feu et je commence à sentir la fumée. Rapidement, je prends mon fils par la main et je lui dis qu’on doit se sauver. C’est la quatrième fois cette année que notre maison brûle. Je suis très triste, mais ma peur m’empêche de le montrer. On embarque dans la voiture et on part à toute vitesse. Dans le miroir de ma voiture, je le vois, il est devant ma maison et me regarde. Je ferme les yeux et quand je les ouvre, il a disparu. Était-ce mon imagination?
Il faut qu’on aille loin, très loin. Loin d’ici, loin du sud de la Saskatchewan. J’irai au Nord. En chemin, mon fils me demande : « Papa, pourquoi est-ce que nos maisons prennent feu? » Je lui réponds : « Je vais te raconter une histoire qui m’a été dite par mon père quand j’étais petit, parce qu’on a eu le même problème. » :
« Vers les années 1900, en Saskatchewan, Madeline et Albert Levère avaient une jument qui s’appelait Stella. Stella était noire avec une étoile sur le front et des sabots blancs. Elle était très sage, très obéissante et Madeline n’eut jamais de difficultés avec elle. Madeline l’avait reçue pour son 27e anniversaire, et elle la nomma Stella, parce qu’en italien, Stella veut dire étoile. Après un moment, Stella et Madeline firent des compétitions de sauts d’obstacles.
Lors de l’une de ces compétitions, elles rencontrèrent un homme aux cheveux brun qui vint avec un cheval roux ayant une marque blanche sur le front et une crinière et une queue noire:
- - Bonjour monsieur! Je suis Madeline Levère et voici Stella, ma jument.
- - Ah, je suis Hector Lamotte et voici Noisette. C’est le meilleur cheval du pays; il a battu le record l’année dernière! Noisette sera toujours le meilleur. Il va encore gagner cette année; ça, c’est sûr!
En continuant vers le terrain, Madeline dit à Hector :
- - Eh bien, bonne chance! À plus tard.
- - Oui oui!
Les deux se séparèrent, Madeline alla réchauffer Stella, et Hector se rendit aux écuries.
Plus tard, Madeline regarda Hector et Noisette faire leur parcours. Ils firent très bien en peu de temps! La foule applaudit longuement. Hector sortit du terrain avec un grand sourire défiant, et dit à Madeline :
- - Avec beaucoup de chance, tu vas peut-être te placer en deuxième position!
Enfin, l’annonceur appela Madeline et Stella en leur disant que c’était leur tour. Toutes les deux sautèrent avec un temps record. Néanmoins, Hector avait un meilleur temps à ce stade de la compétition. Alors, Stella accéléra un peu et compléta un dernier saut parfait! La foule applaudit. Après que tous les compétiteurs eurent terminé, l’annonceur dit :
- - Bonjour tout le monde, nous allons annoncer les gagnants! En troisième position, Henri Boiseau avec Cuivre! En deuxième position, Hector Lamotte avec Noisette! La gagnante est… Madeline Levère avec Stella!
Aussitôt les résultats donnés, la foule applaudit à tout rompre. Des journalistes se précipitèrent vers Madeline et Albert pour prendre des photos et poser des questions à propos de Stella. Pendant ce temps, Madeline fut distraite quelques secondes par Hector. Il n’était pas content. Il était si frustré que ses poings étaient serrés, ses sourcils froncés, et il trébucha en tirant sur la bride menant Noisette. En voyant cela, Madeline fut un peu inquiète.
Ils arrivèrent chez eux dans la noirceur. Madeline prit une lanterne et alla dans l’écurie pour nourrir Stella et lui donner de l’eau. Albert vint lui donner un coup demain.
Quand ils eurent fini, ils dirent bonsoir à Stella. Mais alors qu’ils s’apprêtèrent à sortir, ils virent Hector qui était près de la porte d’entrée de l’écurie. Il regardait partout, comme s’il cherchait quelque chose:
- - Que fais-tu ici?
- - Um… Je voulais juste te rappeler que Noisette sera toujours le meilleur… Alors, je vais faire en sorte qu’il reste toujours le gagnant.
- - Qu’est-ce que ça veut dire?
Hector ne dit rien, il prit seulement son fusil qui était près de la porte et tira sur Madeline et Albert qui tombèrent sur le sol, morts. Stella fut alarmée par le bruit et hennit. Elle regarda au sol, vers ses maîtres et sembla très troublée. Hector marcha autour du couple mort et s’arrêta devant la stalle de Stella et dit :
- - Stella, Stella, Stella, le cheval qui a mieux performé que Noisette. Une fois que je t’aurai abattue, Noisette sera de nouveau le meilleur!
Stella mordit l’épaule d’Hector qui poussa un cri en lui frappant la tête. Cette dernière recula dans sa stalle et secoua sa tête. Hector regarda son fusil qu’il avait en main et dit :
- - Humm…Non. Je veux te voir souffrir!
Il mit sa main dans ses poches et il sortit une petite boîte d’allumettes, en alluma une et la jeta dans le foin qui se trouvait au coin de l’écurie. En sortant, il remarqua que Stella ne le quittait pas des yeux. Il en eut la chair de poule. Il sortit de l’écurie et il s’accota contre un arbre entre la maison et l’écurie. Il surveilla le feu, son fusil à la main, content de son plan.
Le feu grandit. De l’arbre, Hector vit Stella qui commençait à paniquer. Elle essaya de sortir de sa stalle, mais elle était enfermée. Elle hennit avec terreur. Hector sourit pour marquer sa satisfaction. Le feu s’approchait de la stalle de Stella. Hector ne pouvait presque plus la voir, il y avait trop de fumée. Elle alla contre le mur gauche, à l’opposé des flammes qui envahissaient l’autre mur. Elle hennit encore très fort. Ensuite, la paille sous ses pieds prit feu, et se répandit à la vitesse de l’éclair. Bientôt, Hector ne put plus la voir, mais il put encore entendre ses cris de douleur.
Plutôt que de brûler à mort, Stella se transforma. Elle devint noire comme le charbon, ses sabots, sa crinière et sa queue se transformèrent en flammes, ses yeux devinrent orange comme le feu, et l’étoile blanche sur son front devint grise. Elle devint folle de colère et brisa la porte de la stalle avec ses sabots. Le cheval enflammé sortit de l’écurie, cherchant le criminel pour se venger…
Hector entendit le bruit et regarda vers l’écurie. Il cherchait à en comprendre la cause, quand il vit, près de l’entrée, le cheval enflammé fou de rage qui le regardait toujours dans les yeux. Les yeux d’Hector furent saisis par la peur; il courut jusqu’à Noisette, monta le plus vite possible et partit à toute vitesse.
Le cheval enflammé le poursuivit. Alors qu’Hector passait près de la maison des Poivriers, le cheval enflammé passa à travers le mur et mit le feu à la maison. Hector en profita pour s’enfuir vers le Nord.
Hector chevaucha pendant des heures en essayant de se sauver le plus loin possible.
En route, Hector pensa à sa famille, à sa femme et à son fils de 7 ans, qu’il avait laissé derrière lui. Craignant que le cheval enflammé aille chez lui, il décida de faire demi-tour. Hector se demanda ce qu’il devrait faire : retourner pour risquer sa vie et essayer de sauver sa famille où s’enfuir pour garder sa vie sauf. C’était une décision difficile, mais il ne voulait pas risquer sa vie, ni la vie de sa famille et, en plus de ça, il ne voulait surtout pas révéler à sa famille qu’il avait été si jaloux et qu’il avait assassiné ses compétiteurs, Madeline et Albert. Alors il décida de s’enfuir vers le Nord.
Le cheval enflammé pouvait flairer Hector à son odeur. Lorsque celle-ci le menait vers une maison, il y entrait et cherchait Hector partout. Mais à chaque fois, Hector n’y était pas. Le cheval enflammé devenait si furieux que les flammes sur sa crinière et sa queue devenaient énormes ce qui mettait feu à tout autour de lui... Fou de rage, il repartait sur les traces d’Hector…
Pendant 8 ans, Hector alla de maison en maison, en essayant de s’enfuir. Finalement, un jour, il décida de retourner vers sa famille. Une fois rendu chez lui, il cogna à la porte. Sa femme, qui était en train de laver le plancher, ouvrit la porte. En voyant Hector, elle fut surprise, mais courut vers lui:
- - Où étais-tu?
- - Je vais te le dire. Mais avant, où est notre fils? Appelle-le!
Ils entrèrent tous dans le petit salon et Hector leur raconta tout ce qui s’était passé au cours des dernières années, sans toutefois avouer qu’il avait assassiné Madeline et Albert. Sa femme et Jean eurent des émotions mitigées: ils étaient à la fois surpris, et pleins d’incrédulité. Mais après un peu de temps, ils décidèrent de prendre la fuite.
La famille se préparait à partir quand, soudain, une partie de la maison prit feu et devant eux, se trouvait... Le cheval enflammé. Hector dit à sa famille de sortir, il recula un peu, prit son fusil de chasse et tira plusieurs coups sur le cheval enflammé. Mais le cheval enflammé ne subit aucune blessure et s’avança rapidement vers Hector et lui mordit le bras. Cette morsure lui donna tant de douleur qu’Hector échappa son fusil et partit à la course vers la porte, tenant son bras ensanglanté et gravement brûlé. Tout à coup, le cheval enflammé lança une boule de feu de sa bouche qui enflamma la porte. Hector courut vers la fenêtre près de la porte, mais le cheval enflammé le rattrapa et lui donna une ruade sur le côté qui le fit tomber sur le plancher. Le cheval enflammé se dressa sur ses pattes arrière, prêt à écraser Hector avec ses sabots avant. Par chance, tout près d’Hector se trouvait un seau d’eau laisser là par sa femme. Hector jeta l’eau sur le cheval enflammé qui se tourna pour l’éviter. La partie de la crinière qui fut atteinte s’éteignit et le cheval enflammé devint un peu plus faible. Pendant qu’il essayait de regagner sa force, Hector en profita pour sortir de la maison en flamme et sauta sur Noisette avec peine. Ils partirent à toute allure. Hector regarda derrière lui et il vit à travers les flammes, le cheval enflammé qui le fixait et qui semblait dire: « Tu t’es échappé cette fois, mais je t’aurai un jour… » Puis il disparut.
J’ai fini mon histoire, et mon fils me regarde confus : « Si le cheval enflammé voulait se venger contre Hector, pourquoi brûle-t-il nos maisons? » Je lui réponds : « Hector est mort de vieillesse sans subir sa punition. Or, le Cheval enflammé veut encore se venger. Alors, il se venge contre nous, parce que nous sommes les descendants d’Hector. »
Voilà pourquoi les maisons, les prairies et les forêts prennent feu sans aucune raison. C’est parce que le Cheval enflammé cherche encore Hector et tant qu’il ne le trouvera, elles continueront de brûler.
Fin