Quel avenir pour la Fédération provinciale des Fransaskoises?
Privée de financement et de personnel depuis avril 2015
La Fédération provinciale des Fransaskoises (FPF) est en mode survie. Sans aucun financement depuis avril 2015, qu'elle soit toujours présente relève du tour de force. Pour faire le point sur les défis et perspectives d'avenir de l'organisme, l'Eau vie s'est entretenue avec 3 membres de son conseil d'administration, à savoir Stéphanie Gaudet, présidente, Cécile Tkachuk, vice-présidente et Sylvie Gaudet, secrétaire-trésorière.
Le financement n'est plus au rendez-vous. Depuis plusieurs années il était insuffisant. Depuis 4 ans « on n'avait pas de programmation, juste quelques activités comme la Journée de la femme, le regroupement de femmes artistes à la Fête fransaskoise, un projet de leadership, la tenue de l'AGA », explique Sylvie Gaudet.
Déjà en 2014 la FPF envisageait de mettre un terme à ses activités. Lors de son assemblée générale annuelle en 2015, elle annonçait qu'elle devrait revoir ses façons de faire et adopter une approche fondée sur le bénévolat. « Ce ne sera plus un organisme qui va fonctionner comme on est habitué dans la Fransaskoisie », avait alors déclaré celle qui était la directrice générale de l'organisme, Agathe Paulin. (Voir l'Eau vive 23 avril 2015)
Quand le bénévolat ne suffit pas
Plus d'un an plus tard, comment cette approche fonctionne-t-elle? Difficilement, comme il fallait s'y attendre. Une fois la gestion de l'organisme assurée, il reste peu de temps à consacrer à autre chose. Comme l'explique Cécile Tkachuk : « C'est impossible pour une personne bénévole qui travaille à plein temps de mener un projet ». Sans employée, monter un projet et aller chercher du financement pour le réaliser relève en effet de l'impossible. Ce qui est d'autant plus dommageable quand on sait que le financement des organismes repose largement sur le « financement par projet ».
Un des plus grands atouts de la FPF est certainement la présence, sur son conseil d'administration, d'une « relève ». Stéphanie Gaudet et Sylvie Gaudet, la trentaine ou à peine, témoignent de l'intérêt de jeunes femmes pour « les dossiers femmes » et de leur désir de s'impliquer. Mais, confient-elles, « sans financement c'est difficile d'aller chercher les jeunes ».
« On pourrait par exemple faire des projets avec l'Association jeunesse fransaskoise, spécialement conçus pour les jeunes femmes. On l'a déjà fait », de dire Cécile Tkachuk. Elles viennent.. mais ça ne les amène pas nécessairement à s'intéresser à la gouvernance, à la gestion d'un organisme ».
Car être jeune ne signifie pas qu'on a plus de temps à consacrer à l'action bénévole. On est souvent maman, ou étudiante, ou on a un travail à temps plein, ou parfois tout ça à la fois. Il y a aussi que les jeunes ne voient pas le bénévolat du même œil que leurs parents, qu'ils sont davantage sensibles aux notions de « projet » et de « partenariat ».
Qui s'occupe des dossiers femmes?
Il avait également été question, en 2015, que la FPF poursuive son action en travaillant en collaboration avec différents organismes sur des dossiers femmes précis. Cela non plus ne s'est pas concrétisé. L'idée que chaque organisme ait un volet « femmes » n'a suscité ni projet ni intérêt.
« Quand tout l'monde est responsable du dossier, personne est responsable du dossier » de dire Stéphanie Gaudet. Cécile Tkatchuk ajoute:« Beaucoup d'organismes font, par exemple, des activités autour du 8 mars. Mais si on les approche pour un dossier en particulier, ils ne sont pas intéressés, ça ne fait pas partie de leur mandat. ». Sylvie Gaudet conclue : « C'est une chose organiser une fête à laquelle les gens aiment participer, c'est une autre chose de porter un dossier spécifiquement femme ».
Les trois interlocutrices reconnaissent cependant que la réalité des organismes, surtout les plus petits, fait en sorte que chacun doit prioriser sa mission et ses propres objectifs. Ceci étant dit, que ce soit sous forme de partenariat ou de projet, qui pilotera les dossiers spécifiques aux femmes?
On ne saurait oublier qu'aucun des droits dont jouissent les femmes ne leur a été donné. Ils ont tous été obtenus de haute lutte, par des organismes qui en avaient fait leur mission. Si les « dossiers femmes » s'étaient retrouvés en note de bas de page des ordres du jour d'organismes ayant d'autres mandats, qui sait, on en serait peut-être encore à demander le droit de vote.
Une expertise qui vaut son pesant d'or
L'avenir de la FPF passe par les partenariats. Seule, elle ne peut ni concevoir ni réaliser de projets. Ce sont les ressources humaines et financières qui manquent, pas les idées.
L'organisme aurait bien aimé que l'Assemblée communautaire fransaskoise (ACF) lui apporte un soutien administratif. Des démarches ont été entreprises dans ce sens mais n'ont pas abouti. Nous avons demandé à l'ACF pourquoi, Marc Masson nous a répondu que « l'ACF est énormément sollicitée. On a moins de ressources que ce qu'imaginent les gens.». - L'Eau vive ayant elle-même sollicité la même chose avec le même résultat, cette réponse ne nous a pas étonnés.
Mais la FPF n'a pas que des besoins. Elle a également beaucoup à offrir. Elle a collaboré étroitement avec la Fédération des aînés ces dernières années, notamment dans le dossier des aidants naturels - ne serait-ce que parce-que la majorité des aidants sont des aidantes. Elle a aussi travaillé pendant plusieurs années avec l'organisme national, l'Alliance des femmes de la francophonie canadienne, sur ce dossier et développé une expertise non négligeable dans le domaine. Une expertise qui serait certainement un atout pour tout projet concernant la santé des personnes âgées ou non et les personnes qui leur viennent en aide.
Et puis, il y a ce projet d'un camp de leadership qu'elles ont déjà caressé... Le développement du leadership chez les jeunes, voilà un autre domaine dont on parle beaucoup et dans lequel elles ont aussi pas mal d'expertise. Il serait dommage que toute cette expérience, cette expertise, ne soient mises à profit.
Appel à toutes
« Les organismes dans les communautés ont peut-être des activités pour appuyer les femmes de leur communauté mais nous, en tant qu'élues, nous ne sommes pas informées, de dire au terme de l'entretien Stéphanie Gaudet. On peut nous envoyer des informations, des invitations même! Notre adresse courriel est encore bonne».
fpf@sasktel.net
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