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Tabou no more

Neptune Frost, aux frontières du réel

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Neptune Frost est un film musical de science-fiction afro-futuriste co-réalisé en 2021 par Saul Williams, artiste multidisciplinaire américain, et Anisia Uzeyman, dramaturge et actrice rwandaise. L’œuvre porte à l’écran le Fransaskois d’origine burundaise Bertrand Ninteretse, plus connu sous son nom d’artiste Kaya Free.

Neptune Frost est un cri profond et complexe dénonçant une technologie colonialiste qui asservit les peuples. Un peu comme une matrice, cette technologie est l’autorité suprême maintenant les humains dans une simulation imaginée.

Neptune Frost est le récit de plusieurs personnages qui s’échappent, dont celui d’un homme qui devient le vaisseau mère d’une rébellion numérique, ou encore celui d’un rêveur, Martyr Loser King, incarné par Bertrand Ninteretse.

Le film est captivant. Fidèle aux codes du film de science-fiction, il offre un double niveau de lecture au cœur du processus narratif. D’un côté, l’œuvre est un divertissement proposant des costumes à la Mad Max et des atmosphères nocturnes enivrantes, musicales et colorées. De l’autre, le film projette l’ombre du conflit sanglant lié au coltan, un minerai convoité, en Afrique.

Une exploitation, et une rébellion

Un peu comme la précieuse épice du film Dune, le coltan de Neptune Frost fait l’objet des convoitises et du travail acharné d’une minorité. Le minerai se retrouve dans les ordinateurs et autres objets connectés contribuant au contrôle des masses.

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Crédit : Neptune Frost (2021) a été réalisé par Saul Williams et Anisia Uzeyman, et distribué par Kino Lorber.

Le terme de système d’exploitation prend alors tout son sens. La tendance est à la dystopie et à la mise en scène d’un monde en perdition où l’humain et la machine se confondent jusque dans leurs philosophies respectives.

Un groupe de miniers trouve alors la force et le courage de se rebeller contre Big Brother et ses algorithmes en suivant Martyr Loser King, dont le nom n’est pas sans nous évoquer celui de Martin Luther King.

Tout comme la figure historique, notre personnage lui aussi rêve de délivrance et d’égalité pour le peuple noir. Le rêve de Martyr lui fera croiser le chemin d’une entité cosmique, entraînant le spectateur dans un univers afro-futuriste.

La bande-son est incroyable. L’univers futuriste se mélange à la culture du Rwanda et du Burundi au travers du rythme des ingomas, des tambours burundais, et de la langue kirundi.

Par les conteurs et les sages, on nous parle d’êtres venus des étoiles, de création et d’exploration spatiale. Le réalisateur Saul Williams, lui-même rappeur, donne à son film un rythme des mots et des langues à travers des slams et des raps.

Entre passé et présent, entre rêve et réalité, Neptune Frost revisite l’univers cyberpunk de la science-fiction tout en pointant du doigt (littéralement) les problèmes d’inégalité persistants. Et invite le spectateur à vivre un bad trip qui se révèle en être un bon, voire très bon.

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