Le budget provincial 2024-2025 déçoit les Fransaskois
L’annonce du budget provincial 2024-2025 en Saskatchewan déplaît à plus d’un Fransaskois. Pour les organismes francophones, le budget manque de mesures concrètes pour soutenir et promouvoir la vitalité de la communauté.
Première déçue, l'Assemblée communautaire fransaskoise (ACF) note que les fonds destinés aux services en français et à l’éducation sont bien insuffisants.
« L’opportunité a encore été manquée, regrette Denis Simard, président de l’ACF, car dans le cadre de la nouvelle entente fédérale-provinciale, des investissements pour la communauté fransaskoise auraient pu être appliqués. »
Ce dernier indique que son organisme avait soumis au ministère de la Santé les demandes de la communauté afin qu’elles soient incluses dans cette entente, « mais ils ont choisi de ne pas le faire », déplore-t-il.
Des projets en suspens
Selon l’ACF, plusieurs projets n’ont pas reçu l’attention qu’ils méritaient dans ce nouveau budget provincial. À l’instar de l’école de Saskatoon.
De l’argent a été mis de côté pour bâtir le nouvel établissement, le terrain est finalisé et tout est prêt pour annoncer le projet en phase de construction. Pourtant, aucune annonce officielle n’a été faite.
« Le quasi-silence envers ce projet d’infrastructure scolaire fransaskois montre qu’il reste encore beaucoup de travail à faire auprès du gouvernement provincial dans ce dossier », énonce dans son communiqué l’organisme porte-parole.
Toujours selon l’ACF, l’immigration est un autre grand oubli de ce nouveau budget. « On a voulu créer des sites pour la francophonie, mais le gouvernement dit que ce n’est pas quelque chose qui les intéresse. C’est toujours de ce côté-là qu’on a l’impression d’être des citoyens de deuxième classe », confie le président de l’ACF.
Le représentant du Collectif des parents inquiets et préoccupés (CPIP), Jean de Dieu Ndayahundwa, est tout aussi déçu du nouveau budget provincial.
« Nous nous attendions à une annonce des investissements précis pour la construction de nouvelles écoles francophones à Prince Albert et à Saskatoon, comme le prévoit le Protocole d'entente signé en mars 2019 entre le gouvernement de la Saskatchewan et le Conseil scolaire fransaskois », souligne-t-il.
Pour rappel, ce protocole prévoyait la construction de trois nouvelles écoles francophones, à Regina, Prince Albert et Saskatoon, et ce, dans un délai de 6 ans.
« Il est tout à fait absurde que la Province annonce à nouveau le financement pour la nouvelle école de Regina qui est en construction depuis le mois de juin en laissant au stade de la planification les deux autres projets d’écoles », ajoute l’ACF.
Des parents frustrés
« Par manque d’infrastructures scolaires francophones, la qualité de l'enseignement francophone est affectée », dénonce Jean de Dieu Ndayahundwa.
Ce dernier réaffirme ainsi l'esprit de l'article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés qui prévoit l'équivalence d'éducation dans les deux langues officielles partout au pays.
« Nous, parents francophones, devons nous mobiliser davantage », assène le représentant du CPIP. Une mobilisation qui passe par les tribunaux pour obtenir gain de cause.
« Le CPIP a toujours maintenu la ligne dure contre le gouvernement de la Saskatchewan pour la revendication de nouvelles écoles. Avec le temps, beaucoup de parents comprennent que le seul langage que le gouvernement comprend est celui des tribunaux. »
Le porte-parole du CPIP indique vouloir maintenir cette approche pour aller chercher une troisième école francophone élémentaire à Regina.
Du côté du Conseil des écoles fransaskoises (CÉF), la réception du budget est plus nuancée. « C’est sûr qu’il y a beaucoup de rattrapage à faire, mais il faut reconnaître qu’il y a eu une augmentation de 3,8 millions de dollars sur notre budget entre deux années », note le directeur général Ronald Ajavon.
Ce dernier se réjouit aussi de voir que des projets de construction avancent. « La nouvelle école du Parc est en construction. Et il y a aussi le projet de la nouvelle école à Saskatoon : le gouvernement nous a bien confirmé que le projet se poursuivait, on est juste en attente d’acquisition d’un terrain. Dès qu’on aura trouvé, les travaux pourront commencer », assure-t-il.
Malgré tout, le responsable reconnaît que la barre est haute : « Nos besoins dans les petites communautés sont grands, par exemple en termes de rénovations de nos locaux et en ressources humaines. L’éducation en milieu minoritaire coûte cher. »
Un partenaire de choix ?
Pour la Fransaskoisie, c’est toujours le même message à faire passer : « La communauté fransaskoise est un partenaire de premier choix », clame Denis Simard.
Nouer des liens étroits avec la communauté fransaskoise « permet d’entretenir des relations intimes avec le fédéral », ajoute le président de l’ACF.
Sans compter que la communauté fransaskoise se compose d’individus issus de 87 pays différents, souligne Denis Simard, ce qui veut dire que « la communauté fransaskoise peut être ambassadrice dans ces 87 pays ».
Pour que le gouvernement considère la communauté fransaskoise comme « un partenaire incontournable », l’ACF appelle à poursuivre la mobilisation de toutes les parties prenantes.
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