Dur lendemain de veille au NPD
Le 10 avril dernier, le NPD a, pour la première fois de son histoire, montré la porte à son chef. Les quelques 1 800 délégués réunis en congrès à Edmonton ont demandé, dans une proportion de 52%, une course à la direction. La défaite est cuisante pour Thomas Mulcair dont on a cru, pendant quelques semaines, qu'il mènerait le parti au pouvoir. La greffe entre l'ex député du Parti libéral du Québec et le NPD n'a pas pris.
On peut se demander pourquoi un tel désaveu. Certes, on n'a pas pardonné au chef la défaite électorale du 19 octobre, même si, avec 44 députés, M. Mulcair a obtenu le second meilleur score de l’histoire du parti. Mais ce n'est pas ce qu'on a retenu. Ce qu'on a retenu, c'est que Thomas Mulcair a remporté 59 sièges de moins que Jack Layton en 2011.
Le NPD est un parti tiraillé entre le camp des idéalistes, la gauche du parti pour qui être la conscience sociale-démocrate passe avant la quête du pouvoir, et celui des pragmatiques, qui veulent le pouvoir pour mettre en oeuvre des politiques fondées sur leurs principes, quitte à être plus centristes. Les uns comme les autres reprochent à M. Mulcair d'avoir mené une mauvaise campagne. Ils n'ont pas tort. Mais il n'y a pas unanimité. Certains l'accusent d'avoir été trop pragmatique et d'autres, pas assez. Ce qu'on dit moins volontiers, c'est que tous ont sous-estimé les libéraux et Justin Trudeau.
L'écart entre les idéalistes et les pragmatiques était très présent au congrès. D'un côté, les dissidents regroupés autour du manifeste Leap (Un bond en avant), un programme radical calqué sur l'écologisme pur et dur. De l'autre, la délégation albertaine en extrême désaccord avec ce manifeste et prônant une approche pragmatique face aux projets d'infrastructures énergétiques.
Qui pourra diriger ce parti à l'enseigne duquel logent des idéaux radicalement opposés? Un parti redevenu plus que jamais un tiers parti? En attendant une course à la direction, M. Mulcair a élégamment et courageusement accepté de rester à la barre jusqu'à l'arrivée de son ou de sa successeur(e). Heureusement! Son départ aurait créé un grand vide à la Chambre des communes.
Car il ne faut pas oublier que Thomas Mulcair a été un chef d'opposition remarquable, qu'il a fait un travail extraordinaire et que sans lui, M.Harper serait peut-être encore premier ministre. Que le NPD retourne à son rôle de gardien des valeurs sociodémocrates ne sera pas mauvais pour le citoyen. Que le gouvernement Trudeau soit flanqué, sur sa gauche par une 2e opposition, ne sera pas mauvais non plus.
Qui sera le prochain chef? À quoi ressemblera ce parti? Les néo-démocrates ont tout le temps d'y réfléchir, de se trouver un front commun et... de regarnir leurs coffres vides. À moins d'une catastrophe imprévue, le gouvernement de Justin Trudeau paraît promis à un second mandat. Le centre gauche risque d'être occupé pendant un bon bout de temps.
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