Skip Navigation

Défendre la liberté de presse chez-nous autant qu’ailleurs

Message du président de l'Association de la presse francophone dans le cadre de la journée mondiale de la liberté de la presse.

17720 of views

Francis Sonier, éditeur de l'Acadie nouvelle et président de l'Association de la presse francophone

Francis Sonier, éditeur de l'Acadie nouvelle et président de l'Association de la presse francophone

« Le phénomène de la désinformation n’est pas nouveau, mais il attire beaucoup l’attention ces dernières années. À l’ère du numérique, nous avons un accès facile à une très grande quantité d’information, de qualité variable, qui évolue très rapidement. En tant que citoyens, nous devons être vigilants, nous questionner sur les sources d’information et les intentions de ceux qui les produisent. N’importe qui peut devenir producteur de contenu d’information. Que ce soit le simple citoyen, la grande corporation internationale ou un parti politique. En cette année électorale au fédéral, nous devons y prêter une attention particulière.

Le thème de la Journée mondiale de la liberté de la presse de cette année est : Médias pour la démocratie : le journalisme et les élections en période de désinformation. Un thème qui tombe à point alors que récemment, le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a remis en question la pertinence du travail des journalistes sous prétexte qu’il peut s’adresser directement aux citoyens via les médias sociaux. Des propos qui nous donnent l’occasion de réfléchir au rôle de chien de garde de la démocratie des médias dans notre société.
 
La presse communautaire joue un rôle fondamental dans la protection de la démocratie. Elle limite les risques d’érosion de l’information en assurant un lien de proximité entre les citoyens et les acteurs de la nouvelle tout en offrant une perspective locale sur l’actualité. Ce que les grands médias d’information peuvent faire difficilement en raison de la nature de leurs mandats.
 
Pour assurer l’indépendance des salles de rédaction de ses journaux membres et réaffirmer leur rôle dans les collectivités, en 2017, l’APF a pris le taureau par les cornes en se dotant de la Charte de la presse écrite de langue française en situation minoritaire au Canada. En adhérant à la Charte, les journaux “[défendent] la liberté de presse et le droit d’accès du public à l’information” et peuvent “jouer un rôle de surveillance à l’égard des instances et groupes financés par l’État ou par des collectes publiques de fonds.”
 
Il relève de l’intérêt public d’avoir accès à de l’information objective, de qualité et impartiale. C’est pourquoi la liberté de presse est essentielle au maintien d’une démocratie saine. D’ailleurs, rappelons-nous qu’au Canada, l’article 2b de la Charte des droits et libertés garantit la liberté de presse et d’autres moyens de communication comme droit fondamental.
 
Je salue aussi le travail des journalistes d’ailleurs dans le monde, qui jour après jour, questionnent, analysent et, parfois, courent des risques afin d’informer le public et de protéger les démocraties. Malheureusement, dans plusieurs pays, certains doivent le faire au péril de leur vie. Le classement mondial de la liberté de la presse 2019 de Reporters sans frontières (RSF), où le Canada occupe le 18e rang sur 180 pays et territoires, révèle que : “les conditions des travailleurs de l’information se sont dégradées, d’autant que ‘la haine’ envers les journalistes ‘a dégénéré en violence’”.
 
Le droit à la liberté de presse relève de la responsabilité de tous. Les journalistes doivent pouvoir exercer leur métier librement et en sécurité afin de fournir une information fiable, rigoureuse et objective. Le public peut ainsi prendre des décisions éclairées sur les divers enjeux de nos sociétés.
 
Profitons de la Journée mondiale de la liberté de la presse pour nous rappeler notre droit collectif d’être informé ! »
 
Le 3 mai a été proclamé Journée mondiale de la liberté de la presse par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1993, suivant la recommandation adoptée lors de la vingt-sixième session de la Conférence générale de l’UNESCO en 1991. Ce fut également une réponse à l’appel de journalistes africains qui, en 1991, ont proclamé la Déclaration de Windhoek sur le pluralisme et l’indépendance des médias. – Site web de l’ONU https://www.un.org/fr/events/pressfreedomday/

Francis Sonier
Président
Association de la presse francophone