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En quelques mots

Jacque Poulin-Denis : Une course à contre-courant

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Le chorégraphe et scénographe fransaskois Jacques Poulin-Denis était de passage en Saskatchewan pour présenter sa nouvelle œuvre Running piece. Il a aussi offert un avant-goût, lors du Rendez-vous fransaskois, de sa prochaine production où il se met en scène pour parler, peut-être, de résilience.

L’artiste multitalentueux a l’élan créateur de son côté. Celui dont la compagnie se surnomme « Grand poney » a plutôt l’envergure d’un étalon pur-sang qui dévale les plaines de sa vie à vive allure, tout en prenant son temps, celui qui part trop vite et qui ne revient pas, comme un faux départ.

Running piece

Les pas du danseur défilent, eux aussi, dans un rythme tantôt fou, tantôt fougueux, parfois au bord du gouffre effréné d’une course qui suit le courant puis le défie pour signifier son épuisement, la lassitude d’une vie menée dans l’accélération des relations, dans le tourbillon des urgences.

Un danseur, seul, sur un tapis roulant qu’il ne contrôle pas, pourtant bombardé de bris de musiques affolés et affolants et d’images bigarrées qui se débattent sur un écran de fond. L’homme, le sujet, devient un pantin tiraillé par l’obligation de marcher, de continuer, d’avancer. Car celui qui tombe glisse en une fracture sociale et ne se relève pas forcément.

La course à la résilience

Au-delà de l’affolement et de l’isolement que dépeint cette pièce, il y a aussi la résilience, cette force quasi surhumaine qui porte vers l’impossible. Une énergie qui ressemble à une rage : celle de vivre, de survivre, de s’épanouir en terrain hostile.

C’est cette même résilience qui a poussé Jacques Poulin-Denis à se dépasser lorsqu’une infirmière lui avait affirmé, à la suite de son accident de la route, qu’il ne pourrait pas skier avec un pied amputé. Le Fransaskois a fait mieux que ça : il est devenu danseur. « Quand on te dit ‘’Tu ne pourras plus jamais’’, il y a ce feu qui s’allume en toi pour leur donner tort », explique l’artiste.

Tout cela a un prix, un poids. Deux mesures, voire plusieurs. Il y a aussi cette petite voix, qui peut prendre toute la place, et qui semble installer le doute, les peines perdues d’avance. La « petite voix » est au cœur du monologue que Jacques Poulin-Denis a présenté, en avant-première, au Rendez-vous fransaskois. Un fragment fragmenté comme peut l’être le discours intérieur, intériorisé, et qui révèle une logique éparpillée, démesurée.

Au confluent de la danse, du théâtre et de la musique, les trois passions de l’artiste, cette œuvre résume à elle seule le parcours atypique d’un homme porté par la beauté de l’ambiguïté et de la multidisciplinarité. « Je me destinais au théâtre quand j’ai goûté à la danse. Cet art me permet de réunir tout ce que j’aime : la théâtralité, le mouvement et la musicalité. »

L’étincelle créatrice

L’artiste aime aussi se perdre pour mieux se trouver. « Je suis quelqu’un de très éparpillé, désorganisé, j’ai aussi une piètre mémoire », avoue-t-il. C’est ainsi que naît le feu sacré, la petite étincelle qui fait basculer une idée vers une œuvre. « Parfois les thèmes que j’aborde sont intentionnels, souvent pas, et je me laisse porter par ce qui m’entoure, par l’inspiration du moment. Par exemple, c’est en marchant dans les rues de Berlin que m’est venue l’idée du tapis pour Running piece. »

On n’a sans doute pas fini de découvrir toutes les facettes d’un Jacques Poulin-Denis qui s’invente et se réinvente plus vite que la musique. Sa mise en scène Running piece a été présentée en collaboration avec la compagnie de danse contemporaine New Dance Horizons à Regina et sera sur les planches de Saskatoon avec la Troupe du Jour les 15 et 16 novembre, avant que le tapis ne s’envole pour Ottawa à la fin novembre.

Tous les détails de la tournée : http://grandponey.com/projects/running-piece/

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