Jean Johnson : « Ce Sommet 2021, c’était un peu des états généraux »
Crédit: Courtoisie-FCFA/Montage-Francopresse
FRANCOPRESSE – Le Sommet sur le rapprochement des francophonies canadiennes s’est achevé le jeudi 17 juin. Les fruits de nombreuses réflexions se trouvent désormais entre les mains de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) et du Secrétariat du Québec aux relations canadiennes (SQRC), envers lesquels les attentes sont nombreuses dans la francophonie canadienne. Retour sur une semaine riche en débats avec le président de la FCFA, Jean Johnson.
Francopresse : Quel mot choisiriez-vous pour résumer la semaine du Sommet?
Jean Johnson : Le mot serait « historique ». Les derniers grands rassemblements qu’on a eus réellement, c’était dans les années 1960, lors des fameux États généraux [du Canada français].
[Ce Sommet 2021], c’était un peu des états généraux. Ç’a été vraiment un Sommet qui a mis la table pour deux francophonies qui veulent apprendre à se connaitre et à travailler ensemble, pour bâtir une grande place plus sure partout pour le français au Canada.
Le Québec dévoilera cet automne le renouvèlement de sa Politique en matière de francophonie canadienne. Quelles sont les attentes de la FCFA?
C’est une politique qui date de très longtemps. Je souhaiterais qu’on tienne compte des résultats qui émanent de ce Sommet.
Je souhaite également qu’on puisse augmenter les investissements, mais les regarder de façon différente ; créer une approche du « par et pour » les communautés dans le développement final de la Politique en matière de francophonie canadienne et [regarder] la façon dont on choisit les investissements.
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Une volonté de structurer les instances francophones est ressortie des ateliers du Sommet. Est-ce que c’est aussi quelque chose qui fait partie de vos souhaits envers le gouvernement du Québec?
Je ne sais pas si c’est quelque chose qui s’inscrit à l’intérieur de la Politique en matière de francophonie canadienne. Je pense que c’est davantage dans la manière dont le gouvernement du Québec et la FCFA souhaiteraient travailler ensemble pour faire la promotion et assurer la pérennité de nos communautés.
Je vous rappelle que nous sommes convaincus que le Québec a aussi besoin de se renforcer [à ce niveau] parce que les médias sociaux d’aujourd’hui ont une très grande incidence sur l’anglicisation des gens. Que les gens s’anglicisent ne m’inquiète pas ; ce qui m’inquiète, c’est qu’on ne trouve pas la façon de valoriser et de célébrer [notre] langue.
Maintenant que le Sommet est derrière nous, quel est le rôle de la FCFA dans la mise en place de ce renouvèlement de la Politique en matière de francophonie canadienne du Québec?
La priorité, c’est de compléter l’analyse des données qu’on est allés chercher lors de ce Sommet.
Ensuite, c’est d’orienter ce contenu-là pour qu’il soit reflété dans les intentions à venir.
Oui, il y a la Politique en matière de francophonie canadienne, mais il y a aussi […] un désir de créer un momentum de rapprochement.
Le rapprochement ne se fait pas seulement dans une rencontre de trois, quatre ou cinq jours ; elle se fait par la répétition de nos rencontres.
Justement, l’une des volontés qui sont aussi ressorties au cours de ce Sommet est que ce type d’évènements aient lieu plus fréquemment et qu’ils se pérennisent. Est-ce que c’est aussi sur la table?
Oui, c’est sur ma table. Ce serait mon souhait qu’il y ait un autre sommet en présentiel parce que la COVID-19 nous a joué un mauvais tour.
Ça nous a permis quand même de faire un apprentissage sur les moyens de communication qu’on a utilisés pour se rapprocher. Ç’a très bien fonctionné, mais on est des êtres humains.
Puis [nous], les francophones, on est influencés par notre langue qui est de descendance latine. On a un sang latin […] donc on a besoin de se voir, de se parler, on a besoin de cette chaleur humaine.
J’aurais des idées sur la manière de faire ce prochain sommet, mais il faudrait aller chercher d’autres partenaires […] ne pas demander au Québec seul de porter le fardeau. Ce sont des discussions à avoir avec [la ministre québécoise des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne] Sonia LeBel et son équipe.
Qui seraient ces autres partenaires, par exemple?
J’aimerais avoir une conversation avec Mme Lebel avant [de se prononcer]. Le Québec et le gouvernement fédéral ont un mécanisme de fonctionnement et moi, je ne veux pas m’immiscer. Alors comment est-ce qu’on joue une balance délicate, toujours dans le respect des deux instances?
Il y a aussi de grosses entreprises du secteur privé qui auraient intérêt à participer à ces évènements-là. Je vois aussi une plus grande participation du secteur public, peut-être les grandes municipalités.
Faut-il aussi impliquer les grandes institutions financières, les assurances? Je pense aux entreprises nationales, comme Desjardins, qui aurait peut-être un intérêt à vouloir commanditer certains aspects pour s’assurer de trouver des opportunités économiques.
Vu que le Sommet était virtuel cette année, pensez-vous qu’il y a eu des occasions manquées de réseauter entre francophones ou de créer des projets plus facilement?
Non. Comme tout le monde, j’aurais préféré qu’il soit en présentiel, mais honnêtement, je suis content qu’on l’ait fait virtuellement parce qu’on a appris des choses dans la dernière année. On n’a pas été capable de le faire en présentiel, mais on l’a tenu. Et ça va être une façon de bien préparer le [prochain en] présentiel.
À noter que les propos ont été édités pour des raisons de longueur et de cohérence.
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