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Ça prend tout un village, vous dites?

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Dommage que Kafka ne soit plus de ce monde. Il aurait trouvé la situation de la gestion scolaire fransaskoise plutôt inspirante. La semaine dernière, le LeaderPost de Regina a rapporté que le ministre de l’Éducation se dit profondément préoccupé du retard de la paie du personnel enseignant du Conseil des écoles fransaskoises (CÉF). Quelques mois après une ronde de coupures de personnel, on apprend que d’autres postes seront abolis. Mais on n’a pas à s’inquiéter, la qualité de l’enseignement ne souffrira pas selon le CÉF. Puis, un second groupe de parents, les Parents anciennement silencieux, voit le jour et réclame la démission en bloc du Conseil scolaire fransaskois (CSF). Ce nouveau groupe n’arrive pas à s’entendre avec les Parents mobilisés qui ont été les premiers à tirer la sonnette d’alarme. Bref, ça jase dans les cuisines.

 

Le cœur du problème est la situation financière du CÉF et les décisions prises en mode réaction par ses dirigeants. Après quelques années de budgets déficitaires, la carte de crédit du CÉF est pleine. Pourquoi? Des programmes et services ont été mis en place, des écoles développées sans savoir si on en avait les moyens. Le tout se jouait devant les tribunaux à coups d’injonctions pour aller chercher des fonds. Pour démontrer que les besoins existaient, on mettait des services en place avant de savoir si les argents seraient au rendez-vous. 

 

Un exemple parmi tant d’autres : la nouvelle école de Lloydminster, communauté à cheval entre l'Alberta et la Saskatchewan, a accepté les élèves du côté albertain avant de savoir si le gouvernement de cette province paierait sa juste part (ce qu’il n’a pas encore fait). Ce n'est qu'une question de temps avant que le gouvernement s'invite dans les livres du CÉF.

 

La semaine dernière, le président du CSF a convoqué une conférence téléphonique avec les représentants des associations fransaskoises pour faire le point sur les mesures préconisées face à la situation actuelle. Son président, monsieur André Denis, s’est voulu rassurant, et a lancé un appel à la collaboration de la communauté.

 

Même s’il se veut rassurant, le discours du CSF est inquiétant en affirmant que, malgré les coupures, la qualité de l’enseignement ne sera pas affectée. Si j’étais un bailleur de fonds, je me questionnerais. Après deux rondes majeures de coupures, affirmer que l’enseignement ou la qualité des services ne seront pas affectés revient à dire qu’il y avait peut-être un peu trop de gras autour de l’os. S’il y a un réel sous-financement, il faudrait au contraire souligner les impacts des coupures.

 

En bout de ligne, la situation actuelle pourrait avoir un effet bénéfique. Le CÉF a exprimé sa volonté de collaborer avec les organismes fransaskois dans la livraison des services et programmes culturels dans les écoles. Il était temps! Combien de fois ai-je entendu des représentants d’organismes déplorer la difficulté d’entrer dans les écoles fransaskoises.  

 

L’avenir de nos enfants n’est pas uniquement l’affaire de nos dirigeants scolaires. N’y a-t-il pas un proverbe africain qui dit qu’il faut tout un village pour élever un enfant? D’ailleurs, les parents qui réclament la démission des conseillers du CSF ne pourraient-ils pas s’en inspirer en cherchant comment amener tout le monde à travailler ensemble?