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Tabou no more

Entretien avec le Winston Band

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1) Vous avez hâte de votre passage en Saskatchewan du 27 février au 8 mars ?

Ce sera une première pour nous en Saskatchewan et on est bien excités. C’est toujours très intéressant pour nous de découvrir les communautés francophones des autres provinces et territoires. On est contents de pouvoir en apprendre sur d’autres réalités qu’on ne connaît pas bien au Québec et ça nous ramène à l’histoire, à la fragilité des cultures minoritaires, à la pertinence de continuer à faire ce qu’on fait, de perpétuer notre héritage francophone.

Pour nous qui sommes très inspirés par la musique cajun/zydeco, c’est-à-dire de la musique traditionnelle francophone qui a évolué dans des conditions minoritaires, je crois qu’il y a toujours une sorte de connexion ou familiarité naturelle entre ce qu’on fait et les francophones hors Québec. On a pu voir ça en Ontario, au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et même aux Territoires du Nord-Ouest, où la musique louisianaise est généralement mieux connue qu’au Québec.

2) Comment décririez-vous votre style musical ?

On fait un mélange de zydeco (la musique des Créoles de Louisiane), de cajun (la musique des Acadiens de Louisiane) et d’autres influences (rock, traditionnel québécois). Ça donne quelque chose d’à la fois festif et mélancolique, avec l’accordéon qui mène le bal, puis guitare, basse, batterie et frottoir qui forment la section rythmique (instrumentation typique du zydeco).

On connaît beaucoup de morceaux traditionnels, mais en concert on fait en majorité des morceaux originaux qui sont parfois très proches du style louisianais, et d’autres fois plus éloignés. On n’a pas d’origine américaine, louisianaise, acadienne ou créole, mais on adore cette musique et on s’en inspire pour faire notre son. C’est un peu comme les Rolling Stones ou Led Zeppelin qui étaient des Anglais et qui ont trippé solide sur le blues. OK, l’échelle n’est peut-être pas la même, mais bon...

Il ne faut pas oublier que notre musique et une musique pour danser, et donc bien rythmée, accompagnant originalement la danse en couple, même si la plupart du public n’ose pas toujours danser à deux. Aujourd’hui, on peut dire que l’expression corporelle en freestyle individuel est la plus fréquente. Pour autant que les gens dansent...

3) Quels thèmes vous inspirent ?

Nos chansons parlent de réalités assez concrètes, comme l’amour, les animaux de compagnie, le boire et le manger. C’est souvent le cas avec la musique traditionnelle. En même temps, on veut parler de notre réalité à nous et pas prétendre de vivre comme des paysans d’il y a cent ans. On parle du quotidien, de trucs assez simples en général. À force de tourner et de vivre à cinq, on finit par développer un imaginaire, des thèmes qui nous sont chers. On aime le DIY. On aime les grillons, la bagosse. On est évidemment concernés par la crise environnementale. On veut que nos chansons restent le plus authentiques possible, en phase avec nos vies. C’est aussi une sorte de défoulement, un cri de souffrance et de liberté. C’est pas loin du punk.

4) Selon vous, qu'est-ce qui rend votre groupe et vos performances uniques ?

On aime vraiment ce qu’on fait et on est de bons amis depuis longtemps. On a même été colocs pendant quelques années.  Je pense que ça paraît dans l’énergie qui est transmise, ça fait une sorte de transfert cathartique avec le public. On aime bien encourager les gens à danser, sans trop les forcer, et ça finit toujours par marcher. C’est là que les gens comprennent vraiment ce qu’on fait. Il y a peu de choses qui battent un dancefloor rempli et vibrant au son d’un orchestre live. Le show, c’est pas juste nous, c’est aussi les danseurs, c’est la symbiose de toute cette ambiance. On présente la question et ils ont la réponse.

5) Qu'aimeriez-vous partager avec les Fransaskois en vue de votre spectacle chez eux ?

Que ce soit par des ateliers, des concerts acoustiques ou électriques, on veut partager ce qui nous passionne, jouer nos compositions et jouer des reprises à notre façon, inviter les Fransaskois à entrer dans un univers original, dans un projet qui dure depuis 8 ans déjà. En même temps, on souhaite créer un intérêt pour la musique louisianaise et la faire mieux connaître. En concert, on va jouer des morceaux de notre dernier album Zig Zag Zydeco Zoo, mais aussi d’autres de nos 3 albums précédents, et aussi quelques nouvelles compositions inédites.  Au final, on veut une veillée véritable, pas un truc moribond folklorique. Quelque chose de fougueux, de réel, d’ici et maintenant qui va faire oublier vos soucis et va vous faire du bien.

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