Le leadership vu par les femmes : une premiere à Regina
Le samedi 22 novembre dernier a eu lieu, à l’Institut français de l’Université de Regina, un atelier sur le leadership spécialement réservé aux femmes. Organisée par l’Alliance des femmes de la francophonie canadienne dans le cadre des projets FEMIACTION ET METORACTION, la rencontre avait pour objectif d’encourager les jeunes femmes francophones en contexte majoritairement anglophone à s’impliquer d’avantage dans leur communauté et à exercer leur leadership.
L’atelier a attiré une quinzaine de participantes. Cinq femmes de la communauté ayant des qualités évidentes en leadership ont été invitées à partager leurs expériences, leurs sources d’inspiration et leurs défis et à offrir des conseils aux jeunes femmes.
Pourquoi un atelier réservé aux femmes?
Les réponses obtenues des mentors étaient très enrichissantes pour les jeunes et basées sur des résultats obtenus ou des observations évidentes. Certaines ont évoqué le stéréotype lié au sexe féminin : une communauté sexiste néfaste à l’évolution aisée des femmes d’où la nécessité de discuter et d’encourager les jeunes. Pour mieux illustrer, Madame Claire Bélanger Parker, animatrice de l’atelier et propriétaire de l’entreprise Groupe Gestion CNT inc, a fait référence au buzz actuellement sur le Web relatif à deux journalistes de sexe différent. Bien que les deux aient porté les mêmes vêtements pendant tout une année, la journaliste femme a reçu plus de remarques négatives que son collègue masculin. On en a conclu qu’une femme doit travailler deux fois plus qu’un homme.
Que peut-on retenir du parcours des participantes?
Selon Madame Maud Beaulieu, Première chef de contenu à Radio Canada, le leadership peut se définir comme une responsabilité que l’on a vis-à-vis des autres ou d’un groupe de personnes. Pour illustrer son cas, Madame Beaulieu ajoute que l’exercice du leadership n’arrive pas toujours en réponse à un profil de carrière planifié : il peut être forcé par le cours de la vie. Celles qui aspirent au leadership doivent parfois juste saisir les opportunités qui leur sont offertes. Parlant de ses défis, elle note que la rétroaction est l’une des étapes les plus importantes et difficiles d’un leader : « la prise des décisions impopulaires doit se faire selon les règles de l’art sinon vous devenez négativement populaire ».
De plus, elle note que « l’incompétence » temporaire liée à un nouveau poste peut être un réel défi si on manque d’humilité; un leader doit accepter d’apprendre de ses subordonnés car on ne peut tout savoir ou tout faire. De façon spécifique, elle conseille aux femmes de penser comme un garçon : elles n’ont pas besoin d’être parfaites pour essayer et surtout elles doivent arrêter les émotions paralysantes. Elle encourage les jeunes à mettre en œuvre les principes du fall-fast : mieux vaut échouer que de ne jamais essayer.
Mme Claire Bélanger Parker a partagé son expérience en catégorisant le leadership. Se définissant comme leader coopératif, Mme Bélanger a identifié cinq autres types de leader : le directif, le chef de file, le visionnaire, le participatif et le coach. Elle a encouragé chaque participante à se définir elle-même, créant ainsi un excellent exercice d’échanges qui a fait ressortir une diversité de cas. Les participantes ont aussi pu discuter des forces et faiblesses de chaque type. Mme Bélanger a continué dans l’après-midi en énumérant les différentes échelles qui peuvent promouvoir ou limiter le leadership : la vision, la croyance personnelle, les attentes, l’ego, l’émotion, le contrôle. Cependant, elle pense que notre plus grand obstacle c’est nous-même.
Madame Francine Proulx-Kenzle, consultante organisationnelle et gestionnaire de Pense Transformation Consulting ainsi que facilitatrice de la Table des élus de la communauté fransaskoise, s’est accordée avec les précédentes intervenantes pour dire que tout chemin peut mener au leadership et que son parcours en est un exemple. Elle ajoute qu’exercer le leadership pour elle revient à réunir un nombre considérable d’outils afin de transformer son environnement proche ou éloigné. Pour Mme Proux-Kenzle, l’un des défis majeurs du leader est sa capacité de passer à travers un conflit, non en dessous ni au-dessus et surtout pas à côté. Elle mentionne aussi qu’un bon leader doit penser à prendre soin de soi d’abord pour être capable de mieux servir les autres. Certains leaders se laissent emporter et n’arrivent pas à atteindre leurs objectifs. Madame Proux-Kenzle encourage les femmes à mettre le statut de femme de côté et croire en leur capacité d’être la meilleure personne pour ce rôle.
Annette Revet, Directrice générale et Secrétaire de l’Université de Regina, confirme les dires des femmes qui ont pris la parole avant elle lorsqu’elle raconte son parcours diversifié. Elle précise que devenir leader, c’est s’ouvrir aux opportunités. Elle dit avoir reçu l’inspiration d’un de ses supérieurs. Elle encourage les jeunes femmes à ne pas se limiter à leur background : le leadership n’est pas réservé aux personnes ayant reçu un type d’éducation particulier. De même, elle a exhorté les participantes à être fières du bilinguisme qui, selon elle, a amélioré ses compétences.
Dr. Lace Brodgen, Directrice du programme du baccalauréat en éducation française de la Faculté d’éducation, a partagé son brillant parcours, un parcours qui selon elle avait été planifié pendant son jeune âge. C’était un plan quinquennal, en grande parti réalisé. Mais parlant des défis, elle avoue qu’elle a compris que tout ne pouvait être planifié. Elle révèle que ses défis en tant que leader sont d’avoir une grande variété d’intérêts et des défis politiques liés à la langue française, au statut de minorité, ou à la perception des autres. Elle encourage les jeunes à avoir un plan de carrière qui, selon elle, peut être un grand catalyseur.
Il ressort de l’atelier que malgré la diversité des parcours, la rencontre entre les mentors et les jeunes femmes s’est avérée riche en leçons. Sachant qu’avec le processus de leadership, tout chemin peut nous mener à Rome, il est important de noter qu’un leader ne peut tout savoir ni tout faire seul. Les mentors ont encouragé les futures leaders à apprendre à articuler leur vision, à prendre des décisions impopulaires, et à faire preuve de compassion. Elles nous ont rappelé qu’être leader ce n’est pas mystérieux, c’est possible même pour les femmes.
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