Quand la SRC confond service d’information et Twitter
L’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF) a réagi au communiqué de la SRC/CBC qui annonce qu’elle va réduire la durée de ses bulletins de nouvelles régionaux au nom de la « bonification de ses services numériques ».
L’ACF a mis le doigt sur un élément clé du problème lorsqu’elle affirme : « Avec la réduction de la durée des téléjournaux, Radio-Canada n’atteindra pas le seuil minimum de cinq heures de programmation régionale requis par le CRTC dans ses conditions de licence. Le plan pour compléter les heures manquantes est où? » Dans sa lourdeur bureaucratique, le CRTC n’a pas encore intégré efficacement la réalité numérique dans ses politiques de licences. La SRC veut-elle profiter de cette faille pour se défiler de ses responsabilités?
Depuis des mois les dirigeants de la SRC parlent constamment d’outils de diffusion numériques et très peu de contenu. Lors du Rendez-vous fransaskois le directeur des services français de la SRC pour l’Ouest parlait même du jour où nous aurions accès à de l’informations sur des lunettes numériques. Mais quel genre d’information?
J’ai un peu de difficulté à comprendre la stratégie de la SRC pour le numérique. J’y vois de bons coups, comme la webdiffusion en direct de la rencontre des parents de l’école fransaskoise de Lloydminster ou encore l’Audiofil qui est un excellent exemple du numérique au service du contenu. J’utilise constamment cet outil qui nous permet d’aller réécouter une entrevue diffusée à la radio au moment qui nous convient.
Mais à écouter les dirigeants de la SRC/CBC parler de numérique, j’ai l’impression qu’ils embrassent cette notion que le public souffre d’un déficit d’attention et que l’information devra bientôt se résumer en 140 caractères.
Le communiqué de la SRC du 11 décembre affirme que « L’offre télé de début de soirée sera réduite dans certains marchés et enrichie par l’ajout de nouvelles de dernière heure. » Le fameux « davantage de contenu » m’inquiète si je me fie à la tendance actuelle. Le fil d’actualité sur le site Web de la SRC intègre maintenant les gazouillis (tweets) des journalistes. En y cherchant une nouvelle j’ai du me taper des pages de « nouvelles de dernière heure » dans le style :
• 06h43 - Projet City Centre: une fois construit, l’édifice de 105 mètres (30 étages) sera le plus haut de Saskatoon
• 06h42 - Le Conseil municipal de Saskatoon approuve le projet City Centre, qui compte 2 édifices dépassant la limite permise de 76 mètres
• 06h41 - À Saskatoon, l’entreprise North Prairie Developments pourra construire ce qui deviendra l’édifice le plus haut de la ville.
Les journalistes locaux de la SRC produisent encore d’excellents reportages mais pourront-ils continuer à bien faire leur travail si on leur demande de mitrailler des bribes d’information à longueur de journée? Twitter peut s’avérer très utile, mais son intégration au fil d’actualité principal me laisse perplexe quant à la vision de la SRC sur l’avenir de l’information. La réduction du temps d’antenne pour le téléjournal et la stratégie numérique de la SRC semblent annoncer la fin du journalisme d’enquête et des analyses en profondeur chez notre diffuseur public.
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