Accueil favorable du budget dans la francophonie canadienne
La francophonie canadienne accueille positivement le budget fédéral.
Crédit : Skeezix1000 – Wikimedia Commons
Marc Poirier – Francopresse
Rarement aura-t-on vu autant d’institutions de la francophonie canadienne applaudir si chaleureusement un budget fédéral. Le document proposé le 19 avril par le gouvernement Trudeau est louangé à la fois pour les montants qu’il contient en lien avec les communautés francophones et pour le nombre de programmes qui en bénéficieront.
Jean Johnson, président de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA)
Crédit : Courtoisie FCFA
« C’est quasi historique », affirme sans ambages Jean Johnson, président de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA). « C’est vraiment quelque chose. On est vraiment fier d’avoir eu cette reconnaissance-là dans le budget. »
Le président de la FCFA mentionne d’abord la somme de 8,7 millions de dollars pour la modernisation de la Loi sur les langues officielles : « Pour moi, ça démontre un niveau de sérieux par rapport à leur engagement. C’est comme ça que je l’interprète. » Il se dit également heureux des 121,3 millions prévus sur trois ans afin « d’offrir une éducation postsecondaire de qualité dans la langue de la minorité au Canada ».
S’il espère qu’une partie de ces fonds serviront à venir en aide au Campus Saint-Jean, en Alberta, et à régler la crise qui prévaut à l’Université Laurentienne, dans le Nord de l’Ontario, Jean Johnson souhaite surtout que le problème de fond soit réglé.
Rémi Léger, professeur au Département de sciences politiques de l’Université Simon Fraser
Crédit : Archives Francopresse
« Ça va vouloir dire de tailler une place à travers le pays pour le “par et pour” dans les communautés et qu’on arrête de dépendre des bureaux de gouverneurs qui sont majoritairement anglophones, qui ne comprennent pas notre réalité et qui ne comprennent même pas pourquoi on aurait des services en français », martèle le président de la FCFA.
Rémi Léger, professeur de sciences politiques de l’Université Simon Fraser à Vancouver, aimerait quant à lui que les établissements de la francophonie minoritaire soient priorisés dans l’attribution des 121,3 millions de dollars.
« Normalement, en langues officielles, il y a environ le tiers qui va au Québec. Est-ce qu’on va vraiment donner le tiers au Québec ? Ce n’est pas vraiment McGill et Concordia qui ont besoin d’argent tout de suite. À ce qu’on sache, la crise n’est pas là », souligne-t-il.
Soulagement dans le secteur culturel
Marie-Christine Morin, directrice générale de la Fédération culturelle canadienne-française
Crédit : FCCF – Archives Francopresse
« C’est majeur ! Les investissements sont majeurs. On accueille ce budget favorablement et avec soulagement », réagit la directrice générale de la Fédération culturelle canadienne-française (FCCF) Marie-Christine Morin.
Le budget prévoit en effet une multitude de nouveaux fonds pour appuyer la culture, dont des fonds de relance pour les arts, la culture, le patrimoine et les sports à hauteur de 300 millions sur trois ans, 200 millions pour les festivals locaux par l’entremise du Patrimoine canadien, 70 millions sur trois ans pour la musique, ou encore 16 millions sur deux ans pour les événements culturels communautaires. « C’est à la hauteur des défis. On sent qu’on a été entendus », souligne la directrice générale de la FCCF.
Selon elle, c’est carrément la vitalité culturelle des communautés francophones qui était en jeu. « Quand on a des centres culturels ou des institutions culturelles qui ferment, c’est la capacité des gens des communautés de vivre leur culture en français qui meurt aussi en même temps. »
Par ailleurs, Marie-Christine Morin accueille favorablement l’annonce de fonds destinés à des secteurs connexes qui bénéficieront à l’industrie culturelle, tels que le tourisme et les agences de développement culturel. « Ça, c’est bienvenu et c’était très nécessaire. Je trouve ça encourageant. »
Immigration et garderies… francophones ?
Stéphanie Chouinard, professeure adjointe en sciences politiques au Collège militaire de Kingston
Crédit : Courtoisie – Archives Francopresse
De son côté, la Société nationale de l’Acadie (SNA) voit d’un bon œil les fonds prévus pour les événements et les célébrations, la modernisation de la Loi sur les langues officielles, le secteur du livre et celui de l’immigration.
La présidente de l’organisme, Louise Imbeault, espère que le financement destiné à l’immigration inclura l’immigration francophone et tout particulièrement les efforts pour accorder la résidence permanente et favoriser la rétention. « On a beau dire qu’on est accueillant, il faut que l’accueil soit suivi de réels gains pour ces personnes-là. »
La SNA souhaite aussi que les fonds destinés à l’établissement d’un programme national de garderie accordent à celles en milieu francophone la place qui leur revient. Un sentiment qu’exprime également Stéphanie Chouinard, professeure adjointe en sciences politiques au Collège militaire de Kingston : « On sait que la petite enfance, c’est le nouveau nerf de la guerre avec le postsecondaire au niveau de l’éducation. »
Louise Imbeault, présidente de la Société nationale de l’Acadie (SNA)
Crédit : SNA – Archives Francopresse
« Il restera à voir quelle partie de ce financement-là ira vers des places en garderie pour les minorités linguistiques, mais il y aura assurément un certain pourcentage de ces fonds-là qui seront attribués à des établissements pour des francophones », prévoit la politologue.
Le budget devra passer le test du vote à la Chambre des communes. Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, a cependant déjà indiqué qu’il ne souhaitait pas la tenue d’élections en pleine pandémie.
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