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Pourquoi choisir l’école de la minorité?

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La rentrée scolaire 2014 ne fera sans doute pas exception. Encore une fois, trop d’enfants de parents ayants droit ne seront pas inscrits à une école francophone. Une tendance qui met en péril l’avenir des communautés francophones en situation minoritaire.

 

« Les chiffres parlent d’eux-mêmes », souligne le professeur Rodrigue Landry, spécialiste en éducation en milieu minoritaire. « Pour les francophones vivant à l’extérieur du Québec, 62% des enfants de parents francophones vont à la maternelle de langue française. Rendu à l’école primaire, le chiffre descend à 56% ». 

 

« Rendu à l’école secondaire », poursuit-il, « ce chiffre est 47% et, au niveau postsecondaire, ce chiffre est 40%. Donc, plus l’enfant vieillit, plus il s’oriente vers des choix de carrière, moins il y aura de probabilité qu’il sera scolarisé dans la langue française. » 

 

Autre donnée inquiétante : le choix de l’école française n’est exercé que par la moitié des parents ayants droit. Explication de Rodrigue Landry : « Nos enquêtes démontrent que lorsqu’on demande aux parents quelle langue ils choisiraient pour la scolarisation de leur enfant s’ils avaient le choix, plus de la moitié pensent que la meilleure solution, c’est le 50-50.

 

« C’est peut-être un indice que beaucoup de parents choisissent l’immersion comme meilleure garantie de bilinguisme que l’école française. Si le parent était bien renseigné sur la réalité, que partout où on est très minoritaire, c’est l’école française qui produit le plus haut niveau de bilinguisme, il y aurait peut-être beaucoup plus de personnes qui inscriraient leurs enfants dans une école francophone. »

 

Dans l’ouvrage La vie dans une langue officielle minoritaire au Canada qui vient de paraître aux Presses de l’Université Laval, l’ancien directeur général de l’Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques (ICRML) présente d’autres facteurs qui contribuent au choix de l’école française, « soit la langue de scolarisation ou la langue principale du parent, c’est-à-dire celle dans laquelle il se sent plus à l’aise.

 

« Dans une recherche menée dans les années 1990 avec mon collègue Réal Allard, on avait conclu que l’exogamie n’était pas un facteur causal. On avait clairement démontré que si dans la situation d’exogamie, le parent francophone parle à l’enfant dans sa langue et choisit l’école de la minorité, rendu en 12e année, on ne pouvait pas distinguer entre les enfants des couples exogames de ceux qui avaient deux parents francophones. Ils avaient autant de chance de réussir en français que les enfants ayant deux parents francophones et ils étaient un peu plus forts en anglais.

 

« L’exogamie n’est pas un facteur causal », ajoute le chercheur, « parce que le parent peut aller contre la tendance générale. À peu près le tiers seulement des enfants de couples exogames vont à l’école française, par rapport à 88 % lorsque les deux parents sont francophones. Cette tendance ne pourrait être renversée, mais l’écart entre les deux groupes pourrait être sérieusement réduit si les parents, principalement des couples exogames, étaient très bien renseignés sur les conséquences de leur choix. »

 

« Il y a deux principes de base que les parents exogames doivent respecter », soutient Rodrigue Landry. « Il y a celui qu’on connaît depuis plus de 100 ans et que la recherche confirme : un parent, une langue. En d’autres mots, chaque parent parle sa langue à l’enfant. 

 

« Quand vient le choix d’une école, conclut-il, un deuxième principe s’applique : choisir l’école de la minorité. Ces deux conditions réunies donnent le meilleur niveau de bilinguisme possible. Ce sont les diplômés des écoles françaises qui sont les meilleurs bilingues au Canada. C’est ce que nos recherches semblent conclure. »

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