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Les noms d'ici, par Carol Léonard

Quand Joe inspire Zoé

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En partenariat avec le Conseil culturel fransaskois (CCF), le musée d’art Mackenzie de Regina a présenté le 15 novembre un premier atelier virtuel de création artistique en français destiné aux enfants, animé par l’artiste Zoé Fortier.

Zoé Fortier n’en est pas à son premier atelier en ligne. L’animatrice a plus d’un pinceau à sa palette pour offrir un contenu haut en couleur en hommage au non moins coloré artiste fransaskois Joe Fafard.

La responsable du secteur scolaire au CCF et artiste multidisciplinaire fransaskoise avait animé une première version de l’atelier hommage à Joe Fafard en mai dernier et celui-ci avait reçu son lot d’éloges, d’où le désir de reproduire l’expérience, cette fois avec un plus grand rayonnement. « C’est une très belle opportunité de collaborer avec le musée Mackenzie et de continuer le travail amorcé par le CCF pour offrir une programmation en français », précise-t-elle.

« Mon défi a été de regarder les œuvres de Joe Fafard que je connaissais assez bien à travers le prisme d’un enfant afin qu’il puisse les reproduire en suivant un modèle, mais surtout son imagination », ajoute l’artiste.

Mise en scène virtuelle

Zoé Fortier

Zoé Fortier

L’animation d’ateliers artistiques virtuels n’est pas donnée à tous et, malgré les apparences, un travail de mise en scène s’opère dans les coulisses pour offrir au public, si jeune soit-il, une expérience de qualité. « On n’a pas de technicien ou de scénographe, mais il faut quand même s’assurer d’une bonne qualité sonore et d’un bon éclairage pour offrir un produit professionnel », souligne Zoé Fortier.

L’artiste a d’ailleurs animé entre avril et juin 2020 toute une série d’ateliers sur Facebook intitulée Gribouillis avec Zoé pour donner un meilleur accès aux arts et à la culture. « Ce genre d’exercice créatif est très populaire car très accessible. Il faut peu de matériel et ce n’est pas trop intimidant », analyse-t-elle.

Parler le langage de l’art

L’art est aussi un formidable prétexte pour apprendre la langue et la culture. L’aspect pédagogique des ateliers dispensés par l’artiste fransaskoise est la pierre angulaire des séances familiales. L’occasion de nommer les couleurs, d’aborder des notions artistiques de base et du vocabulaire de l’art, de chanter des comptines, et bien sûr de parler de Joe Fafard, de façon ludique et humoristique.

En partant de la vache, muse mythique de Joe Fafard, le célèbre sculpteur est lui-même devenu l’inspiration de plusieurs générations de Fransaskois qui s’identifient à son art et à ce qu’il représente. « Joe Farfard est un exemple à suivre. On a tous besoin de savoir que quelque chose est possible. En voyant un artiste comme Joe valorisé, ça me valorise aussi, ça donne aux artistes de la visibilité et nous permet d’exister dans l’œil du public », exprime Zoé Fortier.

« Joe représente le vécu des francophones en Saskatchewan d’une certaine époque, il était très enraciné dans sa communauté. Mais du point de vue technique, il dépassait aussi les frontières et voyait au-delà de ce qui existait, si bien que sa pratique avait aussi une influence très globale », poursuit l’animatrice.

Recoller les morceaux

Zoé Fortier s’est inspirée de l’intérêt de Fafard pour les retailles, ces résidus de matériaux divers transformés en quelque chose de nouveau et raffiné, afin de structurer l’atelier familial, à la façon d’un casse-tête sous le signe de l’improvisation, du jeu et de l’exploration.

Cette dernière a toujours été frappée par l’esprit de débrouillardise de Joe Fafard qui se servait de ses retailles pour créer de nouvelles œuvres. « Moi aussi, dans ma pratique artistique, je me demande toujours avec quoi je peux faire de l’art. D’où l’idée du collage qui permet d’utiliser ce qu’on a sous la main. C’est un beau rappel de la joie de vivre et de la liberté qui émanaient du travail de Joe. »

Zoé Fortier veut avant tout donner confiance aux jeunes et le goût de s’amuser. « On ne sait jamais quand l’étincelle va s’allumer. C’est un des grands honneurs de tous les artistes de pouvoir partager et transférer leur passion aux autres », estime-t-elle.

Et l’art de Joe Fafard se prête bien au jeu. Zoé Fortier croit que les enfants peuvent s’identifier facilement aux formes animales familières, joyeuses et champêtres que le sculpteur fransaskois privilégiait dans son répertoire. Vache, loup et cheval ont ainsi servi de modèles lors de l’atelier.

Ce n’est qu’un début

L’expérience ne s’est pas arrêtée dimanche 15 novembre. L’atelier est maintenant en ligne sur le site du CCF et un guide pédagogique est également en cours d’élaboration afin de soutenir les enseignants qui voudront intégrer ce genre d’activités virtuelles à leur classe.

« Au-delà de l’exercice créatif du collage, il y a aura aussi une biographie de l’artiste, des faits inusités afin de bien outiller les enseignants et de les renseigner sur l’histoire et l’importance de cette figure incontournable de la culture fransaskoise », précise Zoé Fortier.

Le sourire dans la voix, la responsable du secteur scolaire au CCF promet de belles surprises pour début 2021. Avec de telles initiatives, l’art n’a pas fini de s’inviter chez les familles fransaskoises.

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