L'intimidation s'est invitée au Rendez-vous fransaskois
Semaine nationale de l'intimidation
La présidente de l'AJF Gillian Theoret lors de son allocution.
Photo : Pierre-Émile Claveau (2017)
La jeunesse fransaskoise a décidé de faire entendre sa voix concernant l’intimidation lors de l’assemblée générale de l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF), le 10 novembre dernier, à l’hôtel Double Tree, à Regina.
La présidente de l’Association jeunesse fransaskoise (AJF), Gillian Theoret, a fait un plaidoyer aux membres de l’ACF afin de dénoncer l’intimidation dans la communauté. Au cours des dernières semaines, les allégations d’intimidations se sont multipliées dans la communauté fransaskoise, notamment dans le contexte des élections de l’ACF.
« Nous [la jeunesse fransaskoise] croyons que toute la communauté devrait être contre l’intimidation. De plus, c’est un bon message à promouvoir surtout puisqu’une grande partie de la communauté est présente. » a-t-elle expliqué sur les raisons de son discours. (Voir le texte de son allocution en encadré)
Son allocution a été chaudement applaudie à l’assemblée tout comme sur les réseaux sociaux. De nombreuses personnes de la communauté l’ont félicitée d’avoir offert une leçon aux adultes, comme l’artiste Zoé Fortier et la présidente de la Coopérative des publications fransaskoises, Marie-France Kenny, qui a déjà été présidente de l’ACF. Gillian a également reçu des félicitations de Jean Johnson, président de la Fédération des communautés francophones et acadiennes.
La loi de la jungle sur Facebook!
L’allocution de Madame Theoret tombe à point. Des membres de la communauté fransaskoise ont utilisé les réseaux sociaux pour partager des allégations d’intimidation pendant la dernière campagne électorale. Dans certains cas, ces dénonciations ont donné lieu à des échanges hostiles. Des personnes se sont faites accuser d’utiliser la dénonciation comme tactique pour influencer le vote des électeurs.
Les élections sont en théorie derrière nous. Malgré tout, l’intimidation est belle et bien présente, selon les propos de plusieurs membres de la communauté. La députée communautaire de North Battleford, Christine Freethy, a publié une vidéo sur Facebook disant avoir été victime d’agression verbale et physique par un employé de l’ACF, le samedi soir, au Rendez-vous fransaskois. Une plainte a été déposée à la Gendarmerie royale du Canada et a été transmise à la police municipale de Regina.
Selon un témoin, le tout aurait débuté après une présentation pendant le banquet de l’ACF. Les noms des élus de Saskatoon et du président Denis Simard ont été omis dans la présentation du maître de cérémonie, car leur élection fait l’objet d’une contestation. Dans le lobby de l’hôtel, Madame Freethy, en compagnie des candidats de Saskatoon, aurait eu des échanges mouvementés avec l’employé en question pour dénoncer cette omission. Le ton aurait rapidement monté et la situation a dégénéré.
La situation n’est pas sans rappeler la soirée du dépouillement des votes par anticipation à Saskatoon quand la scrutatrice au Relais a menacé d’appeler la police face à l’escalade des échanges entre le candidat Roger Gauthier et le représentant de Denis Simard, Kouamé N’Goandi.
Entre-temps, l’employé visé par les accusations a été mis en arrêt de travail le temps de l’enquête et l’ACF a communiqué la note suivante aux médias :
Depuis le Rendez-vous fransaskois, l’ACF a été saisie d’une plainte impliquant l’un de ses employés. L’ACF prend ces allégations très au sérieux et a aussitôt mis en place une démarche rigoureuse et professionnelle pour traiter la situation. Dans le cadre de cette démarche, une enquête sera lancée mais ne sera pas discutée publiquement pour protéger la confidentialité des personnes et des faits tel que requis dans une telle situation. Dans ce contexte, l’ACF ne fera pas de commentaires et appelle à la retenue des parties.
Allocution de Gillian Theoret, présidente de l'Association jeunesse fransaskoise
Depuis que je suis petite on me dit de m’impliquer, que c’est ma communauté. Depuis que je suis adolescente, on me dit que je suis la relève, qu’on compte sur moi. Depuis que je suis une jeune adulte, on me dit que je ne suis plus la relève, que je suis ici maintenant. On entend toujours qu’il faut faire de la place aux jeunes, que les jeunes ne veulent pas s’impliquer.
Je me suis impliquée dans l’AJF. Un organisme dynamique qui m’inspire tous les jours. Un organisme où l’on apprend aux jeunes des valeurs, des concepts comme l’esprit d’équipe, le respect, le dialogue.
Dans nos écoles, dans notre organisme, on vise « zéro intimidation ». On enseigne à nos jeunes qu’il faut jouer gentiment ensemble dans le carré de sable et partager les jouets avec nos amis. On enseigne le respect de l’autre et on invite les jeunes à un dialogue sain sans insultes, injures et allégations de toute sorte. On apprend aux jeunes à se servir des médias sociaux de façon responsable.
Nous ne sommes certainement pas insensibles à ce qui se passe dans notre communauté. Nous savons qu’il y a des défis, des opinions et des intérêts tout aussi diversifiés que nous le sommes.
Aujourd’hui, nous, les jeunes, sommes ici pour vous dire que « oui », nous voulons prendre notre place, mais pas à n’importe quel prix. Nous voulons une place sans intimidation, sans accusation quelconque parce qu’on s’exprime. Une place où le dialogue et le respect priment.
Posez-vous la question. Qui voudra s’impliquer si le simple fait d’exprimer une opinion contraire fait en sorte qu’on nous insulte, qu’on nous accuse ou qu’on nous intimide sur la place publique ?
Vous nous direz que la majorité des gens ne sont pas ainsi, que c’est une petite poignée de gens qui parlent fort. C’est le temps de dénoncer ces idées. On encourage les enfants et les jeunes à dénoncer s’ils sont témoins ou victimes d’intimidation. Est-ce qu’il ne revient pas à nous tous de donner l’exemple ?
C’est peut-être épeurant ou intimidant de le faire, mais si on se prononce ensemble ici, aujourd’hui, peut-être qu’on pourra retrouver notre communauté unie.
Donnons-nous le courage ici, maintenant, de se mettre debout et dire « assez, c’est assez ».
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