Les chefs se font (enfin) entendre dans des débats
Chefs des partis fédéraux canadiens aux élections 2015
De g. à d. : Thomas Mulcair (Nouveau parti démocratique), Stephen Harper (Parti conservateur) et Justin Trudeau (Parti libéral)
Avec la multiplication des sources d’information, les chaînes d’information en continu et l’omniprésence des médias sociaux, on serait porté à croire qu’en 2015, il est plus facile que jamais de connaître le point de vue des candidats qui aspirent à devenir député ou premier ministre. Ce n’est pourtant pas le cas.
En effet, depuis le début de la présente campagne électorale, la plus longue de l’histoire du pays, les journalistes repartent souvent bredouilles dans leur quête pour connaître les intentions des chefs des principaux partis et de leurs candidats.
Restrictions sur le nombre de questions autorisées, candidats qui n’accordent pas d’entrevues avant la tenue de l’élection, questions qui sont dirigées vers les attachés de presse et les hautes instances du parti, journalistes qui sont hués lorsqu’ils posent des questions délicates durant des événements partisans, tout y est.
En contrepartie, les médias sociaux et autres possibilités infinies qui existent afin de s’exprimer peuvent s’avérer un terrain dangereux et mener à certains dérapages. D’ailleurs, en comptabilisant le nombre de candidats qui se sont retirés de la course ou qui se sont carrément fait montrer la porte au cours des six dernières semaines, on peut comprendre les responsables de chaque campagne respective de vouloir contrôler le message autant que possible.
Même la tenue d’un débat des chefs, un exercice qui était autrefois relativement simple et sur lequel la plupart des partis parvenaient à s’entendre sans trop de problèmes, engendre dorénavant des négociations laborieuses. Il y a quelques années, on se rappellera que la principale controverse concernait la pertinence d’y inviter la chef du Parti vert, Elizabeth May. En 2015, des chefs menacent de boycotter les débats tandis que d’autres indiquent qu’ils y participeront à condition que tel ou tel chef fasse de même.
Malgré tout, les électeurs auront l’occasion d’entendre les chefs de parti à quelques reprises d’ici le 19 octobre, même si ce sera en grande partie dans la langue de Shakespeare.
Cinq dates à retenir
C’est le jeudi 17 septembre que les chefs auront l’occasion de croiser le fer en personne pour la première fois depuis le débat de la revue MacLean’s organisé au début août. Cette fois, ils seront appelés à discuter d’économie à Calgary, dans le cadre d’un débat organisé conjointement par Google Canada et le quotidien The Globe and Mail.
Une semaine plus tard, soit le jeudi 24 septembre, un consortium de radiodiffuseurs dont fait partie Radio-Canada tiendra un débat en français réunissant le premier ministre sortant Stephen Harper chez les conservateurs, le chef néo-démocrate Thomas Mulcair, le leader libéral Justin Trudeau, Elizabeth May et le chef du Bloc québécois Gilles Duceppe.
Le 28 septembre, l’organisme torontois Munk Debates présentera un premier débat des chefs à Toronto, événement qui sera diffusé sur CPAC. Ce débat, qui traitera de politique étrangère et qui réunira Stephen Harper, Thomas Mulcair et Justin Trudeau, a déjà suscité une certaine controverse.
Munk Debates a en effet soulevé l’ire de certains partis, notamment le Parti libéral, puisqu’il n’a offert des billets pour le débat qu’aux membres payants de Munk Debates.
« Nous ne pouvons accepter cela. L’époque où les leaders politiques passaient une audition devant la riche élite du pays est révolue. Les débats devraient être accessibles pour tous les Canadiens, peu importe où ils habitent et avec qui ils sont associés », indiquent les coprésidents de la campagne nationale du Parti libéral, Dan Gagnier et Katie Telford, dans une récente lettre adressée au président de Munk Debates.
Enfin, bien qu’on annonce le tout comme un débat bilingue, tout indique que l’anglais dominera lors des échanges, ce qu’a également dénoncé le Parti libéral dans sa lettre.
Si le Munk Debate n’est pas entièrement bilingue, les francophones pourront à tout le moins se faire une meilleure idée des chefs de parti dans le cadre d’un avant-dernier débat, le 2 octobre prochain sur les ondes de TVA. La chaîne de l’empire Québecor a décidé d’organiser son propre débat.
En dernier lieu, le consortium des radiodiffuseurs tiendra un débat en anglais le 8 octobre. Stephen Harper a déjà indiqué qu’il n’y serait pas et Thomas Mulcair n’entend pas y être, à moins que le chef conservateur ne change d’idée.
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