Dans plusieurs des provinces de l’ouest, l’été est marqué de plusieurs festivals multiculturels. La Saskatchewan n’y échappe pas avec Mosaic, Folkfest, Solstice, Pioneer Days, Motif, etc... Beaucoup de ces festivals sont organisés sous la forme de kiosques ou de pavillons, où les gens circulent de l’un à l’autre selon différentes formules: à pied, autobus, véhicules automobiles.
Dans la communauté fransaskoise, on s’est souvent interrogé sur la pertinence ou non de participer à ces célébrations. Aujourd’hui, cela semble plus naturel mais on y a mis quand même beaucoup de réflexions.
La plupart des pavillons présentent un groupe qui a immigré dans la province. Quand on entre dans ces pavillons, on retrouve souvent des photographies qui invitent au tourisme. L’histoire est généralement mise de l’avant. Les spectacles font ressortir beaucoup le côté traditionnel de ces communautés : musique, danse, costume. Sans oublier la nourriture. Et on voit assez souvent maintenant la piste qui a été suivie par les Fransaskois.
Dans les pavillons ou les kiosques fransaskois, on s’est assuré non seulement de montrer le côté traditionnel de la communauté fransaskoise, mais de mettre l’accent sur la vitalité contemporaine de celle-ci. C’est ainsi que non seulement, on fait la démonstration de la musique, de la danse et de la nourriture traditionnelles, mais aussi celle d’une communauté dynamique par ses artistes actuels. Comme le concept de Fransaskoisie est très large, en plus de la musique et de la danse traditionnelle canadienne-française, on retrouve cet assaisonnement français (de France) avec le French Cancan, et depuis quelques années, on voit de plus en plus la danse et la musique africaine. Et on n’oublie surtout pas nos artistes contemporains : les Alexis Normand, Shawn Jobin, Véronique Eberhart, Michel Lalonde, Véronique Poulin. Et tout près de la tourtière, s’implante maintenant la poutine. Tout ça dans une « gaieté de coeur » et « joie de vivre » qui font la réputation des Fransaskoises et des Fransaskois.
Malheureusement, avec la dissolution de nos deux ensembles folkloriques dans la dernière année, « La Ribambelle » à Saskatoon, et « Les Danseurs de la Rivière La Vieille » à Gravelbourg, nous sommes en train de perdre toute une composante de notre culture. Ces deux groupes se donnaient comme mission de garder le « patrimoine vivant ». Le fondement folklorique de notre communauté vient d’un métissage musical, dansé et chanté entre les Canadiens-Français, les Irlandais, les Écossais et les Métis et dans l’Ouest au contact des nombreux groupes qui ont immigré d’un peu partout de l’Europe au XXe siècle.
Comment allons-nous comme communauté préserver cet héritage? Il faudra certainement que des mordus du folklore s’y impliquent mais l’éducation aura aussi à jouer un rôle. Dans la dernière année, quelques écoles fransaskoises ont reçu du financement du Sask Arts Board pour faire « un bain » dans les racines folkloriques des jeunes, et faire le lien entre leurs racines et leur vie contemporaine. Pour savoir où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient. Et n’allez pas croire que je ne veux que du folklore. On a une belle formule actuellement où l’on met de l’avant notre dynamisme culturel contemporain. Mais n’oublions pas nos racines non plus. Le défi est maintenant de rétablir cet équilibre, tout en montrant à tous les autres groupes que notre langue et notre culture sont vivantes et marient bien traditions et modernité.