La semaine qui s’est terminée le 7 juin 2014 a vu deux événements converger : le premier, historique, nous rappelant le 70e anniversaire du débarquement en Normandie pendant la Deuxième Guerre mondiale, et le second, médiatique, nous faisant vivre le drame à Moncton.
Quand deux événements comme ceux-là se croisent, on ne peut s’empêcher de réfléchir sur le sens de la vie, de s’interroger sur l’évolution de l’humanité, et d’être à la fois attristé et émerveillé par le comportement humain. Je me suis donc mis à comparer ceux-ci.
Le 6 juin 1944, des milliers de jeunes hommes ont traversé la Manche pour aller affronter les forces nazies. À Moncton, des policiers de la GRC ont répondu à un appel signalant une personne dangereusement armée circulant dans une rue de la ville. En 1944, les premiers soldats qui sont arrivés sur les plages de la Normandie n’ont eu aucune chance. C’était une véritable boucherie à laquelle peu ont eu la chance de survivre, mais ils ont ouvert le chemin aux vagues suivantes de soldats. À Moncton, les trois policiers abattus par le tueur n’ont eu aucune chance. Deux autres ont été blessés et s’en est suivie une chasse à l’homme d’envergure.
En 1944, il a fallu plusieurs heures au général Eisenhower et au Premier ministre Churchill pour savoir exactement ce qui se passait sur le terrain. Il y avait une incertitude sur le résultat de cette invasion. À Moncton, les médias électroniques et les réseaux sociaux nous ont fait vivre les événements à la minute près.
Le débarquement de Normandie a ouvert la porte à de multiples innovations. Les ingénieurs de l’époque ont dû créer de toutes pièces un port flottant, figurer comment amener un pipeline pour alimenter les équipements en pétrole, prévoir des façons de ravitailler les soldats, pour ne nommer que quelques-uns des défis à relever. À Moncton, on a fini par utiliser, d’après ce que l’on sait, un avion équipé de détecteur à infrarouge pour détecter une présence vivante. Et c’est sans compter le rôle des téléphones intelligents et autres technologies électroniques.
Finalement, après bien des difficultés, beaucoup de morts, de disparus et de blessés, les forces alliées ont pu prendre pied en France, et finalement, en arriver à la fin de la guerre en 1945, une opération qui prendra presqu’un an. À Moncton, il a fallu environ deux jours pour capturer le tueur, ce qui a paru une éternité à tous ceux qui étaient confinés dans leurs logis ou incapables de retourner dans le quartier concerné.
En Normandie et sur la route de la libération, les populations occupées par les Nazis ont littéralement sauté au cou des soldats alliés. La population de Moncton a remercié chaudement les policiers. Dans le premier cas, les bombardements alliés avaient quand même fait de nombreuses victimes et des dégâts énormes. Dans le deuxième cas, cela a été plutôt l’inconvénient d’être resté chez soi sans d’autres dommages ou blessés. Suite au drame de Moncton, une approche psychologique sera disponible, ce que les soldats de la Normandie n’ont eu que très peu.
Dans notre communauté, beaucoup de Fransaskois ont participé à la guerre, et plusieurs jeunes Fransaskois font également partie de la GRC. Chapeau à tous ces Canadiens pour la liberté et la protection qu’ils nous donnent et qui font que nous vivons dans un des meilleurs pays au monde.