La vie virtuelle
Il y a de ça bien longtemps, lorsque j’étais au secondaire, un des cours que j’ai trouvé le plus aride était celui de physique. À cette époque, on était dans une transition entre deux mondes : la physique de Newton et la physique d’Einstein.
Côté Newton, c’était relativement simple à comprendre : celui-ci ayant reçu, selon la légende, une pomme sur la tête, il avait pu démontrer certaines lois de la gravité. Côté Einstein, c’était la loi de la relativité qui nous avait propulsés à l’ère du nucléaire.
Notre enseignant de sciences était aussi notre enseignant titulaire et on percevait facilement qu’il n’était pas à l’aise avec ce volet de sa carrière. Je crois qu’il tentait à la fois de comprendre les théories que nous devions absorber et de nous les faire comprendre.
Il y avait d’étranges concepts dans cette physique de l’époque. C’est ainsi que l’on y parlait des ordinateurs, ces monstres d’acier et de lampes qui occupaient des chambres complètes dans des édifices et qui pouvaient faire des calculs très complexes à une vitesse fulgurante pour l’époque, de plusieurs jours ou plusieurs semaines, nourris de cartes perforées. On était encore loin de nos ordinateurs domestiques qui sont plus puissants dans leur miniaturisation que ces gigantesques calculatrices des débuts de l’informatique.
Une autre notion qui nous échappait était la réalité virtuelle. C’était pourtant relativement simple : nous, on vivait dans la réalité « réelle », concrète, qu’on pouvait toucher, côtoyer, manipuler. La réalité « virtuelle » s’inspirait plus de la télévision qui commençait à cette époque (encore en noir et blanc).
Nous étions loin de nous douter de l’évolution technologique qui nous plongerait dans le monde des ordinateurs tels qu’on les connaît aujourd’hui, dans le monde des téléphones cellulaires, dans le monde de l’internet, dans le monde des réseaux sociaux et maintenant dans le monde de l’intelligence virtuelle et de la 5G.
La pandémie de la COVID-19 est venue chambouler notre monde. Il y a eu et il continue à y avoir du confinement. On doit éviter de se toucher, se tenir à bonne distance, porter le masque, être en nombre restreint dans les activités culturelles et sportives.
Le travail est largement devenu du télétravail, ce qui était très marginal jusqu’à maintenant. Les réunions passent maintenant par des plateformes comme Zoom, Team, Skype, etc. Beaucoup d’artistes se sont tournés vers ces plateformes pour nous présenter leurs prestations.
Le bon côté de cela, pour moi-même, c’est que je n’ai jamais vu autant de spectacles et de festivals, dont plusieurs que je fréquentais en personne avant ce virus, et d’autres auxquels j’avais toujours rêvé de participer. C’est certain que l’écran ne remplacera jamais la présence physique, le contact avec les autres spectateurs et surtout l’élan et l’échange avec les artistes. Mais entre rien et au moins un réconfort culturel, je choisis ce dernier.
Le futur, ce sera peut-être un monde hybride. Pourquoi, par exemple, ne pourrait-on pas avoir un spectacle francophone à Regina ou Saskatoon, avec une salle pleine de spectateurs et une retransmission dans nos petites communautés qui peuvent difficilement se permettre tel ou tel artiste à cause des coûts ?
Diverses modalités pourraient être envisagées. L’intelligence artificielle et les technologies qui se développeront nous permettront beaucoup d’innovations. Le futur de la réalité virtuelle est maintenant une réalité.
12017
Michel Vézina
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