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Racisme, discrimination et cyberintimidation, trois sujets chauds à la Table des élus

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Les trois thèmes du racisme, de la discrimination et du cyberharcèlement ont pris une place prépondérante lors de la Table des élus du 19 décembre. Ces derniers ont tenté de trouver des pistes de solutions pour ces enjeux qui déchirent la communauté.

Sous fond de débats au sujet du racisme et de l’intimidation dans la communauté fransaskoise, les représentants des organismes communautaires ont discuté de ces enjeux durant deux des trois heures de la rencontre.

Le docteur Abdoulaye Yoh, président du Réseau Santé en français de la Saskatchewan (RSFS), a offert un court atelier de sensibilisation sur le racisme. Un sujet que le professeur d’université indique avoir condensé pour l’occasion, mais qui pourrait occuper tout un semestre.

L’atelier a démarré en déconstruisant le concept de race, sans base scientifique. Abdoulaye Yoh a expliqué que les classifications des différentes races sont fluides et peuvent inclure et exclure différents groupes selon les endroits, les cultures et les époques.

Le concept de « racisation » expliqué

Cependant, il ne faut pas ignorer l’impact de ces classifications qui ont été la base de l’esclavage et de la ségrégation dans les Amériques. Le docteur parle ainsi de la « racisation », l’attribution d’une race à une personne de couleur de peau différente. Les personnes noires, autochtones et de couleur (traduction de Black, Indigenous, and People of Colour qui donne l’acronyme BIPOC) sont ainsi des personnes « racisées ».

Abdoulaye Yoh a souligné que l’héritage du racisme pseudoscientifique et de l’esclavage sont si grands que la plupart des gens, même ceux qui ne se considèrent pas racistes, gardent quand même des préjugés inconscients envers les gens de couleurs, ce qui mène parfois à de la discrimination.

Ces préjugés peuvent être observés tant chez les Blancs que chez les personnes racisées, mais n’affectent négativement que ces dernières. C’est l’addition des préjugés conscients ou inconscients des gens en position d’autorité qui crée le climat de racisme systémique, et ce, malgré l’abrogation des lois racistes.

Le professeur a aussi parlé du problème de la discrimination inconsciente, qui est à l’origine de phénomènes comme le profilage racial. En Saskatchewan, ce problème survient par exemple lorsqu’un employé de magasin suit une personne racisée, perçue comme plus suspecte. Le professeur note que la discrimination n’affecte pas uniquement les personnes racisées, mais bien toutes les personnes marginalisées.

Malgré tout, Abdoulaye Yoh a tenu à préciser que plusieurs comportements comme le désaccord d’opinion ou la réprimande pour un travail mal fait ne constituent pas des cas de discrimination.

Enfin, le président du RSFS a parlé du lien entre discrimination et cyberintimidation, un concept qui fait couler beaucoup d’encre ces derniers temps. La cyberintimidation se caractérise par des menaces, des rumeurs ou de la diffamation faite sur les médias sociaux.

Des solutions à l’horizon

Les participants ont été séparés en petits groupes pour proposer des pistes de solutions aux problèmes du racisme, de la discrimination et de l’intimidation, et voir comment la communauté pourrait modifier son contrat social pour mieux vivre ensemble.

Philolin Ngomo, président de l’Association des parents fransaskois (APF), suggère que, dans les situations de cyberharcèlement, il faut être plus ferme avec les agresseurs pour qu’ils comprennent que leurs comportements ne sont pas acceptés dans la communauté fransaskoise.

Maître Sophie Ferré, membre du conseil d’administration de l’Association des juristes d’expression française de la Saskatchewan (AJEFS), a partagé trois idées pour contrer le racisme et l’intimidation. Elle suggère de créer des « politiques de tolérance zéro » dans les organismes, que ces derniers organisent des formations de sensibilisation au racisme en leur sein, et qu’ils promeuvent la diversité au sein des conseils d’administration.

Denis Simard, président de l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF), suggère que l’organisme porte-parole crée une politique sur la diversité, l’équité et l’inclusion qui pourrait ensuite être partagée aux autres organismes du réseau fransaskois. Cela permettrait aux organismes de ne pas utiliser leurs propres ressources pour créer ces politiques et de standardiser les recours offerts aux victimes.

Des projets pour progresser

Les organismes ont parlé des activités réalisées au cours de l’année pour combattre la discrimination ou le cyberharcèlement. Denis Simard a ici mentionné que l’ACF avait organisé deux ateliers de sensibilisation sur le cyberharcèlement au mois de novembre, un pour les directions d’organisme et l’autre ouvert à tous. L’ACF a aussi conclu un partenariat avec la GRC pour mieux comprendre que la loi dit sur le cyberharcèlement et étudier les cas particuliers.

La Communauté des Africains francophones de la Saskatchewan (CAFS) a, pour sa part, commencé un projet de sensibilisation sur le racisme ciblant les jeunes de 25 ans et moins. Sylvie Niyongere, présidente de la CAFS, explique que le projet comprend des activités de lecture et de dessin.

Anne Brochu Lambert, président du Conseil culturel fransaskois (CCF), a aussi présenté le sondage organisé par quatre organismes fransaskois visant à recueillir des témoignages de discrimination, de racisme et de harcèlement. La collecte de données  a duré deux mois et est maintenant terminée. Les réponses seront analysées par des universitaires avant le dévoilement des résultats en 2021.

Le mouvement Black Lives Matter et la Cancel Culture ont été des sujets chauds en 2020. Il n’est donc pas surprenant que les organismes fransaskois clôturent l’année avec des discussions de fond sur la discrimination et la cyberintimidation. Reste à voir si ces efforts porteront leurs fruits en 2021.