Je lis (et relis) avec plaisir les excellentes chroniques Tourisme et plein air signées par Dominique Liboiron. Les sujets sont bien choisis, les explications sont claires et le ton est invariablement positif et enthousiaste. La dernière chronique, par exemple, traitait des oiseaux au retour du printemps. Le grand-duc d'Amérique (Bubo virginianus) est un résident à longueur d'année dans toute la Saskatchewan et on le reconnaît facilement par ses deux aigrettes au sommet de la tête, aussi bien que par son hululement particulier. Regrettablement, l'espèce semble en nette régression dans plusieurs régions, d'une part à cause de la fragmentation des habitats propices et d'autre part par la dégradation progressive de la qualité de ses proies habituelles, souvent contaminées par les résidus de pesticides et d'autres substances nocives.
Par ailleurs, je dois avouer que je n'ai encore jamais vu de tourterelle turque (Streptopelia decaocto) dans notre province (ou ailleurs). Cela mérite certainement un petit voyage d'exploration dans le Sud-Ouest de la province. À l'heure actuelle, on ne sait trop si cette espèce envahissante (l'expression « espèce invasive » est un anglicisme très répandu mais qu'il faudrait éviter) va continuer à se répandre dans les Prairies canadiennes.
Dans une perspective plus vaste, il serait très intéressant de savoir exactement et sur une période assez longue, où toutes les espèces d'oiseaux, dont le grand-duc et la tourterelle turque, nichent sur le territoire de la Saskatchewan, afin de mieux mesurer leur régression ou inversement leur progression, ou encore de déterminer quelles espèces parviennent à maintenir leurs populations.
C'est pourquoi un projet quinquennal ambitieux (c'est le moins qu'on puisse dire!) vient d'être lancé dans notre province. Il a pour but de cartographier la présence et l'abondance de tous les oiseaux nicheurs dans l'ensemble de la Saskatchewan, afin de produire un atlas des oiseaux nicheurs. Cet atlas sera publié sous forme numérique et sera accessible gratuitement. Tous les renseignements utiles se trouvent dans le site Web http://sk.birdatlas.ca/?lang=fr.
Des atlas ont déjà été produits dans plusieurs provinces, dont le Québec, l'Ontario, le Manitoba et la Colombie-Britannique, ainsi que dans les Maritimes. On peut facilement trouver ces atlas grâce aux liens fournis dans le site Études d'oiseaux Canada, http://www.oiseauxcanada.org/about.jsp?lang=FR .
On prévoit que des études de ce genre seront répétées tous les vingt ans, afin d'offrir à tous ceux qui s'intéressent à l'ornithologie, amateurs ou scientifiques, un portrait exact des changements relatifs aux populations d'oiseaux au fil du temps. La collecte de données débutera cette année (2017) et prendra fin à la fin de l'été 2021. La province a été divisée en carrés de 10 km de côté, et des observateurs bénévoles effectueront au moins 20 heures d'observations dans chacune des parcelles durant ces cinq années.
Permettez-moi aussi de vous transmettre l'adresse d'un excellent site trilingue (français, espagnol, anglais) sur les oiseaux des Amériques. Il s'agit de Dendroica, accessible à http://www.natureinstruct.org/dendroica/. Il comporte des cartes de répartition, de très nombreuses photos et des enregistrements de vocalisations de toutes les espèces trouvées dans les Amériques. C'est un outil précieux pour quiconque souhaite apprendre à identifier les oiseaux et, peut-être même, à collaborer à la collecte de données pour la publication de l'Atlas des oiseaux nicheurs de la Saskatchewan.
Richard Lapointe
Regina, SK