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En quelques mots

Budget fédéral: déficit de 29,4 G $, sans retour à l'équilibre dans quatre ans

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OTTAWA _ Afin de tenir ses nombreuses promesses électorales, le gouvernement de Justin Trudeau signe un premier budget à l'encre rouge _ foncée _ et rompt son engagement de revenir à l'équilibre budgétaire dans quatre ans.

Avec son budget déposé mardi, le ministre des Finances, Bill Morneau, envisage un déficit de 29,4 milliards $ pour 2016-2017, soit près de 20 milliards $ de plus que le déficit dit "modeste" promis en campagne électorale par les libéraux cet été. Abandonné également l'engagement de retourner à l'équilibre budgétaire avant la fin du mandat, puisqu'il prévoir un déficit de 14,3 milliards $ dans quatre ans.

Mais les promesses touchant le déficit sont pratiquement les seules que le gouvernement brise avec son budget intitulé "assurer la croissance de la classe moyenne", calqué en grande partie sur sa plateforme électorale.

Tel qu'anticipé, la plupart des parents trouveront leur compte dans l'une des mesures phares du budget, l'Allocation canadienne pour enfants, qui consiste en une prestation non imposable pouvant aller jusqu'à 6400 $ par enfant de moins de 6 ans et de 5400 $ pour ceux de 6 à 17 ans, pour les familles aux revenus les plus faibles. La mesure coûtera cette année 4,5 milliards $ de plus que les anciens programmes pour les enfants mis de l'avant par les conservateurs, comme la prestation fiscale et la prestation universelle pour la garde d'enfants, qui prennent le chemin des poubelles.

Pour alléger la facture, les libéraux éliminent le fractionnement du revenu pour les couples ayant des enfants et abolissent également

à partir de 2017 les crédits d'impôts pour les cours d'activités physiques et artistiques des petits. L'objectif est de simplifier l'aide et de la moduler selon les revenus des parents. Les libéraux prétendent que cette mesure permettra de sortir 300 000 enfants canadiens de la pauvreté.

M. Morneau consacre un chapitre complet aux investissements pour les peuples autochtones, avec une injection de 8,4 milliards $ sur cinq ans. Une bonne part du gâteau ira à l'éducation, soit 413 millions $ dès cette année, une somme qui gonflera à chaque année pour atteindre près de 1 milliard $ dans quatre ans. Ottawa s'attaquera par ailleurs au problème criant des logements insalubres sur les réserves avec l'injection d'un demi-milliard de dollars sur deux ans, et à celui de l'approvisionnement en eau potable, avec l'investissement de 1,8 milliard $ sur cinq ans.

Les libéraux modifient également le programme d'assurance-emploi, notamment en éliminant l'obligation pour les nouveaux membres de la population active d'accumuler 910 heures de travail pour être admissibles, plutôt que de 420 à 700 heures selon la région. Près de 50 000 chômeurs de plus pourront ainsi avoir accès au programme. Le gouvernement prolonge par ailleurs les prestations de cinq semaines pour 12 régions touchées par des ralentissements économiques (aucune n'est située au Québec) et abaissent le délai de carence à une semaine. Les changements au programme coûteront 1 milliard $ cette année.

Le crédit d'impôt pour les cotisants aux fonds de travailleurs, que les conservateurs avaient commencé à abaisser, est rétabli à 15 pour cent.

Comme promis, le gouvernement Trudeau dépensera massivement pour les infrastructures à travers le pays selon un plan en deux phases, dont la première comprendra des dépenses de 11,9 milliards $ sur cinq ans. Au cours des deux prochaines années, il injectera notamment 2,5 milliards $ pour le transport en commun, 1,8 milliard $ pour les infrastructures vertes et 2,3 milliards $ pour les infrastructures sociales.

Il investira par ailleurs 400 millions $ sur deux ans dans les technologies vertes et établira un fonds pour une économie à faibles émissions de carbone de 2 milliards $.

Ottawa allongera près de 650 millions $ sur deux ans pour l'aide internationale, mais le budget de 3,7 milliards $ destiné aux grands projets d'immobilisations de la Défense, comme les chasseurs et les navires de guerre, est remis à plus tard, après l'actuel mandat des libéraux.

Le budget projette des hausses modestes dans les transferts en santé _ un sujet qui intéresse les provinces, aux prises avec les soucis de santé d'une société vieillissante. M. Morneau signale toutefois qu'Ottawa est résolu à négocier avec les provinces et territoires pour un nouvel accord pluriannuel.

Le budget ne souffle mot sur l'aide que le fédéral pourrait accorder à Bombardier. "Nous n'avons rien de plus à dire en ce moment au sujet de Bombardier, mais nous continuerons notre diligence raisonnable", a noté le ministre en conférence de presse.

Dans son discours à la Chambre des communes, le ministre Morneau a expliqué son recours aux déficits année après année par la nécessité d'accorder une bouffée d'oxygène aux Canadiens dès maintenant, mais aussi à "rétablir la prospérité et l'optimisme" à long terme.

Le fait que le gouvernement reporte à un prochain mandat son retour à l'encre noire risque d'en effrayer plus d'un, mais pour l'économiste en chef de la Banque Scotia, Jean-François Perrault, le déficit de 14 milliards $ prévu pour 2020-2021 reste raisonnable.

"Fondamentalement, la mesure de solvabilité fiscale la plus importante, la plus intéressante, c'est le ratio dette-PIB qui, lui, baisse", a-t-il noté. En effet, le pourcentage de la dette par rapport au PIB grimpe de 31,2 pour cent à 32,5 pour cent en 2016-2017, pour redescendre à 30,9 pour cent dans quatre ans.

Selon le ministre Morneau, si la croissance fait bonne figure au cours des prochaines années, l'équilibre budgétaire pourrait revenir au début d'un éventuel nouveau mandat.

"Avec un niveau de croissance plus haut, nous pensons que c'est possible d'avoir un budget équilibré dans à peu près cinq ans", a-t-il soutenu.

Si Bill Morneau a reçu une ovation debout de la part des troupes libérales au moment du dépôt du document, son budget a reçu un accueil bien différent dans les rangs de l'opposition.

Tous le critiquent avec virulence, mais pour des raisons différentes. Du côté des conservateurs, la chef intérimaire Rona Ambrose qualifie le budget de "cauchemar pour les contribuables", accusant du même souffle Justin Trudeau d'avoir renié sa promesse de se limiter à un déficit modeste.

Les néo-démocrates, pour leur part, s'inquiètent plutôt de ceux qu'ils jugent laissés-pour-compte dans les priorités du gouvernement, soit les enfants des peuples autochtones, les aînés en situation de pauvreté et les chômeurs.

Quant au Bloc québécois et au Parti vert, ils estiment que les libéraux font encore trop de cadeaux à l'industrie pétrolière.

Les quatre partis devraient s'opposer au budget au moment du vote en Chambre. 

 

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