REGINA - C’est dans un esprit d’initiative locale, scolaire et communautaire que l’Association canadienne-française de Regina (ACFR) a inauguré son tout premier jardin communautaire le 15 juin dernier. Pour apprendre à avoir la main verte, devenir écoresponsable et se rapprocher de la nature, le jardin fait figure de terrain fertile.
La formule des jardins communautaires a la cote ces dernières années et les Fransaskois de Regina comptent bien se lancer eux aussi dans la production de leurs propres fruits et légumes. Situé au Pavillon secondaire des Quatre-Vents (PSQV) de l’école Monseigneur de Laval, le projet est développé en partenariat avec le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) et Marc Drolet, chef de la Cantine Bonne Bouffe du PSQV.
« J'ai la conviction que les élèves se serviront de ce jardin comme d’un modèle. Ils sèmeront leur curiosité, arroseront leurs connaissances, entretiendront leurs apprentissages et, à la fin du processus, ils en récolteront des réussites », se réjouit de façon imagée Sébastien Ouellet, directeur du PSQV.
Une école communautaire citoyenne
Depuis le début de l’année, l’ACFR et la cantine du pavillon secondaire développent avec le chef Marc Drolet et ses élèves un service de traiteur. En raison de la pandémie, il a fallu une bonne dose de courage pour repenser cette extension. « Tout ce qui est mis en place est un investissement pour la communauté, pour le futur. Il fallait garder la tête haute », indique Elma Bos, directrice de l’ACFR.
Ce service de traiteur permettra aux membres de la communauté locale de se procurer des repas, collations et paniers de produits frais qui seront cultivés sur place dans le jardin communautaire et cuisinés au PSQV par le chef cuisinier de l’école avec l’aide des élèves.
Avec des tomates, salades, concombres, poivrons, fines herbes et peut-être même du maïs, le jardin scolaire-communautaire fournira les récoltes nécessaires et un service de livraison pourra même être offert pour les commandes passées en ligne.
Dans l’attente de la reprise de l’école, Yohan Dupré-Magnon, élève en 12e année, a été embauché via le programme Jeunesse Canada au travail (JCT) pour s’occuper de l’entretien du jardin. L’initiative est une façon de se sentir utile pour le jeune homme : « Le fait d’avoir eu la possibilité de diriger ce projet en étant employé par l’ACFR me donne la chance de finalement contribuer à la communauté dans laquelle j'ai grandi », indique-t-il.
Et le travail ne manque pas : « J'ai planifié les boîtes en bois, je les ai construites pour que je puisse y planter des concombres, des poivrons, de stomates, du basilic et de la ciboulette. Maintenant que tout est construit et installé, je ne fais qu'arroser jusqu'au jour de récoltes », indique Yohan Dupré-Magnon.
Plusieurs champs d’action
Avec ce projet, l’idée est avant tout de créer un nouveau service local en français à destination de la communauté francophone de Regina. En plus d’offrir de nouvelles opportunités d’apprentissage pour les élèves, le service de traiteur constituera aussi une option pour les événements organisés par les organismes francophones de la région et pour les clients qui louent les espaces de l’ACFR.
La livraison de produits sera aussi disponible pour les personnes qui ne peuvent pas se déplacer pour se procurer des repas ou des ingrédients pour cuisiner à la maison. À terme, les partenaires du projet seront capables de livrer sur commande des repas chauds pour l’École du Parc et le pavillon élémentaire de l’école Monseigneur de Laval durant la période scolaire.
Plus largement, le projet permet « de créer un lien élève-communauté », souligne Elma Bos. En outre, « il valorise l'établissement scolaire pour offrir une formation en restauration, en création d'entreprise, en service à la clientèle et en gestion de commerce », ajoute la directrice de l’ACFR.
Un projet sans date de péremption
S’inscrivant dans l’initiative d’école communautaire citoyenne, le projet est voué à perdurer. COVID-19 oblige, il a accusé seulement quelques semaines de retard, ce qui n’a pas empêché l’ACFR de continuer d’y croire : « Nous sommes en train de prévoir un troisième bac et nous prévoyons de faire la même demande de subvention pour l'année prochaine pour étendre le jardin, l'animer, l'entretenir et le faire vivre. Il est déjà inclus dans le programme scolaire 2020-2021 d'une classe du PSQV », explique Elma Bos.
La responsable souligne également la volonté d’immerger les élèves dans le monde de l’entrepreneuriat tout en abordant les différentes étapes de création d’un projet. « Marc Drolet mène avec ses élèves toute l'étude de faisabilité, le business plan, les sondages auprès de la communauté, des enseignants et du personnel du PSQV pour mettre en place un café scolaire-communautaire. »
Une perspective partagée par Denis Desgagné, directeur aux partenariats et à la programmation culturelle pour le CÉF : « Nous avons cette vision et cette conviction que l’avenir de notre communauté fransaskoise passera nécessairement par nos écoles en relation avec les familles et la communauté. L’engagement, la conscience sociale, la créativité et le dynamisme de nos écoles seront notre marque de commerce ! »