Le Cercle des écrivains de Regina se penche sur les manuscrits
Laurier Gareau fait la lecture, à sa droite Céline Giguère, à sa gauche Karen Olsen.
Photo : Luc Bengono
L’ambiance est studieuse eu ce samedi 26 avril 2014 au Centre des ressources de l’école Mgr de Laval. Karen Olsen, Céline Giguère, Estelle Bonetto et Martine Noël-Maw sont toutes rivées sur un manuscrit que Laurier Gareau lit sereinement.
C’est le premier jet d’un chapitre du futur livre de Karen Olsen. On entend le léger ronronnement du climatiseur. Le Cercle des écrivains de Regina est au travail. Il est 11 heures du matin. La mini-retraite a débuté soixante minutes plus tôt. Laurier prend la peine d’articuler, ce qui donne de la prestance au texte de Karen.
« Entre de puissants sifflements et des cris aigus, il plongea ses petits crocs acérés dans la chair tendre à la base des oreilles du jeune jaguar... Le primate, dans la commotion, se mit à courir le long des parois de la grotte... ».
À la fin de la lecture, les compliments et les questions fusent. « Je trouve que le travail sur la langue est magnifique, indique Estelle Bonetto. C’est très détaillé; ce sont des descriptions microscopiques », ajoute l’ancienne journaliste de L’Eau vive. « L’écriture est tellement visuelle, c’est luxuriant », renchérit Martine Noël-Maw.
« J’ai juste un reproche, déclare Céline Giguère. On ne sent rien. J’aime bien ça, mais on ne sent rien. C’est quoi les odeurs dans la grotte? ». Karen Olsen reconnaît cette insuffisance, et promet d’apporter des améliorations. Au terme de cet échange à la fois incisif et courtois, Martine Noël-Maw conclut : « Merci d’avoir partagé cette expérience ».
Tous les écrits des écrivains présents vont ainsi passer au crible de la critique, sous la direction de l’auteure des Fantômes de Spiritwood. Le texte de Laurier Gareau nous introduit dans l’univers bucolique et poussiéreux de la Saskatchewan des années 1920, dans un mélange d’histoire et de péripéties amoureuses.
On apprend que l’Agence de revenu Canada s’appelait à l’époque Le Bureau de taxation, et que la poussière a été un véritable cauchemar pour les premiers fermiers de la province. « Il va falloir que je te donne des sous, lance Céline Giguère. Je veux avoir l’histoire au complet ».
Quant aux écrits philosophiques d’Estelle Bonetto, ils font une introspection quasi-autobiographique dans l’esprit anxieux d’un immigrant des prairies canadiennes : « Nous ne pouvions compter que sur nous-mêmes dans un pays que nous ne nous étions pas encore appropriés... nous savions aussi qu’il fallait agir avec patience et réfléchir avec audace... ».
« Voyez-vous, mon défi c’est que j’ai beaucoup de mal à créer des personnages », avoue Estelle Bonetto. « J’allais justement te poser la question, poursuit Martine Noël-Maw. Cette après-midi, on parle de personnages, tu pourras donner plus de chair à tes écrits », précise celle qui a écrit Le trésor du Wascana.
Ces échanges littéraires sérieux sont ponctués d’histoires croustillantes que raconte Martine Noël-Maw et tout le monde rit aux éclats. Tous les écrivains présents écoutent attentivement les remarques de leurs pairs et s’engagent à revoir leur copie pour peaufiner le travail.
Avant l’étape finale, la publication, il y a du pain sur la planche. L’écriture, ce n’est pas une affaire d’inspiration. C’est de la transpiration.
- • Objectif du Cercle des écrivains. Offrir l’opportunité aux auteurs qui écrivent en français, qu’ils soient amateurs ou professionnels, de trouver des lecteurs de référence, d’échanger sur leurs écrits avec d’autres auteurs, avant une éventuelle publication.
- • Fonctionnement. Exercices d’écriture supervisés par l’animatrice, lecture des extraits d’ouvrages en chantier, appréciation par les pairs et peaufinage des écrits.
- • Animatrice. Martine Noël-Maw, écrivaine professionnelle.
- • Bilan annuel. Cette année, le Cercle des écrivains a contribué à la publication de quatre livres.
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