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Politique
Dominique Liboiron

Robsart : une communauté effacée par le temps

Je stationne le long de la rue principale de Robsart, un hameau au sud-ouest de la province. Une idée me passe par la tête : je pourrais tout autant stationner en plein milieu de la rue. Les bâtisses qui longent la rue, dont la quincaillerie, le centre communautaire et l’hôpital, sont toutes vides. Robsart est un village presque fantôme.  

Je débarque de mon camion pour explorer une communauté qui, dans les années 1920, comptait jusqu’à 350 citoyens. Je me faufile entre des caraganas qui, année après année, s’échappent de la cour d’une maison abandonnée. La maison n’a plus de peinture et ne me semble pas trop accueillante, mais les rideaux, déchirés et entrouverts, eux, m’invitent à mettre les mains et le front contre la fenêtre. Vous serez surpris de savoir ce qui se trouve à l’intérieur.    

Guidé par ma curiosité, j’entre par la porte de côté qui mène au salon. Il y a un divan, une chaise et même un piano, chose rare dans une maison oubliée. Dans l’armoire de la cuisine, je trouve des épices. De retour dans le salon, je vois du courrier destiné à quelqu’un nommé Gordon. Est-il l’ancien propriétaire de la maison ?

Je quitte la maison. De l’autre côté de la rue principale en gravier, j’aperçois le vieil hôpital qui vaut certainement la peine d’être découvert, mais je le garderai pour une prochaine visite. Je marche donc dans le sens opposé en direction des vieilles entreprises de l’ancien centre-ville. 

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En arrière-plan, nous voyons ce qui reste de la communauté de Robsart, un village où habitaient autrefois 350 personnes.
Crédits : Dominique Liboiron

En cours de route, je remarque quelques maisons en relativement bon état. On pourrait même y vivre. C’est comme si les résidents de Robsart étaient tout simplement partis un beau jour. Une des maisons, en particulier, semble être toujours habitée bien qu’il n’y ait pas de voiture à côté. Je décide de ne pas coller le front contre la fenêtre.

Longue et large, la rue principale s’étale devant moi. Elle témoigne de l’optimisme des pionniers et des marchands qui ont fondé Robsart en 1912. Le village possédait autrefois un bel hôtel, un studio de photographie et une bijouterie. Doucement mais sûrement, la Grande Dépression, deux incendies et l’exode rural ont contribué à l’effondrement de la communauté. 

Arrivé devant l’ancienne quincaillerie, je trouve une bâtisse en bois qui ressemble à celles que l’on voit dans les westerns. Je remarque sur les planches grises au-dessus de la porte de vieilles lettres qui disent « Beaver Lumber », le nom d’une compagnie qui n’existe plus. 

Derrière la quincaillerie, je vois enfin une maison où, sans doute, des gens habitent. À proprement dit, Robsart n’est pas un village complètement fantôme. Le village s’est dissous en 2002 en raison de sa population minime : on ne comptait que 10 résidents en 2011. Bien que la population ait doublé depuis, la majorité des bâtisses de Robsart sont vides et contribuent à donner une atmosphère mystérieuse au hameau. 

Pour vivre ce mystère à votre tour, comptez une heure ou deux de visite. Robsart se situe à 45 minutes au sud de Maple Creek, à l’intersection des autoroutes 13 et 18.   

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