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Tabou no more

Discrimination et intimidation : « L’inaction n’est plus une option ! »

Discrimination et intimidation : « L’inaction n’est plus une option ! »

En direct sur Zoom et Facebook Live, les porte-paroles du Partenariat provincial interculturel ont dévoilé le 27 avril les résultats d’un sondage sur la discrimination et l’intimidation au sein de la fransaskoisie conduit l’hiver dernier. À la lumière de ces données, les quatre organismes entendent bien éradiquer ces fléaux qui gangrènent la communauté.

Sur les 78 personnes qui ont répondu au sondage réalisé du 23 novembre au 21 décembre 2020, près de 70 % ont déclaré avoir été victimes de discrimination. 

« Ces résultats nous donnent une image de ce qu’ont vécu un certain nombre de personnes. C’est une étude importante qui nous permet de voir la complexité et l’ampleur des problèmes », commente Wilfrid Denis, professeur émérite de sociologie au Collège St. Thomas Moore de la Saskatchewan et auteur du rapport présentant les résultats du sondage.

Constater pour agir

Denis Simard, président de l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF), Sylvie Niyongere, présidente de la Communauté des Africains francophones de la Saskatchewan (CAFS), Alpha Barry, président du Conseil des écoles fransaskoises (CÉF), et Anne Brochu Lambert, présidente du Conseil culturel fransaskois (CCF) ont réagi aux données présentées par l’universitaire.

« Nous sommes extrêmement reconnaissants du témoignage des participants. Surtout que pour certaines de ces personnes il s’agissait de se replonger dans des traumatismes. Nous espérons désamorcer des situations qui sont en évolution », a déclaré pour sa part Anne Brochu Lambert.

Les problèmes soulevés par les répondants couvrent un large éventail de réalités, tant au sein de la fransaskoisie qu’auprès de la majorité anglophone : insécurité linguistique, isolement social, discrimination au travail, climat malsain au sein de conseils d’administration… 

Face à cette situation, Wilfrid Denis a présenté une série de dix recommandations. Ce dernier suggère notamment que les organismes développent des stratégies d’intervention et d’autodéfense verbale et intellectuelle. « Beaucoup de personnes ne savent pas comment réagir lorsqu’ils sont témoins ou victimes de discriminations. Ils se sentent souvent dépourvus de moyens », note-t-il.

Standardiser les politiques

Surtout, le sociologue recommande que les organismes s’assurent de disposer de procédures claires et bien connues des Fransaskois. « L’un des problèmes soulevés à plusieurs reprises par les répondants, c’est qu’ils ne connaissent pas les procédures ou, si elles existent, qu’elles ne sont pas claires », relève-t-il.

Wilfrid Denis propose ainsi que l’ACF travaille de concert avec les autres organismes pour établir un mécanisme communautaire formel et unifié de résolution des conflits. « Ce serait important que les organismes partagent les mêmes politiques et procédures. Il ne s’agit pas de tout recommencer à zéro, on peut emprunter des procédures à d’autres organismes pour améliorer les siennes par exemple », fait-il remarquer. À cet égard, Denis Simard pense que « la table des directions générales serait une belle place pour parler des politiques communes à travers tout le réseau afin de normaliser le processus ». 

En outre, l’auteur du rapport souligne le besoin de se doter d’un répertoire de ressources pour soutenir les victimes. « Le manque de soutien et d’accompagnement des victimes est ressorti dans le sondage », rapporte Wilfrid Denis. Enfin, il faudrait selon lui que les organismes exigent de leur conseil d’administration et direction une formation continue afin de bien remplir leurs rôles et responsabilités.

La fransaskoisie en péril

« Quand il y a des problèmes de discrimination et d’intimidation, l’impact est collectif, souligne Wilfrid Denis. Les victimes ou les témoins de situations conflictuelles se retirent de la communauté fransaskoise. Plusieurs problèmes interpersonnels ont un effet boule de neige, prennent des proportions énormes et enveniment toute la communauté. Il faut que la communauté prenne en main la situation avant cette escalade. » 

Une inquiétude partagée par le président de l’ACF : « Qu’est-ce qu’on peut faire pour ramener ces gens qui ont décroché de la communauté ? On pourrait envisager une campagne provinciale francophone anti-harcèlement », évoque Denis Simard.

De son côté, Anne Brochu Lambert espère que le Partenariat saura montrer la voie et encourager la collaboration au sein de la fransaskoisie. « La consultation et la concertation sont la seule condition pour trouver un consensus », perçoit-elle. « Nous sommes tous conscients que le travail ne fait que commencer, mais il est bel et bien amorcé », conclut Sylvie Niyongere, présidente de la CAFS.

Le rapport du sondage peut être consulté sur le site de l’ACF et bientôt sur une page dédiée au Partenariat provincial interculturel.

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