Guillaume Deschênes-Thériault est étudiant en science politique à l’Université de Moncton.
Photo : G. Deschênes-Thériault (2014)
Dans son radar, le PDG de Radio-Canada, Hubert Lacroix, voit le diffuseur se distinguer en créant « la place publique la plus animée du pays ». Son nouveau discours, valorisant les stations régionales et le contenu canadien, est accueilli avec prudence.
L’étudiant à l’Université de Moncton, Guillaume Deschênes-Thériault, est un inconditionnel. « Je suis pas mal tout le temps branché à Radio-Canada. Je regarde le Téléjournal Acadie et je suis les nouvelles avec l’application SRC sur ma tablette.
« C’est pas tout le monde qui est là. Si Radio-Canada veut attirer les jeunes, dit-il, ça peut représenter un défi. Mais passer par les technologies, c’est une bonne manière de les intéresser. »
Devant un auditoire montréalais, Hubert Lacroix a déclaré le 16 octobre que les jeunes de 18 à 24 ans veulent « vivre les nouvelles plutôt que de se les faire raconter ». Le PDG a soutenu que, grâce à sa présence régionale, le diffuseur fournira aux Canadiens l’occasion de connaître leur communauté et leurs voisins.
Selon lui, seulement 15% des jeunes ont une télé mais presque tous possèdent un téléphone portable, alors que 90% des Canadiens demeurent branchés à leur téléviseur à partir de leur salon.
L’étudiant en science politique est d’accord. « La plupart des jeunes n’ont pas de télé dans leur appartement, ils font tout à partir de l’ordinateur. Les nouvelles se transmettent quand les gens partagent des articles sur Facebook. »
Selon le président de la Fédération culturelle canadienne-française, Martin Théberge, Radio-Canada a pris du retard en matière de technologies et de services aux jeunes adultes. « C’est ambitieux d’aller chercher les jeunes, mais ils ont déjà fait un pas dans la bonne voie en allant vers les nouveaux médias. Il va falloir aller un peu plus loin. »
Martin Théberge, président de la Fédération culturelle canadienne-française et et directeur général de la Fédération culturelle de la Nouvelle-Écosse.
Photo : Lorraine Plourde (2014)
Martin Théberge apprécie le nouveau discours sur la continuité des services régionaux. « C’est la première fois que c’est dit comme ça. Depuis les coupures, c’est exactement ce qu’on a demandé et ils ont entendu notre message. Les régions doivent faire partie des plans : c’est dans leur mandat. »
« On a une petite inquiétude, explique-t-il. La production de contenu canadien va-t-elle se faire à l’interne ou inclure les producteurs indépendants à l’extérieur de Montréal? La présence régionale actuelle se limite aux nouvelles. »
Guillaume Deschênes-Thériault renchérit. « Ce serait un gros changement de tendance, mais j’espère que ça va se produire. Il y a eu beaucoup de commentaires négatifs parce qu’on a été mal couverts. Que ce soit la communauté francophone de la Colombie-Britannique ou de l’Acadie, c’est important que Radio-Canada voie ce qui se passe. »
La SRC a annoncé en avril des coupures de 130 millions $ et 650 mises à pied sur deux ans, dont 80 dans les stations de langue française hors Québec. La nouvelle avait coïncidé avec la publication d’un rapport du Sénat très critique de la place accordée aux communautés francophones par le diffuseur.
« Les communautés veulent se voir, s’entendre et se lire sur les ondes de Radio-Canada, a expliqué Claudette Tardif, la présidente du Comité sénatorial des langues officielles. Pas seulement sur le plan régional mais aussi à l’antenne nationale. Les communautés tiennent beaucoup à la SRC. »
Le Comité a réclamé « des mécanismes de consultation, des rapports détaillés sur la place des communautés, plus de participation des communautés aux bulletins nationaux et plus de productions indépendantes. » Il a demandé à Radio-Canada de lui rendre des comptes sur ses 12 recommandations avant la fin de 2014.