Des réfrigérateurs pour lutter contre l’insécurité alimentaire
Les « frigos communautaires » sont de plus en plus nombreux, apportant une aide alimentaire et luttant contre le gaspillage de denrées. Avec une double crise sanitaire et économique, le besoin essentiel de se nourrir devient parfois un véritable défi pour certaines personnes qui s’en remettent alors à l’esprit charitable de leur communauté.
Ce besoin d’entraide et de soutien, l’association Regina Community Fridge l’a bien compris en proposant l’accès à un réfrigérateur communautaire en tout temps et en organisant une collecte de fonds le 23 janvier à travers un cours de yoga offert au Wellness Revolution Studio de Regina.
« Nous allons offrir un cours de yoga et les frais d'entrée seront versés pour ajouter de la nourriture au réfrigérateur et aider la communauté », se réjouit Erin Smith, bénévole et responsable des communications pour l’initiative.
Josée O’Blenis, instructrice de yoga et de fitness fransaskoise de Regina
Crédit : Courtoisie
Le cours de yoga était offert par la Fransaskoise Josée O’Blenis, elle aussi bénévole, instructrice de yoga et de fitness depuis plus de 10 ans. « L’état actuel du monde a semé la peur et le doute dans l’esprit des gens qui veulent désespérément être autour de visages familiers. Je suis engagée à faire tout ce que je peux pour soutenir ce besoin », explique-t-elle.
Un concept simple mais efficace
Le concept de réfrigérateur communautaire est basé sur la notion de gift economy, ou économie du don, un système basé sur l’échange et le besoin plutôt que sur le gain.
Aussi le réfrigérateur communautaire est-il connu sous le nom de « magasin gratuit ». Les produits sont distribués aux personnes en fonction de leurs besoins.
De retour depuis Noël 2020, les bénévoles maintiennent le réfrigérateur en bon état, vérifient les aliments et en facilitent l’accès. « Nous nous assurons que les gens aient accès à la nourriture quand ils en ont besoin. Cela signifie qu'il n'y a pas de restrictions communément associées à la charité comme les tests de ressources ou les limites d'accès », souligne Erin Smith.
Des efforts groupés
Selon le Rapport sur les prix alimentaires canadiens publié en décembre dernier, le prix des denrées alimentaires devrait augmenter de 3 à 5 % en 2021, soit plus que le taux d’inflation. Un fardeau économique pour certaines familles qui devront dépenser en moyenne près de 700 dollars de plus cette année pour leurs paniers d’épicerie.
Ainsi, depuis le début de la pandémie, de plus en plus de personnes dépendent des banques alimentaires, un besoin préexistant à la crise mais de plus en plus visible. « La COVID-19 met une loupe sur ces problèmes économiques et sociaux », observe Erin Smith.
Même constat pour Josée O’Blenis : « Le plus grand enjeu est d’atteindre les gens à grande échelle afin de les sensibiliser aux besoins sans cesse croissants de la communauté et faire notre part pour aider à éliminer l’insécurité alimentaire », exprime l’instructrice de yoga.
S’engager à mieux consommer, partager et sensibiliser, c’est ce que tente de faire la bénévole fransaskoise au grand cœur. D’abord en relayant l’initiative autour d’elle, puis en offrant un cours de yoga, mais aussi et surtout en enseignant à ses enfants qu’il faut rester attentif aux besoins des autres : « Nous enseignons à nos enfants à quel point ils sont privilégiés et comment il est de notre devoir d’aider ceux qui sont dans le besoin sans jugement. Nous ne pouvons pas savoir quelle est la réalité quotidienne de quelqu’un et comment elle l’affecte. »
Une cause plus profonde à régler
Bien que l’initiative apporte du réconfort aux plus démunis, les réfrigérateurs communautaires ne résoudront pas à eux seuls les problèmes systémiques qui causent l'insécurité alimentaire.
Pour Erin Smith, c’est la société de consommation qui doit changer : « L'objectif serait essentiellement d'éliminer les systèmes qui marchandisent les besoins humains de base, avance-t-elle. Au niveau local, l'objectif est de donner à la communauté les ressources dont elle a besoin pour s'aider elle-même. Il ne s'agit pas de sauver les gens, il s'agit de communautés qui se rassemblent pour se sauver elles-mêmes. »
Afin de mesurer cette entraide, les bénévoles mesurent les stocks de nourriture et se tiennent au courant des nouvelles créations de réfrigérateurs dans les communautés. Erin Smith encourage d’ailleurs à en créer là où il y en a besoin : « Les ressources sont facilement disponibles pour démarrer votre propre réfrigérateur ! », assure-t-elle.
À défaut de réfrigérateur, la bénévole encourage les membres des communautés à faire appel à leur créativité et leur générosité. « Il y a encore une tonne de choses que vous pouvez faire pour rendre votre monde meilleur et rappelez-vous que l'entraide ne consiste pas à sauver le monde par vous-même, c'est nous tous qui travaillons ensemble pour le sauver », ponctue-t-elle, inspirée.
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Leslie Diaz
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