De phytologue à artiste visuelle, des baies aux billes
Le Conseil culturel fransaskois (CCF), en partenariat avec la Bibliothèque publique de Regina et la galerie d’art Dunlop, a organisé le 24 novembre un atelier de tissage en ligne avec la phytologue et artiste visuelle métisse Daphne Boyer. Une vingtaine de personnes ont assisté à cette activité artistique et ludique.
« Ça me fait extrêmement plaisir d’être avec des Fransaskois ce soir », a lancé d’emblée l’artiste visuelle qui a appris à l’âge de 24 ans le français, la langue de sa mère.
Dans cet atelier d’environ une heure et demie, la Saskatchewanaise Daphne Boyer, qui a longtemps vécu au Québec et qui vit aujourd’hui à Victoria, a montré aux participants comment utiliser les motifs perlés et piqués numériques afin de créer des tissages en papier, le tout uniquement en français.
L’atelier de tissage animé par Daphne Boyer consistait à créer des tissus en papier.
L’atelier a réuni une vingtaine de participants.
Crédits : Captures d’écran
« C’était très intéressant, j’apprécie l’aspect intellectuel et esthétique au travers de l’atelier », a commenté Anne Brochu Lambert, l’une des participantes et présidente du CCF, qui a pu bénéficier de l’une des trousses d’art qui étaient offertes gratuitement aux participants.
Une technique ancestrale
« C’était merveilleux, j’ai beaucoup aimé l’atelier », a déclaré à son tour Rosalie Lizée, une autre participante. « Je me suis inscrite pour voir le lien avec les Premières Nations, Inuits et Métis. Je voulais comprendre cet aspect de l’histoire, je n’avais jamais fait de tissage », ajoute celle qui affectionne la peinture acrylique et l’aquarelle.
L’atelier de tissage animé par Daphne Boyer consistait à créer des tissus en papier. L’atelier a réuni une vingtaine de participants. Crédits : Courtoisie
La technique de l’artiste métisse mêle les matériaux naturels et l’artisanat traditionnel. « Quand j’étais petite, ma mère et ma grand-mère parlaient français et je rêvais de parler cette langue », explique celle qui a appris la langue de Molière à Montréal lors de ses études en phytologie, soit l’étude des plantes.
L’histoire du tissage au Canada remonte aux populations autochtones. Ses techniques consistent à entremêler avec les doigts des fibres textiles (dans le cadre de l’atelier, il s’agissait de papier). Une activité qui permet de confectionner de beaux tissus sans recourir à des métiers à tisser complexes.
Des baies aux billes
En utilisant des matériaux naturels et en les combinant avec l’artisanat traditionnel métis, Daphne Boyer a inventé une technique qu’elle a appelée Berries to Beads. « Les baies sont un élément essentiel de notre culture, de notre alimentation et de nos pratiques, indique-t-elle. Je voulais commencer par les baies car les plantes sont notre médecine et nos alliées. »
Ses œuvres reflètent son histoire familiale et son souhait d’établir des liens entre le savoir autochtone et la science occidentale. En plus de sa technique Berries to Beads, l’artiste a inventé la broderie numérique en piquants de porc-épic et le touffetage de mousse, qui est une version numérique du touffetage de poils d’orignaux.
En tant qu’artiste visuelle et phytologue, Daphne Boyer combine ainsi les matières végétale et animale, les outils numériques de haute résolution et l’artisanat traditionnel des femmes. Ses œuvres célèbrent le patrimoine métis de sa famille, tout en mettant en avant les liens fusionnels entre humains, animaux et végétaux.
Depuis son plus jeune âge, lors de randonnées dans les prairies de la Saskatchewan avec sa mère naturaliste, l’artiste en devenir s’est prise de passion pour l’ordre, la beauté et les cycles de vie du monde naturel. En résulte une passion pour la guérison par les plantes, la récolte de végétaux sauvages comestibles et la culture de grands jardins.
Daphne Boyer fait partie de l’exposition de groupe Storied Objects: Métis Art in Relation présentée jusqu’en mai 2023 au Remai Modern de Saskatoon.
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