La francophonie au Canada vue par les Québécois – 2e partie
Émilie Dessureault-Paquette
Après mon séjour en Saskatchewan, j'ai voulu connaître la perception que l'on a des communautés francophones en dehors de la belle province. Il était important pour moi de m'intéresser à la connaissance que l'on a de la francophonie canadienne au Québec. Comment la perçoit-on, dans un contexte où on a parfois de la difficulté à faire de la place à nos propres minorités? À mon retour au Québec, j'ai posé la question à ma famille, des amis et quelques connaissances. Dans l'ensemble, on avait une vision assez restreinte de la question, on n'y avait pas trop réfléchi auparavant.
J'ai été surprise d'entendre mon oncle de l’Outaouais mentionner la cause Caron. Mais à part lui, on n'avait qu'une vague idée du sujet ou on n'en avait pas entendu parler. Ma question “Qu'est-ce que vous connaissez des francophones hors Québec?” a provoqué plusieurs bafouillements ou parfois de l'indifférence. On me nommait souvent le Manitoba, grâce à Louis Riel et à nos cours d'histoire, mais il a peu été question de l'Ontario, du Nouveau-Brunswick, encore moins de l'Ouest.
J'ai été étonnée de découvrir que même en ayant quelques liens avec la francophonie hors-Québec on faisait peu de cas de celle-ci. Une amie québécoise, éducatrice spécialisée habitant à Montréal mais possédant de forts liens familiaux en Acadie et ayant aussi vécu dans une communauté francophone de l'Ontario, me disait que malgré le fait que ses amis soient au courant des ses liens avec l'Acadie et l'Ontario, ils ne lui posaient jamais de question sur son expérience du fait français à l'extérieur du Québec. Elle m'a aussi fait remarquer que lors de ses séjours au Nouveau-Brunswick et en Ontario, elle constatait une baisse de la qualité du français, mais qu'on pouvait dire la même chose du français au Québec.
Quelques Québécois interrogés étaient d'avis qu'on gagnerait beaucoup à en connaître davantage sur les francophones hors Québec, dans une perspective historique et d'une construction identitaire commune. Un interlocuteur de la région de St-Jérome, diplômé de l'Université de Sherbrooke, disait qu'il devrait y avoir d'avantage de cohésion culturelle et sociale entre les francophones du Canada et les Québécois.
Une autre interlocutrice avec qui j'ai discuté, diplômée en Histoire de l'Université de Montréal, me disait qu'il était malheureux que nous en sachions si peu sur les francophones hors Québec et qu'elle aimerait certainement en savoir plus. Comme elle l'a si bien dit, une langue est une manière particulière de penser. Mais à quoi bon tous parler français si on s'ignore les uns les autres?
Je crois que nous avons du travail à faire. Si, comme le pensent certains, les Québécois sont responsable de leur méconnaissance et de leur indifférence, il est également vrai que les francophones du Canada auraient intérêt à se manifester un peu plus pour rappeler leur existence aux Québécois.
À venir: entretiens avec des Fransaskois vivant au Québec
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