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En quelques mots

Agent de développement : un sport extrême

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Pendant la fin de semaine de présentation sur le développement rural à Prince Albert, j’ai entendu une expression que j’ai trouvée à la fois cruelle et pertinente. Steve Plante, un des deux présentateurs, a utilisé « sport extrême » pour parler des tâches des agents de développement qui œuvrent dans la région où il intervient à titre d’expert dans l’estuaire du golfe du Saint-Laurent.

Au Québec, la notion d’agent de développement n’est pas exactement la même qu’ailleurs dans la francophonie canadienne. Leur tâche est définitivement plus axée sur le développement économique alors que dans notre contexte, on parle davantage d’intervention socio-linguistique. Au Québec, on intervient auprès d’organismes ou d’institutions municipales qui détiennent certains leviers décisionnels touchant leur population. Dans les communautés francophones, les interventions se font auprès des francophones ou dans le cadre des organismes ayant pour but la pérennité du français, dans un contexte où les leviers décisionnels sont entre les mains de la majorité anglophone qui est souvent très loin des préoccupations culturelles et surtout linguistiques des francophones.

Des changements dans le financement des structures d’intervention au Québec, surtout actuellement, l’incertitude du soutien financier pouvant aller jusqu’à la disparition complète de celui-ci, font en sorte que l’avenir des agents de développement économique est très précaire. Les tâches sont de plus en plus complexes, les heures sont longues, les déplacements fréquents; on est à la merci des critiques et de l’incompréhension d’un peu tout le monde. Rares sont les félicitations. C’est pour cela que l’on parle de « sport extrême ».

Quand on regarde les intervenants communautaires dans nos milieux, on peut aussi parler de « sport extrême ». Les heures sont longues, du matin au soir et durant les fins de semaine; les demandes et les rapports pour le financement se complexifient de plus en plus; l’organisation des activités et des spectacles fait partie du décor; l’accompagnement des bénévoles dans leurs actions et les mécanismes organisationnels occupent une large partie du temps; la rémunération, les bénéfices marginaux sont faibles; satisfaire tout le monde est un exploit; les bénévoles et les bailleurs de fonds ne voient pas nécessairement les choses du même œil; beaucoup de critiques, rarement des félicitations.

La formation est très variable: cela va de la simple 12e année et plein de bon vouloir jusqu’à des diplômes universitaires.  Il existe au Québec des programmes comme celui de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR) en développement rural. Mais qu’on ait une formation universitaire ou non, sur le terrain la tâche se révèle pleine de surprises.

Ayant été moi-même agent de développement communautaire, je sympathise avec le personnel en place actuellement. À toute fin pratique, on leur demande de faire des miracles alors que les outils et le financement nécessaire ne sont pas là. La réflexion de la fin de semaine des 21 et 22 novembre 2014, à Prince Albert, est un premier pas dans le cadre du Chantier en développement communautaire. Bien que nous ayons certains éléments comme le Plan de développement global, des planifications stratégiques dans tous les organismes et un type original de gouvernance, les défis demeurent immenses et notre mode d’opération date du milieu des années 80s alors qu’Internet n’était même pas là.

Je ne crois pas qu’il faille tout garocher dehors mais on a besoin de se moderniser, de revoir nos modes d’opération ou nos infrastructures et voir comment on se positionne au XXIe pour favoriser la pérennité du français et la vitalité de notre culture.

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