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Aventure et plein air

Le faux-gui du pin et les balais de sorcière

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Plant de faux-gui sur une branche de pin gris

Plant de faux-gui sur une branche de pin gris

Photo: Megan Horachek
Plusieurs d’entre vous ont probablement pris la route vers le nord de la province durant la longue fin de semaine, ou le ferez à un moment durant l’été. Lorsque vous conduirez sur les routes au nord de Prince-Albert, prenez un moment pour observer la forêt qui la borde, en particulier lorsque celle-ci est composée de pins gris (Pinus banksiana Lamb.). Le pin gris est une espèce d’arbre commune dans la forêt boréale à travers le Canada, de l’Alberta au Québec. C’est un arbre important pour l’industrie forestière, et qui semble également important pour l’habitat du caribou forestier en Saskatchewan en raison de l’abondance de lichens qu’on trouve sous son couvert forestier1. Vous remarquerez peut-être qu’un grand nombre de pins ont des formes de croissance anormales s’apparentant à des balais de sorcière. Les arbres peu infectés ont quelques balais, alors que les arbres fortement atteints n’ont presque plus de branches normales et sont couverts de balais.

La raison de cette forme de croissance étrange en balais de sorcière est la présence d’une plante parasite indigène à l’Amérique du Nord : le faux–gui du pin (Arceuthobium americanum). Le faux-gui du pin est un parasite spécifique au pin gris et au pin tordu (lodgepole pine, Pinus contorta) qui est présent de la Colombie-Britannique à L’Ontario, et jusqu’en Californie et au Colorado. La zone de la plaine boréale de l’Alberta, de la Saskatchewan et du Manitoba est la plus affectée par ce parasite puisqu’on estime y retrouver environ 73% des pins gris infectés au Canada. Le faux-gui affecte l’allocation des ressources, l’utilisation de l’eau et la forme de croissance de l’arbre hôte. En plus des impacts évidents par la formation de balais de sorcière sur la forme de croissance, les arbres affectés présentent une diminution de la qualité du bois, une réduction de la production de graines et un déclin de la santé de l’arbre. Dans ses travaux de maîtrise, une étudiante de l’Université de la Saskatchewan, Megan Horachek, a découvert que les pins affectés par le faux-gui dans le sud de la zone boréale de la Saskatchewan ont une croissance radiale (du tronc) très réduite en comparaison avec les arbres sains, et perdent leur capacité de réponse aux variations climatiques. Les branches les plus affectées finissent souvent par casser puisqu’elles deviennent trop lourdes. Tous ces impacts négatifs mènent éventuellement à une mortalité accrue des pins infectés par le faux-gui.

Le faux-gui du pin est une plante parasite obligatoire, c’est-à-dire qu’elle peut seulement croître sur les espèces de pins hôte et nul part ailleurs. Lors de l’établissement du faux-gui sur un pin, le parasite envoie ses racines dans le système vasculaire de l’arbre, ce qui lui permet d’avoir un accès direct aux ressources. Les pousses du faux-gui apparaissent à la surface après 2 à 5 ans d’incubation et mesurent généralement de 5 à 9 cm de hauteur. Elles sont jaunâtre à vert olive et sans feuilles. Le faux-gui du pin est une plante dioïque, ce qui signifie que l’on retrouve des plantes mâles et femelles. Le faux-gui a un mode de dispersion de ses graines particulier impliquant un processus hydrostatique explosif qui expulse les graines à une dizaine de mètres! La dispersion sur de plus grandes distances est effectuée par le transport sur le plumage des oiseaux ou le pelage des mammifères.

Le faux-gui du pin, bien qu’étant une espèce indigène, est l’une des pestes les plus dommageables au pin gris dans la forêt boréale canadienne. Entre 1994 et 1996, on a estimé que la perte de bois due à l’infection par le faux-gui en Alberta, Saskatchewan et Manitoba était de 1.5 millions de mètres cubes. Malgré cela, on en sait encore relativement peu à son sujet, ce qui est particulièrement critique dans un contexte de changements climatiques. On prédit que les infections par des parasites (insectes, plantes et champignons) devraient augmenter dans la forêt boréale sous un climat plus chaud. Il est maintenant important de se pencher sur la manière dont ces parasites vont interagir avec un climat plus chaud et une augmentation du stress hydrique des arbres, mais aussi sur l’interaction avec les feux de forêt et les activités humaines dans la région.

 

1 Voir le rapport préliminaire sur l’état du caribou forestier en Saskatchewan : http://mcloughlinlab.ca/lab/wp-content/uploads/2016/11/2013-2016-SK-Boreal-Shield-Caribou-Project-Interim-Report-Nov-18-2016.pdf.

Pour en savoir plus :

Mémoire de maîtrise de Megan Horachek https://ecommons.usask.ca/xmlui/handle/10388/7459

http://journals.sfu.ca/cfn/index.php/cfn/article/viewFile/62/61

http://www.cabi.org/isc/datasheet/6824

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