Un dernier tour de piste pour le Cabaret
Mario Lepage était l'artiste invité du dernier Cabaret
Photo : Jean-Philippe Deneault (2019)
SASKATOON - Depuis cinq ans, David et Frédérique Baudemont, Jean-Pierre Picard et Mychèle Fortin sont montés régulièrement sur la scène du Relais à Saskatoon pour leur soirée Cabaret. Le 10 mai dernier, l’équipe a baissé le rideau après cinq années de spectacles, avec pour dernier invité spécial Mario Lepage.
David résume joliment la formule des cabarets : « Un fidèle groupe de cinquantenaires et soixantenaires fransaskois et d’autres publics divers attirés par la deuxième partie, un pot-pourri de chansons françaises et québécoises à texte, en solo ou duo agrémentées de quelques quétaineries sympathiques, interprétées par une bande d’amis bons vivants ».
Pour Jean-Pierre, ce répertoire de chansons à texte « est à la chanson francophone ce que la musique classique est à la musique ». Le musicien du groupe, qui accompagne ses trois compagnons aussi bien à la guitare qu’au piano, a le sens de la formule et ne rate jamais l’occasion de faire de l’esprit et de ponctuer ses interventions sur scène par un jeu de mots bien placé.
Un répertoire riche et varié
Mychèle explique l’effort, d’un cabaret à l’autre, d’intégrer diverses formes d’expressions littéraires et artistiques avec comme fil conducteur le désir de faire découvrir les grands noms de la chanson. « Nous tenions à présenter des classiques, des chansons solidement construites, où les textes primaient. Sur cinq ans, ce sont plus d’une soixantaine de chansons qui ont été partagées avec le public. Pour ce dernier cabaret, la sélection des morceaux a été difficile, car choisir un morceau préféré parmi ceux que nous avons interprétés, c’est comme choisir lequel de nos enfants on préfère ».
Frédérique, elle, souligne le rôle de la nostalgie dans la sélection du répertoire. « Lors de nos rencontres préparatoires, j’aimais proposer des duos un peu quétaines des années 70, tel Joe Dassin, même si la plupart du temps on ne les retenait pas, malgré ma persévérance ! Il y avait pour moi des incontournables, ceux qui ont bercé mon adolescence, comme Michel Jonasz, par exemple ».
Pour Mychèle, c’était Anne Sylvestre, pour Jean-Pierre c’était Brassens, Nougaro, Lelièvre. Pour David, c’était Tom Waits, chanté en anglais, pour faire exception. Jean-Pierre et David présentaient également quelques-unes de leurs propres compositions.
Des soirées intimistes
Frédérique retiendra le caractère intimiste et convivial des soirées cabaret. L’équipe reconnait la présence loyale d’un petit groupe de baby-boomers, fidèles depuis le départ, et pour lequel il y a généralement peu d’activités en français. « Certains d’entre eux ont assisté à tous nos cabarets, à quelques exceptions près. Ces couples formaient ainsi le noyau dur de notre public », relate la passionnée.
« Ce sont les invités, comme les membres de la troupe d’improvisation du PIF ou des artistes comme Vaero et Mario Lepage qui ont rajeuni notre public », ajoute cette dernière. Ceux que Mychèle désignait à la blague, pendant le spectacle, comme faisant partie de la « génération ascendante », contrairement à son groupe qui, en tirant le chapeau, faisait partie de la « génération descendante »
Nul doute que Mario Lepage fait partie de cette génération de musiciens fransaskois qui apportent un souffle nouveau à la chanson. Il avait été d’ailleurs le technicien du tout premier cabaret alors que son groupe de l’époque, Miss Daily, partageait déjà la scène avec des groupes comme Karkwa. Il était donc tout naturel de lui laisser la deuxième partie du spectacle pendant laquelle il a présenté quelques chansons en français, dont certaines travaillées entre autres avec Louis-Jean Cormier. En cadeau, une interprétation sublime de La Bohème d’Aznavour. Dès son entrée sur scène, une vingtaine d’étudiants du programme Explore, venant de partout au Canada, se sont rués au-devant de la scène pour danser.
Des souvenirs impérissables
Tous s’accordent pour dire que l’intégration de musiciens invités, telle la famille Eberhart, ou de groupes invités, tels le PIF ou les collaborateurs de la revue littéraire francophone des Prairies À ciel ouvert, a contribué à élargir le public et faire de ces soirées un succès.
Mychèle se rappelle vivement l’intérêt de jeunes étudiants en français langue seconde pour les chansons d’Anne Sylvestre. Pour Frédérique, redécouvrir Sylvestre via les interprétations de Mychèle fut une révélation. Elle souligne la dextérité musicale et la générosité de Jean-Pierre comme musicien.
« Malgré le fait que je ne suis pas musicienne, les trois autres, malgré mes maladresses, m’ont accueillie à bras ouverts. Il a été aussi touchant de voir David reprendre du plaisir sur scène après l’avoir abandonnée pendant plusieurs années. Les répétitions nous permettaient de nous retrouver entre amis, soit à la campagne ou en ville, autour d’un repas et d’une bonne bouteille. D’ailleurs, à l’occasion, nous allons toujours nous retrouver pour faire un peu de musique et prendre un repas », ponctue Frédérique.
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