investit de façon disproportionnée dans la minorité anglophone du Québec comparé aux francophones du reste du pays.

Pour Luc Joli-Cœur du Parti vert, bien que l’urgence climatique soit la priorité de sa formation, «c’est sûr que les questions francophones nous préoccupent aussi au plus haut point. Notre cheffe l’a dit : pour elle, le français, c’est quelque chose de très important.»

Le représentant du Nouveau Parti démocratique, François Choquette, ancien porte-parole de son parti en matière de langues officielles, a rappelé que sa formation a eu des «champions» dans ce secteur, tels que l’ancien député acadien Yvon Godin. 

«Je me suis battu également pour l’Université de l’Ontario français, pour la défense des francophones partout au pays», a ajouté M. Choquette.

Différents plaidoyers sur le bilinguisme à la Cour suprême

Autre sujet épineux discuté : le bilinguisme des juges à la Cour suprême. 

La libérale Mélanie Joly et le néodémocrate François Choquette ont reproché aux conservateurs de ne pas s’engager à nommer des juges bilingues.

Alain Rayes a souligné que l’objectif pour les conservateurs est d’avoir des juges bilingues, «mais que si pour une question de compétence, ce n’était pas le cas, ils devront s’engager à l’apprendre». 

Il s’est défendu en soulignant que le gouvernement libéral a agi de la même façon en nommant une gouverneure générale qui ne parle pas français, mais qui s’est engagée à l’apprendre.

Enseignement postsecondaire : «J’ai le poil qui me lève»

Mélanie Joly a affirmé qu’il est crucial pour son parti d’assurer un continuum en éducation, allant des garderies francophones financées par le programme que son parti propose — un système «que les conservateurs veulent scrapper» — jusqu’à des institutions postsecondaires francophones subventionnées par une enveloppe que les libéraux s’engagent à doubler.

 «J’ai le poil qui me lève quand j’écoute la ministre parler», a rétorqué Alain Rayes. 

«Ça fait six ans qu’ils sont au pouvoir. Ça fait six ans qu’il y a un manque de financement. On s’est engagés, dans notre plateforme, à mettre un fonds de 30 millions $ par année pour soutenir le financement des universités», a ajouté le candidat conservateur.

«C’est pas avec 30 millions qu’on va aller très loin», a rétorqué Luc Joli-Cœur du Parti vert. «Ça prend un financement stable sur plusieurs années.»

Pour François Choquette, du NPD, «le problème, c’est où vont-ils prendre l’argent? Nous, ce qu’on a dit, c’est qu’on va mettre un impôt sur les grandes fortunes».

Visionnez le débat sur les enjeux francophones

Le Bloc non grata en Acadie

L’épisode plus tôt cette semaine de la décision de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB) d’annuler à la dernière minute une rencontre avec le chef bloquiste, Yves-François Blanchet, prévue à Caraquet dans la Péninsule acadienne, a été soulevé par l’animateur de la soirée, Mathieu Nadon.

René Villemure du Bloc a voulu tourner la page sur ce qu’il a qualifié «d’anecdote». Selon lui, il n’y avait pas là de mauvaises intentions. 

«Je crois que ça a été monté en épingle. On aimerait bien pouvoir aider les francophones hors Québec, mais on n’imposera rien. On va tenter de leur donner un pouvoir de négociations et partager les connaissances.»

Les autres participants au débat n’ont rien ajouté à cette affaire.

Parmi les autres sujets de discussion, les partis s’entendent en grande partie sur le besoin d’augmenter l’immigration francophone, de taxer les géants du Web pour entre autres favoriser la production en français et de soutenir le secteur culturel dans les communautés francophones. 

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